Avec les Wailers puis en solo, Bob Marley a donné au reggae une ampleur internationale. Décédé prématurément il y a quarante ans, il nous a laissé un héritage discographique considérable, prônant la paix et l’amour sur des disques engagés socialement et bouleversants de sincérité. Voici les albums de Bob Marley à écouter absolument !
Catch A Fire (1979)
Le premier album à succès de Bob Marley, avec les Wailers, ne ressemble pas aux disques reggae de l’époque : enregistré à Kingston, Catch a Fire a été mixé à Londres, où une couleur « pop » a été injectée aux morceaux originaux. Concrete Jungle, Stir it Up et autres Stop that Train intègrent ainsi des sonorités venues du rock ou du funk.
L’alchimie entre Bob Marley, Peter Tosh et Bunny Wailer, dans cet écrin « british », ne quitte pas ce disque, qui reste comme une introduction idéale à l’œuvre de Bob pour des oreilles peu habituées au reggae roots.
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Natty Dread (1974)
L’histoire musicale de Bob Marley est liée à celle des Wailers, notamment ses collègues Bunny Wailer et Peter Tosh. Tous trois étaient sur un pied d’égalité depuis la fondation du groupe en 1963. Le premier succès du groupe, en Angleterre, et la place prépondérante prise par Bob au cours de l’année 1973 devaient aboutir à une implosion de la formation.
Bob Marley enregistra donc seul Natty Dread. Marqué par la montée de la violence en Jamaïque, le disque contient des chansons engagées, comme Revolution ou Rebel Music, mais aussi le tube No Woman No Cry, devenu emblématique du style, mélodique et déchirant du roi du reggae.
Live ! (1975)
Enregistré au Lyceum de Londres, le Live ! de Bob Marley a contribué à son succès en Europe : tiré de deux concerts de juillet 1975, ce disque témoigne de la chaleur sensuelle et du caractère politique du reggae roots, alors en plein âge d’or.
Le son de la section rythmique, la voix et la guitare de Bob, l’ambiance de feu : tout concourt à faire de ce premier album live l’un des monuments de l’Histoire de la musique. Avec ses versions étirées d’I Shot the Sheriff, Get Up, Stand Up et No Woman, No Cry, l’opus montre comment le riddim du reggae devient en concert une invitation à une sorte de transe mystique.
Rastaman Vibration (1976)
Du vivant de Bob Marley, Rastaman Vibration fut son album qui rencontra le plus grand succès. Venant d’être couronné artiste de l’année par le magazine Rolling Stone, l’artiste s’y livre évidemment à un plaidoyer pour la cause rastafarienne (Positive vibration) et à un hommage à Hailé Sélassié (War). Enregistré durant une phase de violence urbaine en Jamaïque, ce disque devient, aux yeux du monde, la preuve de l’engagement d’un artiste venu du tiers-monde. En 1976, Bob Marley devenait ainsi la voix de tous les peuples cherchant à se libérer de l’oppression et de la guerre.
Exodus (1977)
En cette année 1977, Bob Marley a quitté Kingston et une tentative d’assassinat pour rallier Londres. Là, il enregistra de nombreuses sessions, Exodus rassemblant ses morceaux les plus novateurs. Outre le tube Jamming, l’album contient de nombreuses perles d’engagement et de spiritualité : Exodus, appel au rastafarisme et à la libération individuelle, ou Natural Mystic, restent ainsi des classiques du répertoire d’un artiste porté sur la rédemption de l’âme et l’émancipation de l’Homme.
Kaya (1978)
Deuxième disque tiré des sessions londoniennes de 1977, Kaya semble plus pop et solaire qu’Exodus. Porté par des titres comme Sun is Shining, Is This Love ou Satisfy my Soul, le disque a servi de prétexte à une tournée internationale qui devait aboutir à un retour en Jamaïque de sa star mondiale en avril 1978.
Babylon by Bus (1978)
Deuxième album live dans la carrière de Bob Marley, Babylon by Bus a été capté en public lors de la tournée suivant Kaya, à Londres, Paris, Copenhague et Amsterdam. Cette période constitue l’apogée de Bob Marley et du reggae dans le monde : on l’entend à la ferveur du public de cette série de concerts très rock, avec des versions très denses et électriques de Stir it Up, Kinky Reggae et de Punky Reggae Party.
Survival (1979)
La vie de Bob Marley rejoignit la grande Histoire avec Survival. La chanson Zimbabwe, parue sur ce disque, devint un hymne de rébellion pour le peuple de ce pays d’Afrique qui était encore une colonie en 1979.
Marqué par un voyage en Éthiopie, fin 1978, Bob Marley enregistrait son album le plus « africain » (Africa Unite) sans renoncer à rendre le reggae toujours plus accessible, avec un titre comme One Drop et ses chœurs féminins entêtants.
Uprising (1980)
La voix de Bob Marley, une guitare sèche, des paroles tristes et magiques : sur Uprising, le roi du reggae livrait son testament musical avec Redemption Song, l’une des plus belles chansons du monde.
Diagnostiqué d’un cancer, l’artiste offrait sur ce dernier disque anthume une performance mémorable, en particulier avec Could You Be Loved, l’un de ses derniers tubes, et aussi une chanson très sociale, Pimper’s Paradise, autour d’une prostituée piégée par son proxénète. Un exemple de plus du caractère extrêmement engagé de son écriture, qui l’aura porté durant sa carrière flamboyante.
Songs of Freedom (1992)
Nombreuses sont les compilations (comme Legend) à être sorties après le décès de Bob Marley en 1981. Songs of Freedom est l’une des meilleures : on y trouve de nombreuses faces-B issues de son âge d’or, un tube posthume, Iron Lion Zion, et quelques exemples de ce que les Wailers produisaient avant 1973. Simmer Down ou Thank You Lord, à mi-chemin entre rocksteady et reggae, montrent comment Bob Marley, bien épaulé par Peter Tosh et Bunny Wailer a donné aux musiques jamaïcaines un nouveau visage, en ralentissant le rythme et en s’intéressant au rastafarisme et à ses bonnes ondes !