Les vigoureux Rammstein reviennent tout feu tout flamme avec un nouvel album, Zeit, fin avril. Un huitième opus très attendu dans le monde entier ; les Teutons, avec leur metal indus à la fois accessible et sans concession, réussissent depuis vingt-cinq ans une remarquable carrière. Retour sur dix hymnes qui l’ont jalonnée.
Du riechst so gut (1995)
Dans les années 1980-1990, un son nouveau arrive d’Allemagne : des groupes comme Oomph!, Crematory ou Megaherz s’inspirent à la fois du métal industriel, de la fusion type Faith No More et de l’electro pour composer une musique à part. Rapidement baptisé « Neue Deutsche Härte » (la « nouvelle dureté allemande ») par la presse, le genre est associé à une formation débutante, venue de Berlin-Est, Rammstein. Bâtie autour de la voix très reconnaissable de Till Lindemann, leur esthétique se rapproche du mouvement, comme en témoigne Du riechst so gut, leur premier single extrait de l’album Herzeleid. Avec cette musique extrême, narrant la sensation d’un prédateur se repérant aux odeurs (et inspirée du livre Le Parfum), le groupe frappait un grand coup dans le milieu metal européen.
Du hast (1997)
Très rapidement, Rammstein se fait connaître grâce à une réputation scénique hors-norme. Leur usage de la pyrotechnie et la vigueur de leurs sets les propulsent parmi les grands espoirs du metal européen. Leur deuxième album, Sehnsucht, ajoute à leur qualité live un sens évident de la mélodie. Du hast, qui n’a rien à envier à ce que pratiquent alors des artistes comme Nine Inch Nails ou Marilyn Manson, sans parler de White Zombie, s’inscrit parfaitement dans cette tendance. Cette histoire d’amour funèbre contribue à faire connaître le groupe dans la sphère anglo-saxonne. La chanson figure ainsi sur l’album accompagnant la sortie de Matrix, côtoyant des titres de Ministry, Rob Zombie ou Manson ; signe de l’importance prise de Rammstein au sein de la musique indus metal branchée electro à l’époque.
Sonne (2001)
Alors que le nu metal, représenté par Linkin Park ou Slipknot, déferle sur le monde, Rammstein parvient à se joindre au mouvement sans perdre en originalité. Leur album Mutter délaisse parfois leur goût pour l’électronique, le temps d’un morceau comme Sonne. Avec sa structure couplet-refrain classique, son contre-chant féminin, ses chœurs, la chanson devient un véritable hymne, particulièrement emblématique de leur faculté à passer au mid-tempo… Un rythme qu’ils reprendront plus tard sur Mein Teil, par exemple.
Ich Will (2001)
Par comparaison avec Sonne, Ich Will s’avère beaucoup plus rapide, plus electro, et s’inscrit davantage dans les expériences précédentes du groupe. Quelques notes au synthétiseur et des accents lugubres, soutenus par une rythmique metal martiale à souhait, font de cette chanson un tube incontournable. Comme souvent avec Rammstein, la brutalité du morceau et son message politique s’expriment encore bien plus dans le clip, figurant une attaque de banque très réaliste.
Amerika (2004)
« We’re all living in America, America, it’s wunderbar ! ». Avec ce titre résolument engagé, Rammstein (qui tire son nom d’une base américaine implantée en Allemagne où eut lieu un fameux accident d’avion) cherche à nous montrer à quel point les États-Unis ont une influence sur la civilisation occidentale. Ironique et critique, la chanson marque l’émancipation politique d’un groupe germanophone parvenant à s’imposer aux oreilles anglo-saxonnes grâce à des mélodies particulièrement accrocheuses. Extrait de Reise, Reise, ce single aura tôt fait de convaincre de nouveaux adeptes à travers le monde.
Rosenrot (2005)
Transition entre les albums Reise, Reise et Rosenrot, la chanson éponyme du second représente l’un des moments les plus pop de l’histoire de Rammstein. Davantage rock que metal (sinon par son refrain), ce single reste une excellente porte d’entrée au côté ténébreux de Till Lindemann, un chanteur définitivement habité par ses textes.
Ich tu dir weh (2009)
Liebe ist für alle da renoue avec le caractère plutôt brutal des premiers albums de Rammstein. Après Pussy et son clip outrancier, le groupe livrait avec Ich tu dir weh un single représentatif de ce revirement. Âpre, ce morceau sur la violence sexuelle et la fascination pour le mal devait réconcilier les fans originels avec la formation allemande, lassés de les voir explorer des terrains trop pop.
Führe mich (2009)
Extrait de l’édition spéciale de Liebe ist für alle da, Führe Mich a été choisi par Lars Von Trier pour ouvrir son diptyque Nymphomaniac. Un emprunt cinématographique qui vient s’ajouter aux nombreuses utilisations qui ont été faites du répertoire de Rammstein dans les salles obscures. Lost Highway, xXx, ou La Sirène rouge font partie des films où la formation allemande s’est ainsi illustrée dans ce domaine.
Deutschland (2019)
Nouveau single, nouvelle ère, nouvel album (Rammstein) mais même conséquence : après dix ans de pause, le groupe a fait son retour en 2019 avec le clip épique de Deutschland, qui a déclenché une vive polémique sur l’imagerie de Rammstein et leur côté provocateur. La chanson, qui évoque l’Histoire de l’Allemagne, renoue avec la verve politique d’Amerika sur un sujet encore plus « touchy », étant donné le statut de la formation berlinoise dans son pays d’origine.
Zeit (2022)
Pour leur nouveau disque, Rammstein continue de surprendre : Zeit, premier single de l’album Zeit, voit le groupe investir un territoire assez lyrique et progressif. Lente montée en puissance, ce morceau métaphysique sur le passage de la vie montre toute la maturité d’une formation qui a toujours réussi à rester sincère en près de trente ans d’existence !