Spectres, revenants, mauvais esprits, draps qui lévitent… les fantômes sont représentés de mille manières au cinéma. Sous le prisme de l’horreur, du fantastique ou de la comédie, ils occupent une place toute particulière dans le septième art. Voici quelques-unes de ces histoires où les véritables héros ne sont plus de ce monde…
La Falaise mystérieuse
Bien avant Ghost et toutes les histoires d’amour tragiques matinées de fantastique, il y avait La Falaise mystérieuse, également connue sous son titre originel, The Uninvited. Un chef-d’oeuvre crépusculaire de 1944 signé Lewis Allen autour d’une demeure battue par les vents des Cornouailles et dans laquelle végète une femme fantôme sanglotante. Mais elle ne serait pas la seule… Au milieu de scènes comiques, c’est tout un monde onirique qui s’offre au spectateur, servi par des passions amoureuses tourmentées, et une nature sauvage et indomptable.
L’Aventure de Mme Muir
En 1947, Joseph L. Mankiewicz réalise L’Aventure de Madame Muir, entre romance, comédie et drame fantastique. On se retrouve plongé dans l’Angleterre du début du XXe siècle, en compagnie d’une jeune veuve, Lucy Muir (interprétée par Gene Tierney). Dans le cottage où elle s’installe avec sa fille et sa servante, elle découvre que la demeure est hantée par le fantôme de l’ancien propriétaire. Ce dernier lui servira de protecteur face aux hommes qu’elle va rencontrer et qui vont jouer avec ses sentiments. Un film bourré d’humour et de charme, adapté du roman Madame Muir et le Fantôme, best-seller de R.A. Dick publié deux ans auparavant.
Poltergeist
En 1982, Tobe Hooper, réalisateur de Massacre à la tronçonneuse, terrorise à nouveau avec Poltergeist. Considéré comme l’un des meilleurs films fantastiques de tous les temps, il met en scène une puissante entité invisible passant par la mire du téléviseur, afin de hanter la maison et horrifier ses occupants. Le film est un immense succès au box office comparé à son budget limité et sera même nommé trois fois aux Oscars. Un remake verra le jour en 2015, Poltergeist de Gil Kenan sans obtenir la même renommée, malgré la présence de Sam Rockwell au générique.
S.O.S. Fantômes
Attention, film culte et madeleine de Proust made in 1980’s ! Si la genèse de S.O.S. Fantômes d’Ivan Reitman fut un peu longue et chahutée avant que le tournage n’ait enfin lieu, la récompense fut au bout : un succès monstre au box-office, une suite, un reboot au féminin et une nouvelle version en fin d’année. Ces chasseurs de fantômes improvisés passent leur temps à sauver New York d’une infestation de spectres goulus et parfois effrayants. Le tout, avec flegme et humour, à la manière d’un Bill Murray, héros Droopy politiquement incorrect. Alors, pour une bonne soirée DVD, qui allez-vous appeler ?
Beetlejuice
Criez trois fois son nom et il apparaîtra, à vos risques et périls… Sorte de boogeyman excentrique et égocentrique, Beetlejuice vient de l’au-delà pour exaucer vos souhaits… ou presque ! Adam et Barbara, couple passé de vie à trépas et coincé dans sa demeure où vient s’installer une nouvelle famille, fait appel à lui pour la chasser. Ce qui ne sera pas sans de désastreuses et désopilantes conséquences. Tim Burton devient un réalisateur recherché après le succès de cette folie macabre, dans laquelle Michael Keaton, son futur Batman, est totalement en roue libre.
Ghost
Vous ne regarderez plus les ateliers de poterie de la même manière après ce film. Histoire d’amour tragique (un homme se fait assassiner et tente de rentrer en contact avec sa jeune et belle veuve pour lui éviter de subir le même sort), comédie ésotérique (il fait appel à une médium sans scrupules) et polar fantastique, Ghost de Jerry Zucker, est tout ça et bien plus encore. Film intergénérationnel, porté par la chanson Unchained Melody, il fait de Patrick Swayze et Demi Moore l’un des couples les plus glamours des années 1990, grâce à une sensuelle scène de poterie. Et Whoopi Goldberg de décrocher au passage l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle.
Casper
Qui a dit que les fantômes devaient forcément être méchants ou revanchards ? Certainement pas ce pauvre Casper, gentil revenant d’enfant qui refuse de faire le mal. Dans le film Casper de Brad Silberling, il est en animation 3D pour converser avec Christina Ricci et Bill Pullman, emménageant dans la demeure où le fantôme détonne par sa bonne humeur parmi toutes les autres entités qui hantent la bâtisse. Cinq autres films verront le jour entre 1996 et 2006 pour le plus grand bonheur des enfants, cibles premières de cette saga… fantômatique !
Sixième Sens
Quand il était petit, Haley Joel Osment voyait des morts partout. C’est du moins ce qu’il confie à un Bruce Willis, au début incrédule en psychologue pour enfants. Il ne sera pas au bout de ses surprises, surtout au cours d’un final qui en a estomaqué plus d’un. Pour son troisième film, M. Night Shyamalan quitte enfin l’anonymat et accède à une gloire aussi soudaine que méritée. Sixième Sens est un succès mondial inattendu (plus de 670 millions de recettes contre 40 millions de budget) et désormais, les films de Shyamalan sont scrutés par la lorgnette, surtout pour leurs twists souvent inattendus.
