Chaque mois, la Fnac et Vialma, la référence en streaming de musique classique et jazz, vous présentent une playlist concoctée avec soin, selon une thématique particulière. L’occasion de mettre en avant des pistes connues, des trésors rares, des plages calmes, mais aussi des pièces extrêmes.
Dans cette playlist, nous plongeons en musique dans un univers tout bonnement épique : rituels barbares, batailles homériques, danses furieuses, terreurs des massacres… la musique classique a trouvé des milliers de manières pour décrire la vie guerrière. Plongez dans le fracas des champs de batailles, imaginaires ou historiques, riche en explosions d’orchestre et tourbillons de rythmes sauvages !
Découvrez une première œuvre emblématique et prolongez l’écoute sur Vialma
Gustav Holst, Les Planètes, 1er mvt « Mars, le messager de la guerre »
Version réf : Chicago Symphony Orchestra, James Levine, Deutsche Gramophon
Fameuse pour avoir inspiré le célébrissime thème de Star Wars, Mars ouvre la suite des Planètes de Gustav Holst par une batterie vindicative et de terrifiantes fanfares, présages angoissés de la Première Guerre Mondiale. Description très cinématique de la violence inhumaine et intolérable de la guerre, Mars est sans cesse propulsé d’une fureur à l’autre grâce au rythme motorique d’une mesure asymétrique à 5 temps.
Toutes les pistes de notre playlist classique épique !
Richard Wagner, Die Walküre, début de l’acte 3 : « La Chevauchée des Walkyries »
Version réf (avec voix) : Orchestre du Metropolitan Opera, James Levine
Version réf (orchestral) : Oslo Philharmonic Orchestra, Mariss Jansons
Popularisée par Apocalypse Now, la Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner est en réalité le chant de vierges guerrières ramassant les morts de batailles pour les emmener au Valhalla. Au rythme de fusées de notes décrivant les vents en furie et d’interjections de cuivres spectaculaires, cette fameuse pièce dépeint à merveille cet enthousiasme guerrier sous le feu de la bataille, malgré la mort et la violence rôdant autour.
John Williams, BO de La Menace Fantôme, « Duel of the Fates »
Tenerife FIlm Orchestra & Choir, Diego Navarro, Live
L’une des plus célèbres musiques de bataille. Pour décrire l’affrontement désespéré d’Obi-Wan Kenobi et Qui-Gon Jinn face à Dark Maul, John Williams invoque la puissance d’un ostinato rythmique implacable et fiévreux, sous les appels alarmés d’un chœur en sanskrit plongeant l’auditeur dans un mélange de terreur et de férocité. Le Duel of the Fates est bien un des sommets absolus de Star Wars, la Menace Fantôme.
Dmitri Chostakovitch : Symphonie n° 10, 2e mvt « Allegro »
Version réf : Orchestre des jeunes Simon Bolivar, Gustavo Dudamel, live
Grand pourvoyeur, entre autres, de musiques guerrières, Dmitri Chostakovitch n’a sans doute jamais été plus explicite dans le 2e mvt de sa Symphonie n° 10, censé décrire Staline. Projetant en quatre minutes 20 ans de menaces, de censures et d’assassinats d’amis proches, Chostakovitch règle son compte à son ancien bourreau et embarque l’orchestre dans une furia guerrière noire, telle une machine de mort et de destruction inarrêtable.
Sergueï Prokofiev : Alexandre Nevski
Version réf : London Symphony Orchestra, Claudio Abbado, Deutsche Gramophon
Œuvre de propagande certes, mais aussi manifestation imposante du génie de Sergueï Prokofiev, servant à Eisenstein l’une des plus impressionnantes BO de l’histoire du cinéma. Dans sa version de concert, Alexandre Nevski est un flamboyante cantate où le compositeur enchaîne hymnes patriotiques, lamentations funèbres, batailles féroces et odes triomphales. En morceau de choix, la fameuse Bataille sur la glace entre russes et teutons.
Ottorino Respighi : Belkis, regina di Saba, 2e mvt « danse guerrière »
Version réf : Philharmonia Orchestra, Geoffrey Simon, Chandos
Expert coloriste de l’orchestre, Ottorino Respighi invoque toute la vitalité païenne du royaume de Saba pour créer cette danse guerrière. En deux parties, une mélodie de flûte orientalisante accompagnée par des timbales claironnantes cède à la place à un enchaînement de rythmes irréguliers d’une énergie explosive sous un trémolo frénétique de trompettes.
Erwin Schulhoff : Ogelala « Waffentanz » (danse des armes)
Version réf : album Earquake, Helsinki Philharmonic Orchestra, Leif Segerstam
Le ballet Ogelala conte la captivité et l’exécution du héros éponyme lors de guerres tribales ancestrales. La danse des armes en est le climax, et un exemple de la sauvagerie démente que pouvait déchaîner Erwin Schulhoff. Dans ce long crescendo de barbarie orchestrale menant à un déferlement de violence sonore à peu près sans égal, la Waffentanz s’écoute comme le successeur sous acides du Sacre du Printemps.
