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6 incroyables films inachevés de l’histoire du cinéma !

14 octobre 2024
Par Pierre-Louis
6 incroyables films inachevés de l’histoire du cinéma !

Dans l’histoire du septième art, certains projets n’ont malheureusement jamais pu voir le jour. Trop chers, trop ambitieux, ravagés par la météo, la maladie ou pire encore… On revient sur dix films majeurs qui ne sont jamais sortis en salles, à notre grand regret !

Dune d’Alejandro Jodorowsky

Mick Jagger, Salvador Dali, Alain Delon, Orson Welles, pour ne citer qu’eux, avaient d’ores et déjà donné leur accord pour participer à ce film hors-normes. Un film qui ne dépassera jamais le stade de projet… Pourtant porté à bout de bras par le réalisateur déjanté Alejandro Jodorowsky, lui-même épaulé par Michel Seydoux, alors jeune producteur, les cinéphiles de l’époque y voient les signes d’un film au potentiel gigantesque. Jodorowsky travaille dessus nuit et jour, démarche les meilleurs spécialistes en effets spéciaux, costumes, décors, mais surtout, s’entoure d’un génie du dessin, le français Jean Giraud alias Moebius. Ce dernier a la lourde tâche de retranscrire sur papier toutes les idées de Jodorowsky et c’est peu dire qu’il n’en manque pas. Après 4 ans de travail, le storyboard se dévoile : long d’une trentaine de centimètres sur quinze de haut, il contient près de 3000 dessins…

Après avoir fait entraîner son fils aux arts martiaux 6h par jour, 7j/7, ou encore réussi à convaincre les Pink Floyd de faire la BO, Jodorowsky se rend à Hollywood avec Seydoux, pour trouver les 5 millions manquants à leur budget. L’ampleur du projet effraie tous les studios. Jodorowsky avait notamment prévu que son film dure près de 12 heures… Ce projet mort-né sera pour l’équipe entière le traumatisme d’une vie.

Par la suite, David Lynch a lui aussi tenté d’adapter cette bible qu’est Dune, avec un succès pour le moins mitigé. En 2020, c’est au tour du réalisateur Denis Villeneuve de reprendre le bébé. Au casting, du très costaud, Timothée Chalamet, Oscar Isaac, Rebecca Ferguson, Josh Brolin, Charlotte Rampling ou encore Jason Momoa. Espérons, cette fois-ci, une adaptation vraiment à la hauteur du chef-d’œuvre de Frank Herbert.

L’Enfer de Henri-Georges Clouzot

Le brillantissime Henri-Georges Clouzot, après son chef-d’œuvre La vérité, souhaite faire quelque chose de nouveau. Il s’est retiré à Tahiti, muré dans une sérieuse dépression. Pourtant, une idée de scénario l’obsède, il veut filmer la paranoïa, la folie discrète. Il a déjà les acteurs en tête, Romy Schneider sera la splendide Odette, femme amoureuse et mère modèle. Serge Reggiani sera Marcel, un homme tourmenté qui a réussi sa vie, propriétaire d’une belle auberge et époux comblé d’Odette, qui lui a fait un enfant magnifique. Et pourtant, petit à petit, il est persuadé que sa femme le trompe. Avec tout le monde, tout le temps.

Séduits par son idée et son casting, les producteurs lui donnent carte blanche et budget illimité. Clouzot sait ce qu’il veut : il veut faire de son film un modèle de perfection. Le tournage ne se passe pas bien, certains membres de l’équipe technique quittent le film, tant la pression qu’exerce sur eux le réalisateur est forte. Les acteurs également commencent à se lasser de ce réalisateur à l’exigence démesurée. Bon an, mal an, c’est près de 18h de pistes qui seront néanmoins tournées.

Après 3 semaines de tournage intensif, Clouzot fait un infarctus. C’est la catastrophe, le tournage s’arrête net. Dès lors, les sociétés d’assurance refuseront d’assurer les longs-métrages du réalisateur. Les essais seront remontés pour un documentaire en 2009, ils témoigneront du potentiel dingue du film. Près de 30 ans plus tard, Claude Chabrol a adapté le scénario de Clouzot, et son Enfer aura en rôles titres, Emmanuelle Béart et François Cluzet, un bel hommage.

Napoléon de Stanley Kubrick

Le réalisateur culte de The Shining, 2001, L’Odyssée de l’espace ou encore Full Metal Jacket a lui aussi vu un de ses projets s’effondrer, et pas des moindres. Depuis tout jeune, Kubrick était fasciné par l’empereur Napoléon Bonaparte. Plus précisément, il ne parvenait pas à comprendre comme un homme si intelligent avait pu tout perdre. Ainsi le réalisateur américain entreprit de réaliser un film sur le français le plus illustre, le tout de manière autobiographique. Après un travail acharné de plusieurs années, en plus d’un scénario de 186 pages, il avait amassé un dossier iconographique de 17 000 images d’époque photographiées… Kubrick avait acheté les droits d’un livre de Felix Markham (Kubrick n’a réalisé qu’un seul film dont le scénario était original : Le Baiser du Tueur, en 1954), un professeur spécialiste de l’empereur français, qu’il choisit par la suite comme consultant.