Les Autres
À la manière de Sixième Sens, tout l’intérêt du film Les Autres d’Alejandro Amenabar, repose dans sa fin donnant envie de le revoir à l’aune de ce que l’on découvre. Dans une immense demeure sur l’île de Jersey, Grace et ses deux enfants, allergiques à la lumière, vivent dans une semi pénombre. Jusqu’au jour où d’étranges incidents surviennent. Et s’ils n’étaient pas seuls ? Et si des entités hantaient la maison ? Et si… ? À moins que… ? Nicole Kidman, fébrile, est prête à tout pour protéger sa famille de ces fantômes indésirables. Résultat, une pluie de prix internationaux et la reconnaissance d’Amenabar comme l’un des réalisateurs majeurs des années 2000.
Fantômes contre fantômes
Avant de partir en Terre du Milieu, Peter Jackson réalisait un petit film fantastique dans tous les sens du terme, Fantômes contre fantômes. Ou l’histoire d’un architecte médium et arnaqueur, accusé par la vindicte populaire d’être à l’origine d’une vague d’infarctus. Il demande de l’aide à ses amis spectres pour comprendre d’où vient le problème et qui lui en veut à ce point… Michael J. Fox renoue avec le cinéma dans cette comédie horrifique devenue culte avec le temps, parenthèse spooky dans l’agenda surchargé de Jackson, alors déjà en préproduction du Seigneur des Anneaux.
L’Échine du Diable
Avant Le Labyrinthe de Pan, Guillermo del Toro était déjà fasciné par les enfants confrontés à la mort, à la solitude et à la cruauté des hommes. C’était déjà le cas de L’Échine du Diable, entièrement tourné en espagnol avec un Eduardo Noriega charismatique et vénéneux. En pleine guerre d’Espagne, un adolescent placé dans un orphelinat rencontre le fantôme d’un enfant qui erre dans le sous-sol. Un film sombre et bouleversant qui a permis la reconnaissance internationale et méritée du cinéma de Guillermo del Toro.
Ring
Avant son remake américain avec Naomi Watts, Ring de Hideo Nakata était surtout un film de fantômes japonais à claquer des dents de peur. Tout part d’une cassette vidéo dont la rumeur veut qu’elle soit maudite et qu’il ne faut surtout pas la visionner. Trop tard… Chaque protagoniste se plonge dans les images macabres d’une jeune fille chevelue venue d’outre-tombe et qui ne leur veut pas que du bien. Gore Verbinski en tirera Le Cercle, bien moins dérangeant que l’original. Deux autres volets américains verront le jour, sans parvenir à retrouver ce qui faisait la saveur de sa version nippone.
Sleepy Hollow
Plus de dix ans après Beetlejuice, Tim Burton renoue avec les fantômes. Il s’intéresse cette fois-ci à un cavalier sans tête qui ne sera jamais en repos tant qu’il n’aura pas tué à son tour celles et ceux qui ont contribué à sa mort. Johnny Depp (en enquêteur guindé et touchant), Christina Ricci (en fausse demoiselle en détresse) et Christopher Walken (en infernal cavalier) contribuent à faire de Sleepy Hollow, un film d’épouvante du style de la Hammer Productions. Un blockbuster d’exception, entre romantisme gothique, humour noir et scènes macabres à souhait.
L’Orphelinat
En 2007, Juan Antonio Bayona était loin de se douter qu’il ferait une carrière hollywoodienne et signerait le blockbuster Jurassic World : Fallen Kingdom. Pour l’heure, il réalise son premier long, L’Orphelinat, drame fantastique dans lequel une femme retourne dans l’orphelinat où elle a grandi pour en faire un lieu d’accueil pour enfants handicapés. Mais les murs renferment des entités qui ne voient pas ces retrouvailles d’un bon œil… Scènes choc et ambiance délétère sont au programme, portées par une esthétique léchée, marque de fabrique de Bayona par la suite.
Conjuring
Les époux Ed et Lorraine Warren étaient des démonologues, dont les enquêtes paranormales ont défrayé la chronique dans les années 1970-80. Véritables spécialistes des sciences occultes pour les uns, ou bonimenteurs pour les autres, il faudra attendre 2013 pour que le cinéma s’intéresse à leurs différentes affaires. De là naîtra la franchise Conjuring, impulsée par le brillant James Wan, dans laquelle les époux Warren prennent les traits de Vera Farmiga et Patrick Wilson. Et si leurs histoires d’esprits frappeurs, de revenants et de démons issus d’un autre monde sont si crédibles, c’est parce qu’elles sont traitées ici avec sérieux, en évitant les jump scares inutiles tout en jouant habilement avec les nerfs des spectateurs.
A Ghost Story
Voici sans doute l’histoire de fantôme la plus triste du monde, très justement intitulée A Ghost Story. Le film du surdoué David Lowery retrace le deuil d’une jeune femme après le décès de son compagnon. Ce dernier revient en fantôme revêtu d’un drap blanc, mais elle ne perçoit pas sa présence et continue sa vie sans lui. Et lorsqu’elle quitte la maison, son ex-amant reste dans la solitude absolue tandis que le monde change autour de lui. Quasiment sans dialogue, A Ghost Story est une tragédie romantique sur le temps qui passe, l’absence et la résilience. Rooney Mara incarne la veuve inconsolable d’un Casey Affleck éperdu et triste sous son drap immaculé.