Pancrace Royer : Premier livre des pièces de clavecin, « La marche des Scythes »
Version réf : Skip Sempé, A French Collection, Paradizo
Dans cette pièce pour clavecin seul, Pancrace Royer crée une œuvre de metal avant la lettre. Au-delà de la structure couplet-refrain, l’on ne peut qu’être ébloui par la Marche des Scythes. L’évocation de ces guerriers nomades est parfaitement rendue par un déferlement sonore d’une virtuosité inouïe. Basses lourdes et traits rageurs précipités s’enchaînent sans aucun répit pour ce solo digne d’une guitare électrique !
Heinrich Biber : Battalia a 10
Version réf : Le Concert des Nations, Jordi Savall, Alia Vox
Œuvre du XVIIe siècle éminemment singulière, les 8 courts mouvements de la Battalia a 10 pour dixtuor à cordes frappent par leurs effets modernes : jeu avec le bois de l’archet, pizz main droite, instruments préparés, pizz Bartok… d’une imagerie sonore très évocatrice. Souvent vive et enjouée, cette Battalia regorge de somptueuses mélodies. Le clou ? L’ivresse des soldats décrite par le 2e mouvement polytonal, 250 ans avant Darius Milhaud !
Malcolm Arnold, Peterloo Ouverture
Version réf : City of Birmingham Symphony Orchestra, Malcolm Arnold, Warner Classics
Référence au massacre de manifestants britanniques par leur cavalerie, L’Ouverture de Peterloo est un thrène commémorant le sang versé lors de cette répression autoritaire. Déchaînant les tambours et les dissonances cruelles, Malcolm Arnold nous plonge dans l’horreur de l’évènement, avant de conclure par un hymne d’espoir face à la barbarie politique. Une œuvre guerrière certes, mais d’un profond humanisme.
Ludwig Van Beethoven, La Victoire de Wellington
Version réf : Orchestre philharmonique de Berlin, Herbert von Karajan
Tableau symphonique méconnu de Ludwig van Beethoven, La Victoire de Wellington ne lésine sur aucun moyen pour décrire la bataille de Victoria qui vit la défaite de Napoléon : orchestre énorme, tambours, fusils et même canons (!) Cette symphonie de bataille décrit à merveille le chaos sonore des armées et des affrontements, avant qu’une succession d’hymnes emporte la pièce vers un soleil de triomphe radieux.
Aram Khatchatourian, Suite de La Bataille de Stalingrad, 2e mvt « Invasion », 5e mvt « At Battle for Motherland »
Version réf : Band of Ministry of Defence of USSR, colonel Nikolai Petrovich Sergeev
Spécialiste de danses et de murs sonores orgiaques, Aram Khatchatourian prend la suite de Prokofiev et décrit avec son efficacité coutumière le courage des Russes lors du siège de Stalingrad pendant la Seconde Guerre Mondiale. 2 des mouvements de la suite sont des témoignages sidérants du pilonnage orchestral qui ponctue l’œuvre de l’arménien. Avec ou sans les images du film éponyme, l’impact est tétanisant.
Leonard Bernstein, Symphonie n° 1 « Jeremiah », 2e mvt « Profanation »
Version réf : New York Philharmonic, Leonard Bernstein
Imprégné de culture juive, Leonard Bernstein fait de sa Symphonie n° 1 Jeremiah une évocation du prophète biblique. Dans le 2e mouvement, tout en rythmes écorchés vifs et instruments hurleurs, il libère la folie guerrière qui s’empara du peuple juif quand il mit à sac Jérusalem, dans une ivresse de destruction et de nihilisme. Un scherzo étonnant de noirceur, au désespoir subtil derrière les cris de l’orchestre.
Clément Janequin, La Bataille de Marignan
Version réf : A Sei Voci & Ensemble instrumental Labyrinthes, Bernard Fabre-Garrus
Dans un mimétisme original et réussi, Clément Janequin s’est montré d’une brillante inventivité quand il s’agissait de transcrire les sons et bruits de son temps avec des ensembles vocaux. La Bataille de Marignan demande aux chanteurs d’imiter les sons militaires et les bruits des armes dans un feu d’artifice coloré qui utilise toutes les ressources du figuralisme musical. Un tour de force.
Heitor Villa-Lobos, Symphonie n° 3 « A guerra », 4e mvt « La Bataille »
Version réf : SWR Radio-Sinfonieorchester Stuttgart, Carl St. Clair
1er volet d’une trilogie de symphonies, la n° 3 d’Heitor Villa-Lobos cristallise les obsessions du compositeur sur les guerres, achevant sa symphonie par une grande bataille. Rude, obsédante, torturée, inquiète, la musique est autant guerrière que mortifiée par sa propre violence. Ses harmonies et rythmes, imprégnées de culture brésilienne, ne rendent le mouvement que plus original et trépidant.