Dans le rôle de Napoléon, le réalisateur avait jeté son dévolu sur Jack Nicholson ou Al Pacino mais aucun des deux acteurs ne se montra vraiment convaincu par le projet. Audrey Hepburn déclina elle aussi le rôle de Joséphine. Finalement le coup de grâce vint du film Waterloo de Bondartchouk. Ce long-métrage fut un tel échec commercial que les producteurs de Metro-Goldwyn-Mayer firent savoir à Kubrick que le projet était annulé. On se mord les doigts que ce film pour le moins prometteur ne se soit pas fait…

Kubrick

Leningrad de Sergio Leone

Lorsqu’il lit Les 900 jours, le siège de Leningrad, de Harrison Salisbury, Sergio Leone a une révélation. Il s’imagine exactement comment l’adapter sur grand écran. Néanmoins ce projet n’a rien de facile, bien au contraire. Première difficulté, le budget : Leone l’estime à pas moins de 100 millions de dollars… Néanmoins, le réalisateur italien auréolé de plusieurs succès d’ampleur obtiendra les financements. L’autre difficulté, c’est que Leone souhaite absolument tourner le film à Leningrad même. Cependant, dans le contexte de guerre froide URSS/Etats-Unis, les autorités soviétiques sont intraitables et refusent ce tournage. De quoi le repousser durant de nombreuses années…

Avec l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir (en 1985, alors que Leone a lu le livre en 1969 !), la probabilité d’un tournage sur place prend de l’épaisseur. Il a son acteur principal, ce sera Robert de Niro. Il campera le rôle d’un photographe de guerre américain au destin tragique : il trouvera la mort le jour de la libération de la ville. Leone a décrit avec précision la scène d’ouverture de son film : « Je commence par un gros plan des mains de Dmitri Chostakovitch, filmées depuis une fenêtre. Elles sont sur les touches de son piano et cherchent les notes de sa Symphonie 7, dite de Leningrad. Toute la séquence d’ouverture est construite autour de cette musique. On sort de la chambre et la caméra commence son voyage à travers la « blessure béante » de la ville. C’est l’aube. Deux civils montent dans un tramway. Avec lui, on traverse cet enfer : files d’attente devant les magasins, amas de cadavres gelés, accouplements brutaux sous des escaliers, ivrognes en pleurs, paysans en haillons tout droit sortis d’un tableau de Bruegel… La caméra plane au-dessus de cette ville, comme un ange en vol, regardant le puits sans fond de l’Enfer de Dante – si profond que les “engloutis” n’ont plus aucune idée de la lumière… ». Malheureusement, le réalisateur trouvera la mort deux jours avant de signer le contrat du film, à 60 ans. Quel dommage !

Sergio Leone

Superman Lives de Tim Burton

Après Batman en 1989, Tim Burton s’est intéressé à un autre héros emblématique, Superman. Comme à son habitude, le très inventif réalisateur est allé là où on ne l’attendait pas ! Il choisit Nicolas Cage pour incarner l’homme d’acier (!), et son postulat de départ était de faire mourir le Kryptonien avant de le ressusciter. L’angle de traitement, bien différent de ce à quoi l’époque nous avait habitué, aurait fait de Clark Kent un paria de la société. Côté méchants, Christopher Walken était pressenti pour incarner Brainiac, tandis que Kevin Spacey aurait, lui, prêté ses traits à Lex Luthor. Julianne Moore aurait pu interpréter Lois Lane. Un casting cinq étoiles qu’on aurait adoré voir réuni. Et pourtant, pas convaincu par le premier scénario, Warner commande une réecriture à Dan Gilroy.

Finalement, la boîte de production mettra un terme définitif au projet, pour officiellement des « raisons budgétaires ». Quand on voit les premiers essais de Nicolas Cage en Superman, on ne peut s’empêcher de penser qu’on a raté quelque chose ! Un mal pour un bien ? Peut-être ! Burton, considérant avoir perdu un temps précieux sur ce projet mort-né, se lancera corps et âme dans son nouveau long métrage, Sleepy Hollow, avec le succès que l’on connaît.

L’Homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam

On sait, le film est sorti, mais c’est le contre-exemple par excellence ! Le périple fut tel pour Gilliam qu’il convient néanmoins de le placer dans ce top. Il aura fallu pas moins de 6 essais au metteur en scène américain pour réussir enfin à réaliser ce long-métrage ! La première date de 1996, avec un casting alléchant : Jean Rochefort, Johnny Depp et Vanessa Paradis. Mais rien ne va, avions qui passent durant le tournage, conditions météorologiques catastrophiques, Jean Rochefort qui se fait une hernie discale… Au bout de 15 jours le tournage est suspendu et ne reprendra pas. Dans ce marasme, on peut se réjouir de la sortie d’un très bon documentaire Lost in la mancha, sorte de making of de ce non-film, qui montre comment une production peut s’effondrer.

En 2008, Gilliam remonte un projet, cette fois c’est Robert Duvall et Ewan McGregor qui seront les rôles principaux. En 2010, Le financement du long métrage n’est finalement pas assuré. Pas de quoi décourager Gilliam qui tente encore en 2011 et en 2014 avec de nouveaux acteurs : Owen Wilson, Jack O’Connell ou John Hurt. Maladie, budget, bref : tournage annulé à chaque fois… On arrive à la cinquième tentative, le duo d’acteurs se constitue de Michel Palin et Adam Driver. Encore une fois, le film ne trouve pas ses finances. Enfin en 2017, Gilliam parvient à réaliser son film, Driver est resté mais Palin est remplacé par Jonathan Pryce. Le projet d’une vie, enfin abouti mais qui néanmoins laisse un goût d’inachevé, avec un film pas tout à fait réussi… On pourra aussi regretter que ce projet ait accaparé pendant de nombreuses années l’exceptionnel réalisateur de Brazil ou de L’Armée des 12 singes, obnubilé par cette adaptation du Don Quichotte de Cervantes.

Article rédigé par
Pierre-Louis
Pierre-Louis
Rédacteur sport, cinéma et séries TV
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