Célèbre pour son imagerie sombre et provocatrice, le rock gothique nourrit la musique indépendante depuis le début des années 1980. Avec des groupes aussi emblématiques que Bauhaus, The Sisters of Mercy ou The Cure, ce genre a trouvé un public large et enfanté quelques stars, comme Nick Cave. Voici dix albums à connaître de cette scène.
Bauhaus – In the Flat Field (1980)
Deux ans après la vague punk, un single de Bauhaus devait changer à tout jamais la scène rock indépendante. Baptisé Bela Lugosi’s Dead, en hommage à l’acteur hongrois interprète de Dracula, cet étrange morceau, planant et caverneux, actait la naissance du rock gothique.
Un an plus tard, les artisans post-punk sortaient, sur le label culte du genre, 4AD, leur premier album, In the Flat Field. Reprenant le caractère sépulcral et rock de leur single, la formation britannique poussait plus loin le concept. Stigmata Martyr, Double Dare ou A God in an Alcove définissaient tout un style, à la fois théâtral, comme le glam rock, sombre, comme les poètes romantiques, et remuant, comme le punk. Une synthèse de différents courants qui allaient faire sensation dans toute l’Europe.
The Cure – Seventeen Seconds (1980)
Si, musicalement, The Cure appartient davantage à la new wave qu’au rock gothique, plus lent et caverneux, la bande de Robert Smith apparaît comme l’une des têtes de proue mainstream d’un mouvement resté underground grâce à une période précise de leur carrière située entre 1980 et 1983. L’album Seventeen Seconds se rapproche ainsi de l’esthétique lancée par Bauhaus. Plus froids que les singles de leurs débuts, des morceaux aussi importants qu’A Forest, Play for Today ou M, ont contribué à la réputation dark des Anglais, dont le look renvoie immanquablement à l’imaginaire gothique.
Siouxsie and the Banshees – Hyaena (1984)
Autre groupe au look fascinant, Siouxsie and the Banshees a marqué la scène britannique de l’après-punk par le charisme de sa chanteuse, Siouxsie, figure inclassable. Pour leur sixième album, Hyaena, la jeune femme et ses acolytes ont engagé Robert Smith, des Cure, pour créer une hybridation de rock gothique et de pop. Une inquiétante étrangeté, et un côté clair-obscur parcourent ce disque où voisinent une reprise eighties du Dear Prudence des Beatles et des morceaux dignes de l’imagerie dark de The Cure, notamment Dazzle ou Swimming Horses.
The Birthday Party – Prayers on Fire (1981)
Venus d’Australie, The Birthday Party révèle un certain Nick Cave, au début des années 1980. Leur musique, provocatrice, expérimentale et sombre, apparaît comme le chaînon manquant entre post-punk et le rock gothique : sur Prayers on Fire, les voix trafiquées et les cuivres stridents nous font plonger en plein cauchemar. Influencé par le glam, le groupe transforme l’esthétique cabaret en un film d’horreur à découvrir sur des titres tels Zoo Music Girl, Nick the Stripper ou King Ink.
The Sisters of Mercy – Floodland (1987)
Formation culte pour l’ensemble du public gothique, The Sisters of Mercy a montré la voie grâce à trois albums importants. Floodland, leur deuxième opus, concentre l’essentiel de leur esthétique : morceaux longs (This Corrosion) à la rythmique lancinante y croisent des titres plus pêchus, comme Lucretia My Reflection. Tous plongent l’auditeur dans une profondeur romantique qui a fait toute la réputation d’une bande de malheureux drilles aussi attachants que fins, musicalement.
Cocteau Twins – Treasure (1984)
Né au sein du grand label gothique britannique, 4AD, le courant « heavenly voices » a attiré le public underground au milieu des années 1980. Ce sous-genre s’appuie non plus sur les voix caverneuses chères à Bauhaus mais sur des chœurs célestes. Cocteau Twins, sous l’impulsion de sa chanteuse Elizabeth Fraser, a particulièrement brillé dans cette veine. Treasure, où se trouve le tube Lorelei, représente parfaitement cette extension lyrique et très émouvante du rock gothique.
Clan of Xymox – Twist of Shadows (1989)
Originaire des Pays-Bas, Clan of Xymox, également appelé Xymox, a croisé l’esthétique sombre du rock gothique avec le caractère dansant de la synthpop. Twist of Shadows l’un de leurs nombreux bons disques, laisse apparaître cette fusion, avec des morceaux aussi entraînants qu’Obsession ou Imagination.
Nick Cave – The Good Son (1990)
Figure inclassable, Nick Cave a fondé The Bad Seeds après la fin de The Birthday Party. Sur des disques comme The Good Son (célèbre pour des titres comme The Weeping Song, The Ship Song), il a créé un style dark et lumineux à la fois, qui empruntait parfois au gothique. En cette année 2021, cette esthétique singulière se découvre également sur le coffret B-Sides & Rarities – Parts I & II.
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Fields of the Nephilim – The Nephilim (1988)
Sous la houlette de son leader Carl McCoy, Fields of the Nephilim représente le groupe gothique par excellence. Tenue de scène, influence glam, portée des paroles et grande qualité musicale ont contribué à leur succès : leur album The Nephilim (à retrouver dans 5 album boxset) appartient à toute discographie gothique idéale qui se respecte. Plus rock que leurs prédécesseurs, ils se distinguent par des morceaux enlevés, à l’exemple de Moonchild, The Watchmen ou Last Exit for the Lost.
London After Midnight – Psycho Magnet (2005)
Preuve que le rock gothique a survécu aux outrages du temps, London After Midnight prolonge l’esthétique de la scène « batcave » (du nom de la boîte des années 1980 où l’on écoutait Bauhaus et Birthday Party à Londres) et la croise avec le rock alternatif américain. Un mélange qui fait de la formation un exemple accessible de la vitalité actuelle de la scène mondiale, comme en témoigne un disque comme Psycho Magnet.
