Sélection

Des photographes à l’honneur

13 avril 2022
Par Anastasia
Des photographes à l'honneur

On ne parle pas assez de l’importance de la photographie dans nos vies. Qu’elle sert à capter un instant magique, à figer une scène ou à certifier un événement, la photo n’est pas une action anodine. Pour que vous puissiez en jouir avec nous, voici une courte sélection de photographes qui ne nous laissent pas indifférents.

 

Vivian Maier : Une photographe de rue anonyme

Vivian-Maier-Street-PhotographerQui est-elle ?

Photographe de l’ombre, reconstituer la vie de Vivian Maier n’a pas été facile. Née en 1926, Vivian voit ses parents se séparer très jeune. Suite à cet événement, elle part vivre avec sa mère dans le Bronx, chez une amie, la photographe renommée Jeanne Bertrand. Dans les années 1930, elles partiront ensemble pour la France et reviendront en 1938, aux États-Unis, alors que Vivian a 12 ans.

Bien des années plus tard, la jeune femme devient gouvernante pour enfants. Ce métier ne la passionne pas mais lui permet de laisser libre-court à ce qu’elle aime : la photographie. En effet, chez les Gensburg, pour qui elle travaille à l’âge de 30 ans, elle dispose d’une salle de bain privée qui lui sert également de chambre noire pour développer les négatifs et les films de son Rolleiflex. Par ailleurs, dès qu’elle le peut, elle sort dans la rue pour photographier la vie quotidienne des gens de la société. Elle part aussi pendant quelques mois (entre 1959 et 1960) faire le tour du monde : Yémen, Italie, Canada, Bangkok, etc.

Une fois que les enfants Gensburg sont grands, elle devient gouvernante des enfants de Phil Donahue. C’est durant cette période qu’elle passe à la photographie en couleur et utilise divers appareils photo dont un Kodak et un Leica. Cette période marque également un tournant car ses films et négatifs ne sont quasiment plus développés ni tirés.

Pour la petite anecdote, lorsqu’elle est engagée chez les Usiskin, elle leur dit : « Je dois vous dire que je viens avec ma vie, et ma vie est dans des cartons ». Quelle ne fut pas leur surprise en la voyant arriver avec plus de 200 cartons de négatifs et de matériel photographique !

En 2007 (deux ans avec sa mort), les cartons de Vivian Maier, qui étaient stockés dans un garde-meuble, sont mis aux enchères. En effet, les frais de stockage étaient restés depuis longtemps impayés. Si l’on peut d’abord penser à une tragédie, arrêtons-nous là car c’est grâce à cette vente aux enchères que John Maloof découvre son talent, en se portant acquéreur d’un des gros lots. Malheureusement, il ne pourra jamais rencontrer Vivian avant son décès…

En bref, c’est plus de 150 000 images qui comblent l’existence de Vivian Maier. Inconnue de son vivant, on retrouva d’elle de multiples traces : des bobines jamais développées restées dans des valises et des boîtes. C’est avec le livre de John Maloof, Vivian Maier, Street Photographer, que le monde entier commence à la connaître.

Quel est son style photographique ?

Vivian Maier est une photographe de rue. D’abord en noir et blanc, ses photographies sont par la suite prises en couleurs.

Toujours avec un appareil photo dans la main, elle fige des scènes de la vie quotidienne : celle des gens de la bonne société, mais aussi celle des marginaux, des mendiants, des travailleurs, des enfants, des familles. En somme, des habitants.

Si l’autoportrait est une des caractéristiques de son style photographique, elle a également un oeil particulier pour prendre des portraits, des scènes de vie en mouvement, des paysages, et faire émerger les petits détails.

Salgado : Un homme au style hybride

Sebastiao-Salgado-Gold

Qui est-il ?

Avons-nous encore besoin de le présenter ? Sebastiao Ribeiro Salgado est un photographe humaniste franco-brésilien qui travaille principalement en argentique noir et blanc.

