En juin, Jo Nesbø retrouve sa fratrie, Valerio Varesi reste à Parme, Benjamin Stevenson prend le train, Elina Backman traverse la Finlande, Sebastian Fitzek imagine l’impossible, Steve Berry mise sur Cotton Malone et les Louves du Polar dérapent…
Éclipse totale – Une enquête de l’inspecteur Harry Hole – Jo Nesbø (Folio)
Avant la parution d’une nouveauté en juin et une parenthèse fantastique faite de nouvelles et d’un roman, Jo Nesbø publiait en 2023 la treizième enquête d’Harry Hole. Dans Éclipse totale, le boss du polar norvégien envoie son flic préféré en retraite alcoolisée du côté de Los Angeles. Rattrapé par sa réputation jusqu’en Californie, Harry est sollicité moyennant une somme rondelette par un avocat d’Oslo souhaitant mettre hors de cause un de ses clients suspecté d’un double meurtre. Malgré un état d’ébriété bien avancé, l’ancien flic accepte la mission pour donner à une amie de quoi rembourser les usuriers qui la menacent.
La Stratégie du lézard – Commissaire Soneri – Valerio Varesi (Points)
Journaliste au sein d’un grand quotidien national italien, Valerio Varesi publie en 1998 un premier roman qui marque le coup d’envoi de ce qui deviendra sa série étendard. Si l’on considère que sept épisodes restent toujours inédits en France à ce jour, La Stratégie du lézard devient de fait le neuvième tome officiel de ce côté-ci des Alpes. Cette nouvelle enquête du flic le plus désenchanté de Parme propose une triple intrigue où fleurit la corruption et le crime. Une histoire de portable sans propriétaire et sans carte mémoire retrouvé sur les rives gelées du Pô combinée aux disparitions inquiétantes d’un vieil homme dans un hospice et du maire de la ville en vacances au ski forment les trois affaires qui vont donner du grain à moudre au Commissaire Soneri.
Tout le monde dans ce train est suspect – Benjamin Stevenson (10/18)
Qui a dit qu’on ne peut pas être à la fois drôle et écrire des polars à succès ? Certainement pas l’humoriste stand-upper australien Benjamin Stevenson qui s’est fait une spécialité, en marge de ses spectacles, de dépoussiérer, voire de pasticher, dans le suspense et la bonne humeur, le roman à énigme. Après un whodunit familial, Tout le monde dans ce train est suspect nous embarque dans un huis clos ferroviaire toujours en compagnie d’Ernest Cunningham, auteur de polars et avatar de fiction de Benjamin Stevenson. C’est dans le train qui le mène au festival de roman policier d’Adélaïde que le romancier va une nouvelle fois jouer les détectives pour résoudre pas un mais neuf meurtres.
Quand le roi meurt – Elina Backman (Harpercollins)
Adoubée par le public et la critique, Elina Backman a réalisé une entrée tonitruante dans la galaxie du polar nordique dès son premier roman. Publié en 2020 en Finlande, l’année dernière en France, prochainement adaptée pour la télévision, Quand le roi meurt est un de ces thrillers qui coche toutes les cases d’une excellente série. L’histoire est celle d’une journaliste partant se mettre au vert chez sa tante après son licenciement. Sur place, elle entend parler du meurtre non résolu d’une jeune fille depuis 1989. N’écoutant que son instinct professionnel, elle s’intéresse alors de plus près à cette affaire. Dans le même temps à Helsinki, le corps d’un notable à la tête marquée d’une couronne au fer rouge est retrouvé noyé…
Tu n’aurais pas dû venir ici – Jeneva Rose (Pocket)
Nouveau visage du thriller psychologique américain, Jeneva Rose s’est fait connaître en France il y a deux ans par un suspense conjugal bien plus corsé qu’une simple bluette sentimentale qui aurait mal tournée (Le Mariage parfait). Quatre romans plus tard, Tu n’aurais pas dû venir ici reste parfaitement fidèle à son goût pour le suspense domestique et les enjeux sentimentaux qui déraillent. L’intrigue prend la direction d’un ranch du Wyoming loué par une New-Yorkaise en quête de tranquillité réparatrice après un burn-out. Victimes d’un coup de foudre mutuel, Grace et Calvin, son logeur et le propriétaire des lieux, vont alors vivre une drôle d’idylle plombée par les mensonges et les dissimulations qui va insidieusement dérailler vers le pire.
