Les meilleurs artistes du rap new-yorkais : de Nas à 6ix9ine

Public Enemy

À la fin des années 1980, le rap new-yorkais arrive à maturité. Après dix ans durant lesquels les pionniers du Sugarhill Gang, de Grandmaster Flash, de Whodini, de Run-DMC ou de la Zulu Nation (dont Afrika Bambaataa) ont posé les jalons du genre, un groupe s’empare du hip-hop pour le politiser davantage : Public Enemy. Avec une rhétorique tournée sur la lutte contre les discriminations et les ségrégations, raciales et sociales, le collectif de Long Island multiplie les brûlots, avec des titres aussi efficaces et funky que Fight the Power, Rebel Without a Pause ou Bring the Noise à découvrir sur les deux chefs-d’œuvre de Chuck D et Flavor Flav, It Takes A Nation of Millions to Hold Us Back et Fear of A Black Planet.

Notorious B.I.G.

Face à l’émergence du rap californien, une voix s’élève de New York. Depuis Brooklyn, Christopher Wallace, aka The Notorious B.I.G. se fait signer par Puff Daddy. Après neuf mois en prison passés à peaufiner ses textes, il se révèle avec le single Juicy, le titre le plus R&B de son classique Ready to Die. Avec Biggie, le hip-hop de New York fusionne la pop, la soul et un versant plus hardcore, que le colosse incarne à merveille, par son passé sulfureux… Hélas, sur fond de rivalité entre côte Est et côte Ouest, l’auteur de Big Poppa ne pourra guère profiter de son énorme succès : assassiné en 1997, deux semaines avant la sortie de son deuxième disque Life After Death, il devient le météore flamboyant du rap new-yorkais, et son martyre le plus célèbre.

Nas

À 48 ans, Nas n’a rien perdu de son charisme, comme le montre son nouvel album, King’s Disease II. Pourtant, dans la dure ambiance du New York des années 1990, Nasir Bin Olu Dara Jones aurait pu connaître un destin tout autre, qu’il a anticipé sur son premier album, Illmatic. Tout juste vingtenaire, le jeune homme y rappait (avec un flow inimitable) la dangerosité de Brooklyn, la mort qui rôde, le matérialisme désenchanté, tout au long de ce qui allait devenir un classique du rap East Coast. Fort heureusement, le garçon a survécu, proposant au monde d’excellents disques, comme It Was Written ou Life is Good, sans oublier son album en duo avec Damian Marley, Distant Relatives.

Jay-Z

Devenu l’une des plus grandes stars du monde au début des années 2000, Jay-Z incarne le côté bling bling et hardcore du rap new-yorkais. Dès les années 1990, le MC s’est distingué par une écriture et un flow qui le plaçaient parmi les plus importants MC de l’Histoire. Soutenu par des producteurs aussi talentueux les uns que les autres (Timbaland, DJ Premier, Kanye West, Just Blaze…) il a multiplié les disques cinq étoiles, tels Vol.2 Hard Knock Life, The Blueprint, The Black Album, créé son label (Roc-A-Nation), découvert pléthores de jeunes loups… Et le bougre continue, à 50 ans passés, de surprendre, comme l’atteste l’album qu’il a enregistré avec son épouse Beyoncé, Everything is Love.

Wu-Tang Clan

Raekwon, GZA, Method Man, Ghostface Killah, Ol’ Dirty Bastard… Tous produits par un génie du son, RZA… Le Wu-Tang Clan a changé la face du rap new-yorkais dès l’album Enter the Wu-Tang (36 Chambers). Rempli de samples soulful, ce disque faisait se croiser les flows d’une bande de MC issus des ghettos les plus durs de New York, sur fond de références aux films de samouraïs. Lançant le mouvement hardcore dès 1993, le Wu-Tang fait depuis lors, l’objet d’un culte, mérité, à travers le monde. Et tous ses membres, en solo, ont marqué l’âge d’or du hip hop new-yorkais durant l’âge d’or du genre entre 1994 et 1998.

Mobb Deep

Le côté sombre du rap new-yorkais doit beaucoup à Mobb Deep, duo composé de Prodigy et d’Havoc et légende des années 1990. En 1995, leur album The Infamous définissait à lui seul le son dit « boom bap » marqué par le rôle prépondérant d’une lourde rythmique batterie-basse, souvent saupoudrée de notes de piano. Très influent sur le rap français, le tandem représente l’âge d’or du hip-hop East Coast !

MF Doom

Company Flow, Cannibal Ox, puis Run the Jewels… New York a été la ville du rap indépendant, parrainé par l’un des génies du genre, MF Doom. Décédé en 2020, ce maître du micro s’est distingué par l’utilisation de thèmes lyricaux et d’instrus très éloignés des préoccupations matérialistes ou spirituelles du hip-hop mainstream. On peut entendre son inventivité sur des disques aussi importants que Madvillainy (avec Madlib) et Operation : Doomsday.

Cam’Ron

Successeur de Nas et de Jay-Z parmi les rappeurs les plus actifs de New York dans les années 2000, Cam’Ron a innové par le côté décontracté (mais paradoxalement sombre) de sa musique. En atteste une poignée d’albums essentiels du troisième millénaire, dont Come Home With Me et Purple Haze, dans lesquels il laissait beaucoup de latitudes à ses producteurs pour créer un son à la fois accessible et entraînant, un écrin un peu trompeur pour parler de ses sujets de prédilection, à savoir la drogue et les relations (houleuses) avec la gente féminine.

Action Bronson

Touché par un déclin face à l’émergence d’Atlanta, de La Nouvelle Orléans et de Chicago dans la carte du rap américain, New York a pu se défendre grâce à des rappeurs quelque peu nostalgiques, comme Action Bronson. Cuisinier, vedette d’une émission gastronomique, il s’est avéré un brillant continuateur du flow de Ghostface Killah (du Wu-Tang) sur des disques aussi amusants que Mr. Wonderful ou le récent Only For Dolphins.

6ix9ine

Personnalité hautement controversée, 6ix9ine appartient à une génération pour qui le rap n’est plus tant associée à la géographie. Membre de ce que l’on appelle le « soundcloud rap », en référence à la plateforme de streaming où a été découverte Billie Eilish et d’où émergent XXXTentacion, Denzel Curry ou Juice Wrld. Le garçon a su montrer un nouveau visage du rap East Coast, ouvert à différents flows, contaminé par le rock, comme en témoigne son classique Day 69: Graduation Day.