Une effrayante demeure chargée d’histoire, des personnages tourmentés par la folie et les fantômes, un sens prononcé du tragique, une ambiance macabre et ténébreuse où les vieilles pierres suintent d’un passé funeste, des événements surnaturels ou encore une intrigue nimbée de noirceur et de romantisme… Depuis la création du genre à la fin du XVIIIe, un roman doit au moins réunir deux de ces critères pour être gothique. Voici une sélection de dix classiques pour en avoir le cœur net.
La Chute de la maison Usher – Edgar Allan Poe
Perle noire du roman gothique, La Chute de la maison Usher coche toutes les cases du récit fantastique nimbé de romantisme.
D’une redoutable habileté narrative, Edgar Allan Poe y développe dans une ambiance sépulcrale une intrigue familiale où la folie et la mort rôdent dans les méandres de l’effrayante demeure de la famille Usher.
Personnage à part entière du récit conformément aux codes gothiques, l’imposante bâtisse incarne à la fois le cerveau dérangé et le tombeau inéluctable des esprits malades qui l’habitent.
Le Tour d’écrou – Henry James
Roman fantastique en trompe-l’œil jouant sans cesse sur l’interprétation, rationnelle ou surnaturelle, des faits étranges rapportés par la gouvernante de deux jeunes orphelins, Le Tour d’écrou d’Henry James s’est hissé avec le temps au rang de classique du genre.
Dans l’ambiance bucolique d’un manoir familial coupé du monde, le temps semble suspendu, les fantômes font de troublantes apparitions pour régler leurs comptes avec le passé et le mal jette son dévolu sur deux enfants qui ne sont peut-être pas ceux que l’on pense.
Frankenstein ou Le Prométhée moderne – Mary Shelley
Pièce maîtresse de tout rayon fantastique qui se respecte, Frankenstein ou Le Prométhée moderne est considéré comme l’acte fondateur du mouvement néo-gothique.
Construit en trois points de vue – ceux de l’explorateur, du savant et de sa créature – ce récit d’épouvante, écrit par Mary Shelley durant un séjour chez Lord Byron puis publié deux ans plus tard en 1818, innove en introduisant de puissants enjeux existentiels et philosophiques à un genre jusqu’alors balisé par son recours, souvent gratuit et systématique, aux vieilles demeures et au macabre.
Le Vampyre – John Polidori
Lors de du jeu littéraire remporté haut la main par le texte de Mary Shelley pendant ce fameux séjour, le poète Lord Byron esquisse les grandes lignes d’une drôle d’histoire d’épouvante.
Récupéré après coup par l’écrivain John Polidori, l’ébauche du célèbre poète prend la forme d’un drame horrifique qui lancera durablement le mythe du vampire en littérature.
D’abord abusivement attribué à Byron, Le Vampyre est finalement publié en 1819 sous le nom de celui qui en a fait un roman.
Bellefleur – Joyce Carol Oates
Contrairement aux polars qu’elle signe Rosamond Smith, Joyce Carol Oates a préféré garder son nom pour publier une époustouflante saga gothique en 1980.
Immense romancière américaine aux engagements multiples, elle débute avec Bellefleur une fresque familiale où le fantastique, le romantisme, le réalisme magique et la noirceur télescopent l’histoire des USA au sortir de la guerre de Sécession.
Un roman brillant et foisonnant peuplé de personnages hors norme, excentriques ou effrayants.
Malpertuis – Jean Ray
Glaçant récit à cinq voix, Malpertuis est le nom d’une demeure diabolique où vont devoir cohabiter, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un, les membres d’une même famille qui veulent tous hériter du pactole promis par le maître des lieux.
Avec cette sinistre partie de Cluedo organisée dans une maison hantée par un vieillard maussade, l’auteur belge Jean Ray signe en 1943 un pur chef-d’œuvre gothique à l’ambiance oppressante et au style raffiné.
Les Mystères d’Udolphe – Ann Radcliffe
Roman à l’origine du courant gothique anglais de la fin du XVIIIe siècle, Les Mystères d’Udolphe fut une source d’inspiration revendiquée par de nombreux auteurs dont Jane Austen.
Sur la base d’une intrigue rappelant certains contes de fées – un seigneur cruel retenant une jeune femme prisonnière d’un château aux allures d’entité malfaisante – la romancière anglaise Ann Radcliffe installe tous les ingédients nécessaires à un genre où de vieilles bâtisses lugubres balayées par un vent surnaturel abritent de terribles drames et de funestes romances.
Le Fantôme de l’opéra – Gaston Leroux
Feuilleton d’aventures publié dans la presse en 1909 avant de devenir roman, Le Fantôme de l’Opéra est assurément gothique par son ambiance crépusculaire flirtant avec le fantastique et son décor suggestif chargé d’histoire.
Sous les ors, sur la scène et jusqu’aux caves de l’Opéra Garnier, un inquiétant et insaisissable personnage atrocement défiguré fait régner la terreur.
D’abord maître chanteur, ce fantôme manipule puis séquestre une jeune chanteuse dont il est éperdument amoureux. Flamboyant comme jamais, Gaston Leroux y est au sommet de son art romanesque.
Mexican Gothic – Silvia Moreno Garcia
Moderne et gothique, comme son titre l’indique, Mexican Gothic transcende le genre tout en restant scrupleusement fidèle à ses codes.
C’est par l’appel à l’aide d’une jeune mariée à sa cousine que Silvia Moreno Garcia entame son intrigue. Après cette mise en place, elle plonge une héroïne, qui ne manque pas de caractère, dans l’ambiance délétère d’un sinistre manoir peuplé de personnages aussi inquiétants que fascinants.
Assaillie par d’atroces cauchemars prémonitoires, elle va aller de révélation en révélation sur cette étrange famille.
Nous avons toujours vécu au château – Shirley Jackson
Au tout début des sixties, trois ans après le désormais classique de l’épouvante Hantise, Shirley Jackson laissait son imagination fertile l’orienter vers l’écriture d’un thriller psychologique au parfum gothique.
Roman d’atmosphère, mystérieux et ambigu, Nous avons toujours vécu au château assemble minutieusement les pièces d’une sombre histoire de famille dont les seuls survivants sont deux jeunes sœurs asociales et leur oncle un peu fou.
Réfugiés dans une vaste et lugubre demeure de Nouvelle-Angleterre, ces trois ultimes rescapés cachent de terribles secrets.
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