Tandis que vient de sortir sur nos écrans Saint Omer d’Alice Diop revenant sur le procès à sensation d’une mère infanticide, retour sur les grandes affaires judiciaires, fictives ou réelles, portées à l’écran. Des films forcément jugés coupables d’offrir de grands moments de cinéma.
12 hommes en colère (1957)
C’est sans doute l’un des films de procès parmi les plus célèbres au monde. D’abord pièce de théâtre qui continue de se jouer régulièrement, 12 hommes en colère de Sidney Lumet est aussi un huis clos autour de douze hommes (donc) formant le jury d’un procès criminel. Si l’accusé est déclaré coupable, il sera condamné à mort. S’il est jugé innocent, il sera libre. Un cas de conscience pour ce jury dont les avis divergent, porté par un Henry Fonda charismatique en juré n° 8, seul à voter non coupable et à tenter de convaincre les autres membres de suivre son avis.
Témoin à charge (1957)
1957 est décidément l’année de sortie des grands films juridiques. Après 12 hommes en colère, voici Témoin à charge de Billy Wilder, également adapté d’une pièce de théâtre. Ici, un avocat spécialisé dans les causes perdues et ayant décidé de s’épargner des affaires trop prenantes pour se ménager, se retrouve à défendre un homme accusé de meurtre. Le procès va aller de rebondissements en découvertes macabres. Charles Laughton, Marlène Dietrich et Tyrone Power y vont chacun de leurs révélations fracassantes.
Le Procès (1962)
Joseph K. (alias Anthony Perkins) est arrêté du jour au lendemain sans qu’il ne sache pourquoi. Tout le monde l’accuse de quelque chose, mais il ignore de quoi. Tant et si bien qu’il se retrouve face à un juge qui ne lui apprend rien de plus, mais le désire tout de même coupable. Adapté du roman éponyme de Franz Kafka, Le Procès d’Orson Welles est une diatribe contre les régimes totalitaires dans lequel se pressent nombre de stars comme Jeanne Moreau, Romy Schneider et Michael Lonsdale.
L’Affaire Dominici (1973)
Tourné en 1972, L’Affaire Dominici revient sur une grande affaire judiciaire qui avait défrayé la chronique seulement vingt années plus tôt. Autant dire qu’elle était encore dans toutes les mémoires lorsque ce film de Claude Bernard-Aubert sort en 1973. Jean Gabin y est Gaston Domici, un patriarche de 75 ans accusé d’avoir assassiné avec sa famille, trois touristes anglais. Gabin est impérial d’ambiguïtés dans l’un de ses derniers grands rôles.
Justice pour tous (1979)
Quand on est avocat, on se retrouve parfois à défendre l’indéfendable et surtout des personnes que l’on méprise personnellement. C’est ce que traverse Al Pacino dans Justice pour tous de Norman Jewison, dans lequel il doit prendre la défense d’un juge accusé de viol. Une nouvelle prestation éblouissante pour Pacino, en homme partagé entre ses convictions idéalistes et son sens du devoir.
Philadelphia (1993)
C’est grâce à Philadelphia de Jonathan Demme que Tom Hanks remporte son premier Oscar. Il y incarne un homosexuel séropositif star du barreau, mais qui se retrouve licencié pour faute professionnelle. Il suspecte que la véritable raison est liée à sa condition et engage un avocat homophobe, mais pugnace, pour le défendre. Un film de procès prenant et bouleversant, ainsi qu’un appel à la tolérance et la fraternité.
10e chambre – Instants d’audience (2004)
Le photographe et réalisateur Raymond Depardon a assisté et filmé 200 procès à la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris entre mai et juillet 2003. Il en a sélectionné douze d’entre eux pour les besoins de son documentaire 10e chambre – Instants d’audience dans lequel trafics de drogue, conduites en état d’ivresse et autres petits délits se succèdent en un cinéma vérité. Une nouvelle incursion dans le monde judiciaire après Délits flagrants, dix ans plus tôt.
L’hermine (2015)
Avec L’hermine de Christian Vincent, on pénètre dans les arcanes des cours d’assises en suivant un Président redouté et incorruptible. Jusqu’au jour où il retrouve parmi les membres du jury d’un procès pour homicide, une femme qu’il a aimée en secret plusieurs années auparavant. Fabrice Luchini est formidable dans ce rôle à double tranchant, partagé entre la dureté pendant le procès et la vulnérabilité, lorsqu’il partage des moments intimes avec cette femme qui le trouble tant.
La Fille au bracelet (2019)
Remake du film argentin Acusada, La Fille au bracelet oscille entre scènes de la vie quotidienne d’une jeune fille portant un bracelet électronique et accusée d’avoir tué sa meilleure amie, des flashbacks et des grands moments de procès réalistes. Roshdy Zem y est un père dépassé par les événements, ne comprenant plus qui est sa fille, et Anaïs Demoustier, une redoutable avocate générale.
Saint Omer (2022)
Habituée à réaliser des documentaires, Alice Diop se passionne pour l’affaire Laurence Coly, mère accusée d’avoir noyé sa fille de quinze mois en l’abandonnant sur une plage lors de la marée montante. Un fait divers qui fit grand bruit et dont Alice Diop signe un premier film de fiction qui interroge son propre jugement. Saint Omer a remporté deux prix prestigieux lors de la dernière Mostra de Venise, reçu le Prix Jean Vigo et été choisi pour représenter la France aux Oscars, catégorie meilleur film international. Un coup de maître.
