En avril, Bernard Minier repasse les Pyrénées, John Grisham rappelle une vieille connaissance, Shari Lapena se paie une famille, Karin Slaughter s’attaque à un sujet brûlant, Barbara Abel dévoile les secrets d’une femme, Jack Carr met son héros dans la ligne de mire, Freida McFadden change de profession mais pas de suspense, Jean-Luc Bannalec kiffe toujours la Bretagne, Piergiorgio Pulixi réunit son équipe et… Angela Merkel se prend pour Miss Marple.
Lucia : Les Effacées – Bernard Minier (XO)
Après nous avoir présenté sa nouvelle héroïne en 2022 lors d’une enquête inaugurale aussi érudite que brutale du côté de l’université de Salamanque, Bernard Minier propose en avril un second rendez-vous espagnol avec Lucia Guerrero. Pour Les Effacées, l’indomptable enquêtrice de la Guardia civil se retrouve à faire le grand écart entre deux affaires de meurtres en série. L’une en Galice visant des jeunes femmes préalablement kidnappées et torturées, l’autre en plein cœur de Madrid où un tueur sanguinaire s’en prend à des personnalités de la haute bourgeoisie. Alors que sa hiérarchie lui ordonne de concentrer tous ses efforts sur ce cas politiquement sensible, Lucia reçoit de menaçants messages anonymes, orduriers et misogynes. Tensions sociales, fake news et violences sexistes, Bernard Minier porte une nouvelle fois par le prisme du thriller un regard lucide et glaçant sur la société d’aujourd’hui.
Le Réseau – John Grisham (JC Lattès)
Plus de trente ans après le succès stratosphérique de La Firme, considéré aujourd’hui comme la référence du thriller judiciaire, John Grisham réactive contre toute attente le personnage de Mitch McDeere qu’incarna Tom Cruise au cinéma. Suite en trompe-l’œil de son best-seller, Le Réseau débute par le retour à Memphis de l’avocat désormais installé à New-York depuis quinze ans. Passée cette première intrigue secondaire soldant définitivement le passé, les choses se compliquent quand la fille de son associé est enlevée par un groupe terroriste libyen. Écumant sans perdre de temps son réseau pour réunir la somme exigée par les ravisseurs, Mitch va se retrouver mêlé malgré lui à un complot politico-financier de dimension internationale… Maîtrise narrative et sens du détail, John Grisham nous fait une nouvelle fois visiter la face cachée du pouvoir.
Repas de famille – Shari Lapena (Presses de la cité)
Référence mondiale du thriller domestique, Shari Lapena s’est fait un nom en 2016 avec Le couple d’à côté. Pour son premier polar, elle tissait sur une histoire de kidnapping d’enfant, un suspense psychologique oppressant où la cellule familiale était mise à rude épreuve. Très à l’aise dans cette veine conjuguant codes du thriller et étude de mœurs, la romancière canadienne garde aujourd’hui sans surprise la famille dans sa ligne de mire avec le bien nommé Repas de famille, son septième roman. Cette fois, les trois rejetons d’un patriarche particulièrement détestable se retrouvent soupçonnés du meurtre sauvage de leurs parents après une réunion familiale pour le moins houleuse à l’annonce de la vente de la maison de famille. Personnages peu recommandables, à la fois jaloux et cupides, les deux filles et le fils Merton avaient toutes les raisons d’en vouloir à un père qui les auraient secrètement déshérités.
Ton pire cauchemar – Karin Slaughter (Harpercollins)
D’une remarquable régularité depuis le succès de son tout premier roman en 1991, Karin Slaughter est aujourd’hui traduite dans le monde entier. Toujours à l’affut de best-sellers policiers à adapter, les plateformes de streaming ont jeté sans surprise leur dévolu sur ses thrillers. Après la récente mise en production de trois de ses romans indépendants, dont un déjà diffusé, c’est au tour de la série Will Trent d’être adaptée. Onzième épisode de ce cycle consacré à un agent spécial fragilisé par sa dyslexique et son enfance douloureuse, Ton pire cauchemar, à paraître en avril, ose s’aventurer sur le terrain des agressions sexuelles. Victime de dans le passé, la fiancée de Trent assiste au procès d’un homme accusé du viol mortel d’une jeune femme qu’elle n’a pas réussi à sauver alors qu’elle était de garde aux urgences. Outré par l’acquittement du violeur pour manque de preuves, elle décide d’enquêter avec Will. Au gré de leurs investigations, il apparaît qu’il existe peut-être un lien entre de multiples agressions, dont la sienne…
Les Enquêtes de Miss Merkel : Mortelle croisière – David Safier (City)
Reconvertir une ex-chancelière allemande en héroïne de polar, il fallait y penser ; David Safier l’a fait. Pour coller au plus près de la vraie personnalité de celle qui dirigea son pays durant seize ans, l’auteur qui a de la suite dans les idées s’est beaucoup documenté pour construire une série policière à la mesure de la nature à la fois tenace et débonnaire d’Angela Merkel. Un profil qui fait d’elle une parfaite héroïne de cosy crime, à mille lieux d’une enquêtrice dépressive de thriller horrifique. Dans Les enquêtes de Miss Merkel, on la retrouve donc à la campagne profitant d’une retraite bien méritée aux côtés de son mari. Alors que ses journées sont d’un calme assommant, elle se découvre un vrai talent de détective à l’occasion du meurtre d’un de ses voisins. Avec Mortelle croisière, elle endosse une troisième fois son officieuse fonction de limier pour démasquer l’assassin d’un auteur de polar présent sur un paquebot où se tenait une réunion d’auteurs et d’amateurs d’énigmes criminelles.
