En novembre, il est temps de commencer à se mettre dans l’ambiance des fêtes avec les polars de Noël d’Anne Perry, Ana T. Drew et Alexandra Benedict ou celui tout simplement cosy d’Hannah Dennison. Pour le reste, le nouveau prix du Quai des Orfèvres ferait lui un beau cadeau, tout comme l’intégrale de la trilogie de Blake Crouch, deux tomes inséparables du duo Preston & Child, quatre nouvelles de Cotton Malone signées Steve Berry ou encore la réédition d’un roman très noir de Giorgio Scerbanenco
Prix du Quai des Orfèvres 2025 (Fayard)
Chaque novembre depuis 1946, un jury composé de policiers, de magistrats et de journalistes récompense un roman policier écrit dans l’année pour la qualité de son intrigue, de son suspense et de son style, mais aussi et surtout pour son aspect documentaire des procédures judiciaires et policières. Marque prestigieuse de reconnaissance pour les auteurs, label de qualité pour le public, le Prix du Quai des Orfèvres a permis l’émergence de nombreux talents du polar comme récemment Alexandre Galien et Sylvain Forge. Après le géologue Martial Caroff en 2024, qui sera le Prix du Quai des Orfèvres 2025. Réponse à la mi-novembre.
Un Noël à la campagne – Anne Perry (10/18)
Dotée depuis l’enfance d’une imagination débordante qui l’a poussée au pire à l’adolescence, Anne Perry a réussi dans sa vie d’adulte à transformer cette force destructrice en puissance rédemptrice. Décédée l’année dernière à 83 ans, elle laisse une œuvre pléthorique marquée par deux célèbres séries policières situées dans l’Angleterre victorienne mais aussi à Paris sous la Révolution ou encore toujours en Grande-Bretagne durant la Première Guerre mondiale. Sans oublier sa série d’histoires de Noël dont fait partie Un Noël à la campagne, polar rural et « So british » sur fond de disparition inquiétante publié en novembre à titre posthume.
Les mystères de Honeychurch T9 Meurtre d’outre-tombe – Hannah Dennison (City)
Après vingt-cinq ans d’exil californien, l’anglaise Hannah Dennison retrouve son Devon natal et son penchant naturellement britannique pour l’univers douillet du cosy Mystery avec la série des Mystères de Honeychurch. Comme toute héroïne de polar rural et non-violent qui se respecte, Kat Stanford, présentatrice télé et châtelaine à Honeychurch, résout les pires histoires de meurtres, de disparitions et de drames en tout genre avec un flegme quasi surnaturel. Dixième enquête à son actif, Meurtre d’outre-tombe débute par la découverte dans son village du corps d’une femme ayant participé à une vente aux enchères d’objet militaires de la Seconde Guerre mondiale. S’étant prise le bec avec la morte juste avant, Kat devient en toute logique la suspecte principale du meurtre. Piquée au vif, elle va mettre les bouchées doubles pour prouver le contraire.
L’Énigme de la boule à neige – Ana T. Drew (Hapercollins)
Romancière et pâtissière comme Joanne Fluke, la jeune française Ana T. Drew fait rimer polar cosy mystery et choux à la crème chantilly. Loin d’être une pâle copie, elle se distingue de son aînée en injectant régulièrement une bonne dose de feel good, de romance ou d’esprit de Noël à ses romans. Inspirée de la vraie « Affaire Chagall » (des œuvres furent volés au début des années 80 par la gouvernante de la veuve du peintre), L’Énigme de la boule à neige associe dans une chasse au trésor en plein décembre à Paris une pétillante cartomancienne et un charmant patron de start-up. Lancé à la recherche d’un tableau du maître, le duo va sillonner les rues d’une capitale parée de ses plus beaux atours festifs, se rapprocher irrémédiablement et enfin comprendre qu’ils ne sont en réalité que les pions d’un plan machiavélique.
Meurtres sur le Christmas Express – Alexandra Benedict (Pocket)
Jeune romancière anglaise passée par le monde de la pop, Alexandra Benedict connaît ses classiques sur le bout de la plume. Experte en remixes, elle propose pour son second roman d’emballer un whodunit ferroviaire façon Crime de l’Orient-express dans un cosy mystery de Noël. Sur la base d’un hommage assumé à Agatha Christie, Meurtres sur le Christmas Express se démarque habilement de son imposante référence en modernisant tout ce qui se passe dans l’ambiance feutré de son huis-clos. Dans le train de nuit qui l’emmène dans les Highlands la veille de Noël, une inspectrice de police (seule entorse aux principes du cosy mystery) doit user de ses compétences pour stopper un mystérieux tueur qui a décidé d’éliminer un à un des compagnons de voyage avec qui elle n’a pourtant aucune sympathie.
