Nightmare Alley et son incroyable casting vont envahir les salles le 19 janvier. Le nouveau film de Guillermo del Toro est une nouvelle promesse de cauchemars esthétiques et de bizarreries fascinantes. À l’image de la plupart de ses œuvres, devenues pour certaines des classiques du cinéma.
Cronos
Pour son premier long-métrage, Cronos, Guillermo del Toro entre par la grande porte : casting hétéroclite (dont le futur fidèle acolyte Ron Perlman) et une foison de prix. Le réalisateur mexicain installe dès le début tout ce qui fera sa marque de fabrique par la suite, avec ce film d’horreur revisitant le mythe de la boîte de Pandore. Elle prend ici la forme d’un étrange scarabée en or. Gare à qui l’ouvrira… Esthétique léchée, symboliques religieuses, images parfois choquantes, tout le cinéma de del Toro est déjà là. Il lui faudra pourtant quatre ans pour réaliser son film suivant, Mimic, autre film d’horreur mais davantage plus proche de la série B.
L’Échine du Diable
C’est sans doute L’Échine du Diable qui va propulser Guillermo del Toro sur la scène internationale. Avant Le Labyrinthe de Pan, il signe déjà un conte horrifique sur fond de guerre d’Espagne et mettant en scène un enfant. Ici un jeune orphelin subissant les outrages de ses camarades et d’un gardien peu sympathique. Mais un fantôme veille sur lui… Prix du jury lors du Festival international du film fantastique de Gérardmer en 2002, le film est habité par deux stars du cinéma ibérique, Marisa Paredes et Eduardo Noriega, dans son premier rôle de méchant.
Hellboy
Après un blockbuster de commande, Blade 2, Guillermo del Toro donne à Ron Perlman l’un des rôles les plus marquants de sa carrière. Adaptation d’un comics, Hellboy retrace le destin d’une créature mi-humaine, mi-démon. La peau rouge, le visage buriné et le front orné de cornes arrachées, cet anti-héros emporte toutefois l’adhésion du public malgré son extrême violence. Entre scènes d’action épiques et répliques à l’humour cinglant, le film devient culte et aura une suite en 2008, Hellboy 2 : Les Légions d’or maudites.
Le Labyrinthe de Pan
Entre deux épisodes de Hellboy, Guillermo del Toro propose le film qui va changer à jamais le cours de sa carrière et le fera entrer dans le cercle fermé des réalisateurs sachant manier art et essai et blockbusters sans changer leurs méthodes, à la manière d’un Steven Spielberg, d’un Peter Jackson ou d’un Tim Burton. Nouveau conte horrifique basé sur la guerre d’Espagne, Le Labyrinthe de Pan raconte la destinée d’une jeune fille promise à devenir princesse du monde souterrain, à condition de réussir trois épreuves initiatiques. Entre cruauté des hommes et bienveillance des monstres, ce drame fantastique qui a récolté trois Oscars et sept Goya, ne se voit que muni d’un paquet de mouchoirs.
Pacific Rim
Guillermo del Toro aime surprendre son public. Après le succès du Labyrinthe de Pan, on aurait pu penser qu’il allait rentrer dans le rang et s’assagir. Que nenni ! Il réalise Hellboy 2, puis son plus gros blockbuster à ce jour, Pacific Rim. Un film catastrophe de science-fiction dans lequel les humains doivent affronter des monstres extraterrestres à l’aide de robots géants. Ron Perlman rempile, suivi de Charlie Hunnam et Idris Elba. Le film dépasse les 400 millions de dollars à travers le monde et bénéficiera d’une suite, Pacific Rim : Uprising, dont del Toro ne sera que le producteur.
Crimson Peak
Retour au film de genre pour le réalisateur mexicain avec Crimson Peak. Une histoire d’amour et de mort au sein d’un somptueux manoir gothique. Esprits frappeurs, inceste et rivière de sang sont au programme des festivités, servies par une ténébreuse Jessica Chastain et un ambigu Tom Hiddleston en frère et sœur vénéneux. Crimson Peak sera un échec commercial, mais acquiert le statut de film culte. Il a en tout cas permis à Guillermo del Toro de poser un nouveau jalon fantastique à sa filmographie, comme une sorte d’apéritif à La Forme de l’eau qui va mettre tout le monde d’accord.
La Forme de l’eau
Nouvelle romance interdite et ode à la tolérance, La Forme de l’eau conte l’histoire d’une femme de ménage muette protégeant une créature aquatique des terribles expérimentations qu’elle subit. Et la dame de tomber amoureuse de la bête. Le film est un plébiscite critique et public, obtenant le Lion d’Or à la Mostra de Venise et quatre Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. La Forme de l’eau change irrémédiablement le statut de del Toro, désormais capable d’engranger des prix prestigieux en plus des billets verts, tout en gardant la spécificité de son cinéma.
Nightmare Alley
Il lui faudra quatre ans pour retrouver le chemin des salles obscures, même si Nightmare Alley aurait dû sortir un peu plus tôt si le tournage n’avait pas été interrompu pendant de longs mois pour cause de pandémie. Il s’agit d’une adaptation toute personnelle du roman noir Le Charlatan de William Lindsay Gresham, ou l’histoire d’un forain dénué d’empathie, manipulateur et sociopathe, jamais satisfait de là où il se trouve. Preuve de la montée en puissance du réalisateur, son casting quatre étoiles : Bradley Cooper, Cate Blanchett, Rooney Mara, Willem Dafoe, Toni Collette et le fidèle Ron Perlman… On retrouvera prochainement del Toro sur son premier film d’animation, une relecture de Pinocchio. Sans mentir, on a déjà hâte.