Avec par ordre alphabétique, Sandrine Collette, Melissa Da Costa, Marc Dugain, Lionel Duroy, Régis Jauffret, Liane Moriarty, Amélie Nothomb, Andrew Ridker, Vanessa Springora et Karine Tuil, la rentrée hivernale des grands romans de petite taille a fière allure…
Et toujours les forêts – Sandrine Collette (LGF)
Devenue une des figures féminines du thriller français, Sandrine Collette change de registre pour son huitième roman. Drame post-apocalyptique salué par une pluie de prestigieuses récompenses, Et toujours les forêts s’attache au destin fatalement solitaire de l’unique survivant à la fin du monde. Plus rural, moderne et profond qu’un classique du genre comme Je suis une légende, ce roman d’une intensité exceptionnelle est porté par une écriture au diapason.
Tout le bleu du ciel – Mélissa Da Costa (LGF)
Un jeune homme atteint d’Alzheimer précoce et une fille mystérieuse font faire l’expérience du pouvoir initiatique de la route… Leur périple offre à Mélissa Da Costa l’occasion de dresser les portraits délicats et nuancés de deux êtres malmenés par la vie. Roman feel good chargé d’une mélancolie contemplative inattendue, Tout le bleu du ciel déborde d’émotions sincères qui font du bien.
Transparence – Marc Dugain (Folio)
Pour sa première incursion dans l’univers de l’anticipation, Marc Dugain s’approprie les codes du genre pour proposer une réflexion profonde sur l’avenir de l’humanité face aux nouvelles technologies soumises à l’intelligence artificielle. Construit sur une intrigue plongeant dans les méandres du big data, Transparence nous entraîne dans un futur transhumaniste pas si lointain où nos données personnelles pourraient bien devenir le prix à payer pour nous garantir de survivre en paix.
Nous étions nés pour être heureux – Lionel Duroy (J’ai Lu)
Lionel Duroy s’est construit en opposition à une famille dont il n’a jamais partagé les idées ni les choix de vie. Sur la base de cette blessure toujours vivace, il bâtit depuis 1990 une œuvre qu’il a largement placé sous le signe de l’autobiographie. Sur ce même registre, Nous étions nés pour être heureux se présente comme un geste de résilience de la part d’un romancier désireux de se réconcilier avec des frères et sœurs qui ne lui ont jamais pardonné d’écrire sur leur famille.
Papa – Régis Jauffret (Points)
Régis Jauffret est un auteur singulier qui dilue comme personne la réalité dans le romanesque. Après avoir écrit des romans chocs à partir de sordides faits divers médiatiques comme les affaires Stern, Josef Fritzl et DSK, c’est cette fois à lui-même qu’il applique ses propres règles narratives. Papa est une auto-fiction où il s’appuie sur un film d’archive de la Gestapo pour enquêter sur l’histoire trouble de son père durant l’occupation et s’interroger sur l’essence des rapports filiaux.
Neuf parfaits étrangers – Liane Moriarty (LGF)
Cinquième roman de Liane Moriarty a être publié en France, Neuf parfaits étrangers met en scène un groupe de curistes venant se ressourcer dans une luxueuse station thermale dirigée par une femme aux méthodes de remise en forme peu orthodoxes. Entre séances de relaxation qui tournent au désastre et secrets inavouables qui explosent au grand jour, la romancière australienne tire à boulets rouge sur tous ces gourous auto-proclamés du développement personnel.
Soif – Amélie Nothomb (LGF)
Vingt-huitième roman d’Amélie Nothomb, Soif a animé en 2019 la rentrée littéraire et la course au prix Goncourt. Dans ce texte à la première personne qui tient une place à part dans son œuvre, la romancière belge investit le personnage de Jesus pour remettre de l’ordre dans l’histoire tumultueuse du christianisme. De l’affaire des miracles jusqu’à la vérité sur Judas, aucun sujet ni aucun protagoniste que l’on trouve dans les Évangiles n’échappe à la sagacité d’un homme qui ne voulait pas être un messie.
Les Altruistes – Andrew Ridker (10/18)
Nouveau venu dans l’univers de la littérature américaine, Andrew Ridker signe un premier roman culotté qui prend le contre pied parfait de ces drames familiaux consensuels et dégoulinants de bons sentiments. Dès son titre qu’ils ne faut pas croire sur parole, Les Altruistes donne le ton d’une histoire de famille au vitriol traversée par un humour noir jubilatoire qui élargit la focale sur toutes les contradictions de l’Amérique d’aujourd’hui.
Le consentement – Vanessa Springora (LGF)
Témoignage glaçant d’une enfance souillée et acte littéraire de reconstruction, Le consentement a fait l’effet d’une bombe au moment de sa sortie. À travers le récit de sa relation amoureuse avec l’écrivain Gabriel Matzneff, Vanessa Springora livre un texte d’une force dévastatrice mettant à nu l’ignoble mécanique d’emprise déployée par un monstre pédophile qui a pu agir en toute impunité durant des décennies grâce au silence complice d’un certain microcosme intellectuel.
Les choses humaines – Karine Tuil (Folio)
Roman doublement récompensé en 2019 par le prix Interallié et le Goncourt des lycéens, Les choses humaines est librement inspiré par une affaire de dénonciation pour viol sur un campus américain. Dans cette adaptation à la réalité française, Karine Tuil fait vaciller sur ses bases une famille habituée des hautes sphères du pouvoir. Victime d’une machination destructrice et jetée en pâture en plein contexte inflammable, elle va constater que certains combats légitimes peuvent parfois devenir des pièges implacables.