Chaque mois, l’équipe de Radio Metal partage pour la Fnac ses cinq coups de cœur dans le cadre d’une sélection aux petits oignons sidérurgiques ! Au menu de ce mois de décembre : la complexité de Cynic, les émotions antagonistes de MØL, le désespoir corrosif de Swallow The Sun, un projet hors-norme réunissant Converge et Chelsea Wolfe sans oublier le black metal fougueux et raffiné de Der Weg Einer Freiheit.
Cynic – Ascension Codes
Ceux qui ne sont pas familiers avec Cynic auront sans doute du mal à appréhender les contours et motivations du groupe tant ce dernier a évolué entre ses origines death technique et ses plus récentes incarnations progressives. Le nouvel album, Ascension Codes, n’est cependant pas qu’une simple étape formelle, puisque la formation menée par Paul Masvidal a récemment affronté la perte de deux de ses membres emblématiques avec les décès du batteur et cofondateur du groupe Sean Reinert en janvier 2020 puis celui du bassiste Sean Malone en décembre de la même année. L’élan progressif et expérimental qui habite Ascension Codes incarne donc une forme de perpétuation. Éclatant les codes stylistiques dans une œuvre singulière où les contrastes se côtoient pour former une aura sonore éthérée et mystique, les neuf titres, jalonnés par neuf transitions, jouent avec les formes et dévoilent une complexité judicieuse. Un travail, plein de digressions musicales, qui démontre une aptitude à percevoir la musique comme une entité à part entière, avec ses propres codes et axiomes.
Chroniqué par Jeff
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MØL – Diorama
Le jeune groupe danois MØL a assurément profité de la popularité du blackgaze et des sonorités post metal pour rapidement se faire un nom. Leur nouvelle offrande, Diorama, prouve cependant que leur succès est plus qu’une affaire de circonstance. L’album, en effet, est un panorama d’oxymores mélodiques, où les émotions antagonistes s’y affrontent allègrement sur des mélodies entêtantes. Diorama joue par ailleurs de ces nuances mélodiques avec une dynamique exemplaire, à l’instar du très accrocheur Serf. Et si la génétique du groupe emprunte beaucoup aux ténors du genre, en particulier Deafheaven, les vrilles stylistiques et les structures envoûtantes permettent à MØL de proposer son flot très personnel de shoegaze et de black metal, exubérant tout en étant cohérent, agressif tout en étant invariablement mélodique. Diorama ne présente certes pas de révolution majeure, mais sa composition et son exécution éclatante mérite assurément que l’on s’y penche avec attention !
Chroniqué par Eric
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Swallow The Sun – Moonflowers
Au fil des ans, la formation Swallow The Sun a permis à Juha Raivio d’exorciser de nombreuses souffrances existentielles, un désespoir corrosif qui s’incarne une nouvelle fois en musique avec Moonflowers. Pour commencer, il faut dire que le nouvel opus était en grande partie non désiré. Résultat des crises et errances engendrées par la pandémie et le repli social des confinements, l’album s’est imposé à Raivio plus qu’il ne lui a été inspiré : quelque chose est apparu spontanément dans ces heures sombres. Dans la lignée de l’opus précédent, le son est ample et cultive les émotions paradoxales, de la rage âcre à l’abattement résigné. Des échos de chagrins qui tournent en boucle comme les litanies, et qui font de Moonflowers le reflet d’un désir désespéré de ne pas laisser l’abîme tout envahir. Et si, d’un strict point de vue de l’écoute, l’opus paraît dans un premier temps moins déchirant que ses aînés, il dévoile en réalité une puissance latente derrière sa dialectique de la vacuité : la croyance écorchée que la colère et la souffrance sont les seuls remparts capables de soutenir une flamme de vie…
Chroniqué par Eric
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Converge & Chelsea Wolfe – Bloodmoon : I
Certaines œuvres musicales sont à considérer avant tout comme des rencontres entre musiciens accomplis portant avec eux des bagages conséquents. Bloodmoon : I est incontestablement de celles-ci, proposant une croisée des chemins entre deux univers surprenants et d’apparence antinomiques : le son hardcore et massif de Converge et l’élégance folk et torturée de Chelsea Wolfe. Une fois n’est pas coutume, l’atypique Roadburn Festival aux Pays-Bas, qui propose des expérimentations musicales au sein de la scène metal, est le point de départ de ce projet hors norme. En résulte cet opus collaboratif aussi passionnant que déroutant, aux allures d’un rêve éveillé des plus étranges, qui par ses onze pistes perd son auditorat dans des ambiances occultes et envoûtantes tout en l’agressant par ses bizarreries et son chaos maîtrisé ! Il faudra à coup sûr de multiples écoutes pour comprendre l’ensemble des facettes de ce disque audacieux qui est une véritable expérience suggérant l’acceptation de toutes les visions proposées par l’ensemble des protagonistes qui y ont contribué. A ce moment-là seulement, une nouvelle dimension musicale sera ouverte… Libre à vous de vous en saisir !
Chroniqué par Jeff
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Der Weg Einer Freiheit – Noktvrn
La nuit est sans doute le moment qui porte le plus les doutes, les angoisses et les réflexions les plus profondes… Par conséquent, elle est également propice aux créations les plus étranges et excitantes ! Demandez donc à Chopin depuis l’au-delà, à qui nous devons ses fameuses nocturnes… Deux siècles plus tard Nikita Kamprad de Der Weg Einer Freiheit est peut-être un de ses plus grands adeptes. Pour arriver au terme de ce nouvel album de black metal atmosphérique, le compositeur s’est essayé à l’écriture de nuit délivrant cet album au nom restylisé dans le contexte du metal extrême, Noktvrn. Enregistré dans des conditions live, les Allemands parviennent à pousser encore plus loin la typicité de leur son provoquant sans aucun doute l’exaltation des fans, déjà conquis sur les acclamés prédécesseurs Stellar et Finisterre. La surprise sera également de mise avec Immortal et son featuring invitant le projet de dark folk hongrois The Devil’s Trade, ou encore Haven qui est sans doute le titre le plus éthéré de la discographie du groupe… En somme, tous ceux qui aiment le black metal quand il se montre fougueux et raffiné doivent accorder une écoute sincère à cet album.
Chroniqué par Jeff
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