La Liseuse de visages – Sebastian Fitzek (Le Livre de Poche)
Chef de file du thriller psychologique allemand, Sebastian Fitzek gagne à chaque nouveau roman un paquet de nouveaux adeptes bien au-delà des rives du Rhin. C’est le cas en France où les adaptations de ses intrigues en série TV (Thérapie, Le Tueur au calendrier) ont contribué à son succès littéraire. Dans La Liseuse de visages, thriller millésimé 2023, il s’intéresse au cas d’une star du décryptage d’expression faciale enquêtant sur une femme qui s’accuse du meurtre d’un de ses proches. Après être passée aux aveux, cette dernière prend la tangente en annonçant qu’elle doit finir le travail. En analysant les bandes vidéo de l’interrogatoire pour l’arrêter, Hannah Herbst, experte de la police, découvre abasourdie que la meurtrière lui ressemble comme deux gouttes d’eau.
Le Secret Atlas – Une enquête de Cotton Malone – Steve Berry (Pocket)
On ne présente plus Steve Berry, pape américain du polar historique et ésotérique, créateur de l’ex-agent de la CIA, expert en livres anciens, Cotton Malone. À tête d’une série depuis près de vingt ans, son héros étrennait l’année dernière sa dix-huitième enquête. En version poche en juin, Le Secret Atlas permet de le retrouver, associé à la fidèle Cassiopée Witt, enquêtant sur les agissements suspects d’une banque luxembourgeoise suspectée d’œuvrer pour qu’une société secrète fasse main basse sur un trésor de guerre japonais. Animés par de bien mauvaises intentions, les conspirationnistes doivent être stoppés par les deux agents secrets avant qu’ils ne mettent leur projet à exécution.
Le Crime de la falaise – Mystères sur la côte – LJ Ross (J’ai Lu)
Publiée pour la première fois en France en 2024 avec ce premier épisode des Mystères de la côte, l’ex-avocate devenue romancière à plein temps LJ Ross a très vite séduit les amateurs de polars cosy crime. Acte 1 d’une série policière qui en compte aujourd’hui deux, Le Crime de la falaise affiche d’entrée de jeu son ADN balnéaire et feutré dans une intrigue impliquant une éditrice ayant fui Londres après avoir été prise pour cible par un tueur en série. Reconvertie à la tête d’un café-librairie d‘un petit village de la côté anglaise, elle reprend goût à la vie, loin de toute angoisse. Malheureusement, un soir d’orage, elle distingue clairement une silhouette pousser une femme du haut d’une falaise. Alors qu’elle décide d’enquêter pour le démasquer, l’assassin choisit de l’intimider.
Le Veuf noir du Grand Canyon – Vincent Manileve (10/18)
Journaliste spécialiste du digital et des nouvelles technologies, auteur d’une enquête remarquée dans les coulisses de YouTube, Vincent Manileve change radicalement de registre en basculant dans la rubrique police-justice avec un true crime américain. Basé sur une affaire criminelle qui s’étale sur plus de vingt ans, Le Veuf noir du Grand Canyon raconte le dessein meurtrier d’un homme en apparence ordinaire soupçonné d’avoir tué quatre personnes dont ses trois épouses successives. Toujours à l’aise dans son rôle d’époux éploré victime d’un destin qui s’acharne malgré les soupçons des enquêteurs, Robert Spangler entre au début des années 2000 en phase terminale d’un cancer. Convaincue de sa culpabilité mais sans preuves, la police tente alors de lui soutirer des aveux.
Dérapages – Les Louves du polar (Pocket)
Les Louves du Polar est un collectif féminin et féministe créé, entre autres célèbres plumes, par Sonja Delzongle, Céline Denjean ou encore Cécile Cabanac pour apporter de la visibilité aux autrices de thrillers, polars et romans noirs objectivement moins bien identifiées que leurs homologues masculins. Recueil de nouvelles sur le thème général du basculement et des sorties de route, Dérapages racontent dix-neuf histoires violentes, poignantes ou réjouissantes dans lesquelles chaque héroïne est mise face au pire, comme parfois au meilleur, de ce que le destin peut aujourd’hui réserver à une femme.