En 1969, il s’installe à Paris avec sa femme après avoir fuit la dictature brésilienne. Il y suivra des cours à l’École nationale de la statistique et de l’administration économique pour y préparer un doctorat d’économie agricole.

Quelques années plus tard, en 1973, il commence à s’intéresser à la photographie et quitte brutalement l’Organisation internationale du café pour laquelle il travaillait à Londres. D’un même mouvement, c’est toute sa carrière qui prend un véritable tournant.

Dans le journal La Croix, en 2000, il raconte à Armelle Canitrot : « J’emportais mon appareil photo pour mes enquêtes et je me suis aperçu que les images me donnaient dix fois plus de plaisir que les rapports économiques. Je commençais à voir le monde d’une autre manière, à travers le viseur et par contact direct avec les gens. En fait, j’ai continué à faire la même chose : dresser un constat de la réalité. »

C’est ainsi qu’il intègre successivement les agences de photographies : Sygma (1974-1975), Gamma (1975-1979) et Magnum (1979-1994).

En 1994, il crée avec sa femme l’agence de presse photos Amazonas Images à Paris.

Quel est son style photographique ?

Tout d’abord, Salgado travaille toujours en noir et blanc, jouant entre le numérique et l’argentique. N’aimant pas regarder ses photographies au travers d’un écran, il tire les fichiers numériques sous forme de planche-contact pour ensuite choisir les photographies qu’il souhaite tirer sur papier. Les photos sélectionnées sont ensuite traitées avec le logiciel DXO filmpack qui rajoute du grain argentique. Enfin, celles-ci sont transférées sur une pellicule argentique sans grain (internégatif) qui permet au tireur de réaliser des tirages argentiques.

De lui, nous pouvons nous rappeler le reportage Mine d’or de Serra Pelada, une série de photo sur le quotidien d’une mine d’or au Brésil et sur les conditions de travail des mineurs ; mais également Exodes où il écrit dans l’introduction que plus que jamais, il n’a senti que la race humaine était une.

Comme Salgado l’a si bien dit, en souhaitant dresser un constat de la réalité, il utilise son œil acéré à des fins d’observer la vie de celles et ceux qui vivent et travaillent dans des conditions difficiles.

Un pur chef-d’oeuvre d’humanisme.

Helmut Newton : de l’érotisme engagé

Qui est-il ? Helmut-Newton-SUMO-20th-Anniversary-Edition

Dans un tout autre style, nous retrouvons Helmut Newton, un photographe australien d’origine allemande.

Connu pour ses photographies de nus féminins et de mode, il compte à son palmarès des modèles comme Catherine Deneuve, Grace Jones, Cindy Crawford, Kate Moss…

Très jeune, Helmut Newton s’intéresse à la photographie et en 1936, il devient l’élève de la photographe allemande, Else Simon. C’est d’ailleurs d’elle qu’il tiendra son style photographique.

Après la Seconde guerre mondiale, il se lance en tant que photographe indépendant et réalise des photos de mode ainsi que certaines commandes pour le magazine Playboy. Bien plus tard, en 1961, il réalise de nombreuses séries de mode pour beaucoup de magazine dont le très célèbre Vogue.

Quel est son style photographique ?

La photographie d’Helmut Newton est un mélange de subjectivité sensuelle, d’érotisme fort, le tout amplifié par des scènes très stylisées avec, souvent, une violence cachée.

De lui, nous pouvons retenir de nombreux albums dont notamment SUMO, une anthologie regroupant quatre cents de ses clichés. Un livre aussi magnifique qu’il est grand, (avec un poids impressionnant de trente-cinq kilos) !

Robert Doisneau : le passant patient

Paris-DoisneauQui est-il ?

Robert Doisneau était un grand photographe humaniste français d’après-guerre. S’il étudie dans sa jeunesse les Arts graphiques à l’école Estienne, il intègre un an plus tard, en 1930, l’Atelier Ullmann en tant que photographe publicitaire.