Comme si de rien n’était – Barbara Abel (Recamier)
Récompensée au prestigieux Festival de Cognac dès son premier roman policier en 2002, la bruxelloise Barbara Abel s’est depuis taillée une belle réputation dans l’univers du roman noir francophone. Courtisée par le cinéma et la télévision belge, elle est aujourd’hui approchée par Hollywood qui projette de produire à son tour une adaptation US de Derrière la haine. Éprise d’histoires où le drame et la folie couvent au cœur de relations familiales, amicales ou sociales, elle publie en avril Comme si de rien n’était, son quinzième roman. Fidèle à son goût pour les personnages au bord de la rupture, elle met cette fois en scène le destin d’une mère de famille terrorisée par les méfaits du hasard. Alors qu’elle maintient sa vie et celle de son jeune fils sous un contrôle drastique, elle croise la route d’un homme qui, contrairement à elle, semble reconnaître en elle une vieille connaissance. Adèle aurait-elle menti sur son passé ?
Le Fils sauvage – Jack Carr (Nimrod)
Incarnation d’une de ces success-story rédemptrices dont raffolent les Américains, l’ancien Navy Seal Jack Carr a gardé de son passage parmi les forces spéciales de l’oncle Sam, une aptitude quasi endémique pour l’efficacité. En accord avec l’adage affirmant qu’on ne raconte bien que ce que l’on connaît, l’auteur de La liste terminale – son premier roman déjà adapté et diffusé – puise dans son expérience opérationnelle pour imaginer des intrigues où action, espionnage et enjeu géopolitique font bon ménage. Dans Le Fils sauvage, troisième épisode des aventures musclées de Jack Reece, l’ex-sniper des Marines définitivement réhabilité par la CIA et le gouvernement se retrouve dans le collimateur d’un redoutable agent renégat œuvrant pour le compte de la mafia russe.
La Psy – Freida McFadden (City)
Après l’immense succès des deux volumes consacrés aux mésaventures d’une femme de chambre mal inspirée dans le choix de ses employeurs, Freida McFadden change de métier en s’intéressant cette fois au cas d’une célèbre psychiatre mystérieusement disparue depuis quatre ans. Fonctionnant comme une sorte de foundfootage sonore – en référence au principe des images retrouvées cher au cinéma d’horreur – La Psy propose un dispositif narratif original basé sur la retranscription des cassettes audio des séances de la thérapeute. C’est par ces bandes que l’intrigue progresse entre manipulation, folie et malveillance jusqu’à un final absolument vertigineux. Indispensable à toutes celles et ceux qui exigent des émotions fortes, le nouveau Freida McFadden est un page-turner ultra-addictif.
Commissaire Dupin, Tome 11 : Les Fantômes du Finistère – Jean-Luc Bannalec (Presse de la cité)
Comme son nom ne l’indique pas, Jean-Luc Bannalec est le pseudonyme d’un romancier allemand passionnément francophile. Auteur des Enquêtes du Commissaire Dupin, série best-seller dans son pays et un peu partout en Europe, Jörg Bong, de son vrai nom, est aujourd’hui le meilleur ambassadeur de la Bretagne outre-Rhin. Pour saisir l’ampleur du phénomène, il faut savoir qu’à la suite de son adaptation pour la TV allemande, la côte bretonne devient une destination prisée par de nombreux touristes allemands ravis de partir sur les traces du « Kommissar » Dupin. Tome 11 de la saga, Les Fantômes du Finistère permet de le retrouver en grande forme pour démêler les fils d’une intrigue complexe où est impliqué son plus proche collaborateur, violemment agressé alors qu’il venait constater le décès apparemment naturel de sa tante. Pour ne rien arranger, la vieille dame laisse derrière elle un héritage suffisamment important pour exciter les convoitises.
Une enquête d’Eva et Mara : La septième lune – Piergiorgio Pulixi (Gallmeister)
Référence incontournable du polar italien contemporain, le sarde Piergiorgio Pulixi a fait de l’idée de justice et de la notion de bien et de mal les sujets centraux de la majorité de ses romans. Une orientation qui s’accorde avec celle de son mentor, l’auteur de séries policières Massimo Carlotto, protagoniste d’une célèbre affaire judiciaire qui troubla l’Italie des années 70 à 90. Quatrième enquête d’Eva et Mara sur les trois publiées en France, La septième lune, qui paraît aujourd’hui, s’inscrit en réalité dans un cycle nommé Les chansons du mal. Cette fois, les deux enquêtrices et le criminologue Vito Strega inaugure leur nouvelle unité en Sardaigne quand le devoir les rappelle sur le continent où le meurtre d’une jeune fille dans un parc de Lombardie leur évoque une ancienne affaire.
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