Créées avant les séries à personnages récurrents, les anthologies racontent une histoire par épisode ou par saison avec changement de personnages à chaque histoire. Elles ont franchi les traverses du temps et demeurent toujours populaires aujourd’hui. A l’occasion de la saison 7 d’Inside No. 9, revenons sur les meilleures séries d’anthologie.
La Quatrième Dimension – créée par Rod Serling
Chef-d’œuvre séminal ayant inspiré des milliers de séries par son écriture ambitieuse, La Quatrième Dimension a beau dater de 1959, les histoires imaginées par Rod Serling et ses scénaristes frappent toujours par leur modernité étonnante, leurs concepts ingénieux et leurs twists fracassants. Son focus sur l’âme humaine dans toute sa complexité en a fait le modèle absolu, encore suivi aujourd’hui.
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Les Contes de la Crypte – créée par William Gaines & Steven Dodd
L’horreur est un genre tout trouvé pour l’anthologie, surtout quand HBO, une chaîne sans censure, donne une liberté totale aux scénaristes. Avec Les Contes de la Crypte, William Gaines et Steven Dodd peuvent adapter le comics d’origine sans transiger sur la violence, le gore et la nudité. Portant l’horreur et la comédie noire à de nouvelles hauteurs à l’écran, les malicieuses histoires de la série en ont inspiré plus d’un, et la marionnette hôte est devenue une figure familière de la culture américaine.
Black Mirror – créée par Charlie Brooker
Sans doute le meilleur héritier de La Quatrième Dimension. D’obédience SF, Black Mirror explore le futur proche en imaginant des technologies séduisantes, mais perverties par les travers humains. Choquante, tristement visionnaire, l’anthologie de Charlie Brooker a été l’une des plus grandes bombes audiovisuelles de ce début de siècle grâce à la cruelle intelligence de ses histoires aux twists terrifiants.
American Horror Story – créée par Ryan Murphy & Brad Falchuk
Anthologie saisonnière, American Horror Story adorne ses dramas psychologiques d’une louchée d’horreur parfaitement dosée. Changeant de sous-genres à chaque saison (asile, cirque, hôtel, apocalypse…), chaque saison, brillamment esthétisée, prend le pouls d’une Amérique malade de ses fautes purulentes et en fait une ode ambivalente à ceux « à la marge », parfois victimes, parfois bourreaux. Ryan Murphy et Brad Falchuk ont repensé l’horreur au XXIe siècle.
En savoir plus : American Horror Story, anatomie de l’horreur en série
Alfred Hitchcock présente – créée par Alfred Hitchcock
Le Maître du suspense fut un des premiers cinéastes à comprendre la valeur de la série, dès les années 50. Alfred Hitchcock présente s’entoure des meilleurs auteurs de l’époque pour produire des petites histoires à suspense dans le style de l’illustre réalisateur (qui présente chaque épisode, en en tournant lui-même une vingtaine). Son humour noir narquois et sa tension permanente font de l’anthologie d’Alfred Hitchcock l’un des plus solides piliers du genre. A (re)découvrir !
Little America – créée par Lee Eisenberg, Emily V. Gordon, Kumail Nanjiani
S’inspirant d’histoires du magazine Epic, Little America dévide à chaque épisode l’histoire étonnante de réelles personnes immigrées aux Etats-Unis. Evitant le piège du misérabilisme, Lee Eisenberg, Emily V. Gordon et Kumail Nanjiani offrent une vision inhabituellement optimiste et pleine d’espoir de l’immigration, sans déroger à la gravité de leurs épreuves. Lumineux et humaniste.
Inside no. 9 – créée par Reece Shearsmith & Steve Pemberton
L’humour noir est une institution en Angleterre. Le duo Reece Shearsmith–Steve Pemberton l’illustre une nouvelle fois avec Inside No. 9. A travers de surprenantes histoires se déroulant toutes au n° 9 d’un lieu, les auteurs s’amusent de tous les genres : horreur, vaudeville, fantastique, pur méta… la maestria est permanente, plusieurs tours de force à la clé (épisodes muet, en vers, en direct, en bottle…). Les deux acteurs-scénaristes jouent eux-mêmes dans les épisodes, et assurent le spectacle.
Fargo – créée par Noah Hawley
L’une des étoiles montantes les plus prestigieuses des scénaristes américains, Noah Hawley (Legion), a pris un risque en revisitant l’hilarant Fargo des Frères Coen. Pourtant, la série Fargo dépasse souvent l’original par son humour déphasé, ses personnages joyeusement loufoques, son ironie mordante, et son étude aiguisée de la débilité humaine. Chaque histoire saisonnière de la ville de Fargo tient en haleine et nous amuse.
Histoires fantastiques – créée par Steven Spielberg
Malgré ses triomphes au cinéma, Steven Spielberg n’a jamais oublié son amour des séries et en a produit des dizaines. Histoires fantastiques demeure celle où il s’est le plus impliqué, imaginant d’excellentes histoires traversant tous les genres. Assurant souvent les scénarios, la série ouvre une des plus méconnues fenêtres sur l’imagination foisonnante du roi du divertissement.
Pour en savoir plus : le top des meilleurs films de Steven Spielberg
Angoisse – créée par Brian Clemens
Anthologie méconnue, Angoisse porte pourtant la marque d’un des plus fabuleux scénaristes britanniques, Brian Clemens (Chapeau melon et bottes de cuir). Ouvertement fantastique et s’épanouissant dans le mystère venimeux, la série se place aux frontières du réel, entre télépathie, possession, sorcellerie… dans un slowburn impeccablement dosé. Angoisse (Thriller en VO) mérite très bien son nom.
Easy – créée par Joe Swanberg
L’amour moderne, au scalpel. Au croisement des genres et des sexualités, Easy est une anthologie à la profondeur révélatrice sur la vie de couple. Echanges remarquables, scènes de sexe crues et pertinentes, entrecroisement malin des différents personnages… Joe Swanberg montre à chaque épisode sa connaissance des élans du cœur. Il nous émeut et ravit à chaque fois.
True Detective – créée par Nic Pizolatto
L’écrivain Nic Pizzolatto a lâché une bombe avec True Detective, réinvention prodigieuse de la série policière aux relents nihilistes et philosophiques. A travers de sinistres affaires étudiées par des enquêteurs aux démons énormes, l’anthologie distille à chaque saison son cocktail de noirceur méditative sur l’humanité. La saison 1, notamment, demeure l’un des plus grands tours de virtuosité narrative et visuelle de l’histoire des séries.