C’est vraiment après la Seconde guerre mondiale que Robert Doisneau se lance dans la photographie en indépendant, en intégrant dès 1946, l’agence de photographies Rapho. C’est à partir de cette période qu’il réalise de nombreux reportages photographiques sur le Paris populaire et son actualité, sur la province et sur l’étranger (États-Unis, URSS…).

Quel est son style photographique ?

Doisneau photographiait beaucoup en noir et blanc les rues du Paris d’après-guerre et sa banlieue. C’est d’ailleurs ce qui a participé à sa renommée.

Toujours à distance de ses sujets, il attend le bon moment pour enfermer dans l’immortalité le sujet de sa photographie, la petite histoire qui prend un pied de départ à la vue de la photo et continue de dérouler son fil dans notre tête.

Richard Avedon : un capteur d’âme

Qui est-il ? At-work-in-the-American-West

Richard Avedon était un photographe de mode et portraitiste américain ayant beaucoup travaillé pour les magazines Life, Vogue et Harper’s Bazaar.

Avedon obtient son premier appareil photo à l’âge de dix ans et prend son premier portrait, celui de son voisin Sergueï Rachmaninov.

Durant la Seconde guerre mondiale, il sert comme assistant photographe de seconde classe dans la marine américaine et c’est ainsi qu’il commence sa carrière de photographe.

En 1944, alors qu’il travaille comme photographe publicitaire pour un grand magasin New-Yorkais, il est repéré par Alexey Brodovitch, le directeur artistique du magazine de mode Harper’s Bazaar.

Quelques années plus tard, en 1946, il crée son propre studio et collabore avec les magazines Vogue et Life.

Dans les années 1960, en parallèle de ses photographies de mode, il se lance dans des travaux plus personnels comme la prise de vue de malades internés dans des hôpitaux psychiatrique, de manifestants contre la guerre du Viêt Nam… C’est par la suite qu’il s’intéresse aux portraits, dont ceux des Beatles qui sera utilisé pour leur pochette de disque Love Songs.

Quel est son style photographique ?

Si Avedon est un photographe de mode, il s’éloigne cependant des codes et techniques de prise de vue du domaine, où les modèles semblent fades. Lui, montre les sujets pleins d’émotions : riant, souriant, et très souvent, en action.

Quand ce n’est pas des photos de mode, ce sont des portraits que prend Avedon. Toujours, ses sujets regardent directement l’objectif en posant de face devant un fond entièrement blanc. S’intéressant à la manière dont le portrait peut traduire la personnalité et l’âme du sujet photographié, il fait de ce mode photographique un véritable art.

Annie Leibovitz : l’héroïsation des corps

Annie-LeibovitzQui est-elle ?

Anna Lou Leibovitz est une photographe américaine spécialisée dans les portraits de célébrités.

À l’âge de 23 ans, elle devient la photographe officielle du magazine Rolling Stone. D’ailleurs, nous tenons d’elle la dernière photographie de John Lennon juste avant que celui-ci décède, en décembre 1980.

Dans les années 1990, elle commence à travailler pour le magazine Vogue et nous lui devons notamment une très belle série de photographies « Alice in Wonderland » qu’elle réalisa avec Grace Coddington.

Quel est son style photographique ?

Dans ses photographies, Annie Leibovitz met en valeur ses modèles par le glamour et leur esthétisation, tout en mettant en avant un détail lié à leur vie personnelle ou publique.

Les photographies d’Annie sont très travaillées, que ce soit lors de la prise de vue qu’en post-production. Si le cadrage est classique, la scénographie est, quant à elle, grandiose et théâtrale.

*Copyright visuel : Photographie d’Annie Leibovitz pour le magazine Vogue, série « Alice in Wonderland ».

Article rédigé par
Anastasia
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