Wayward Pines – La trilogie complète – Blake Crouch (Gallmeister)
Naviguant dans le registre de la peur et du fantastique, Blake Crouch se pose comme un des plus sérieux héritiers de Stephen King. Comme le roi de l’horreur, il est également prisé par la télévision qui a déjà adapté en série deux de ses romans : Dark Matter l’année dernière et, il y a près de dix ans, la trilogie Wayward Pines publiée aujourd’hui en coffret intégral. L’histoire est celle d’un agent fédéral qui se réveille blessé et partiellement amnésique dans une rue d’une étrange bourgade coupée du monde alors qu’il enquêtait sur la disparition de deux collègues. Piégé dans une ville insondable dont chaque habitant semble taire un terrible secret, Ethan Burke prend conscience qu’il est en grand danger après la découverte du corps mutilé d’un des agents disparus. Pour pouvoir quitter cet endroit de malheur, il va devoir mettre tout en œuvre pour percer à jour ce qui se cache derrière l’enfer de Wayward Pines.
Malone – Steve Berry (Pocket)
Pilote de chasse de formation, ancien avocat et ex-agent de renseignement des USA basé à Copenhague où il a ouvert une librairie spécialisée dans les livres anciens, Cotton Malone est un de ces jeunes retraités qui n’hésite pas à reprendre du service quand le devoir l’appelle. Détective emblématique de l’œuvre de Steve Berry, il compte à ce jour plus de trente romans et de nombreuses nouvelles à son actif. Recueil de quatre histoires courtes, Malone nous embarque aux quatre coins du globe pour une série d’enquêtes criminelles et historiques où Cotton partage cette fois l’affiche avec sa compagne Cassiopée Vitt. On le retrouve à Haïti après la découverte de l’épave du Santa Maria de Christophe Colomb, au Chili, sur les traces d’un trésor nazi et au Moyen-orient à reconstituer les dernières heures de Ben Laden à l’époque où il officiait à l’unité Magellan. L’aventurière, quant à elle, se retrouve dans de sales draps en Bulgarie avec la mafia russe à ses trousses.
La chambre des curiosités – Une enquête de l’inspecteur Pendergast – Lincoln Child et Douglas Preston (J’ai Lu)
Troisième acte des enquêtes de l’inspecteur Pendergast qui permit au tandem Preston & Child de s’installer durablement au rayon best-sellers, La chambre des curiosités s’avère indispensable pour profiter pleinement de l’avant-dernier tome qui paraît en novembre en poche. En plein cœur de Manhattan, une équipe de démolition exhume sur un chantier de la ville une multitude d’ossements humains. En charge de l’affaire, l’agent du FBI Aloysius Pendergast épaulé par l’archéologue Nora Kelly découvrent que le charnier renferme les corps de trente-six adolescents victimes d’Enoch Leng, un des pires tueur en série de l’histoire ayant sévi à New York en 1880. À la suite de cette macabre découverte, l’horreur franchit un cap quand des meurtres sont commis selon le modus operandi de Leng.
Le cabinet du Dr Leng : Une enquête de l’inspecteur Pendergast- Lincoln Child / Douglas Preston (J’ai Lu)
Science et paranormal, horreur et SF, font définitivement bon ménage dans les thrillers concoctés à quatre mains par le duo Lincoln Child et Douglas Preston. Des romans d’horreur et de suspense où les crimes en série, les rituels ancestraux et les forces occultes mènent la danse et le temps se remonte grâce à une machine complexe. C’est justement cette fantastique formule voyageuse que l’on retrouve dans Le cabinet du Dr Leng, avant-dernier épisode des Enquêtes de l’inspecteur Pendergast et suite directe de La chambre des curiosités, troisième tome et best-seller de la série. On y retrouve Constance Greene, membre de l’équipe de Pendergast, en 1880 à New-York. Partie en solo sauver son frère et sa sœur des griffes de l’infâme Enoch Leng, elle prend le risque de rester coincée au XIXe siècle si la machine qui l’a amenée jusque-là n’est pas réparée à temps.
Les milanais tuent le samedi- Giorgio Scerbanenco (Gallmeister)
Figure de proue du polar italien des années 50 et 60, Giorgio Scerbanenco a su émerger à une époque de très forte influence américaine en proposant des romans solidement ancrés dans la réalité sociale et politique italienne. Pour porter ses idées et ses intrigues, il crée alors un personnage d’ancien médecin radié de l’ordre pour euthanasie et reconverti en enquêteur qui collabore avec la police de Milan. Quatrième et dernier épisode du cycle Duca Lamberti écrit en 1969, Les milanais tuent le samedi prend place dans les bas fonds de la capitale lombarde. L’histoire du meurtre atroce d’une belle jeune femme attardée où le docteur Lamberti, missionné par le père dévasté de cette dernière, s’enfonce dans le bourbier de la prostitution. Entre des bourreaux révoltants d’inhumanité et des victimes condamnées d’avance, l’humaniste mène un combat perdu d’avance contre une nature humaine gangrénée par les pires instincts.