Le Québec, ses grandes forêts d’érable, ses lacs, ses élans. Pas question ici de vous emmener en expédition le long du Saint-Laurent ou sur les bords du Lac Saint-Jean. C’est à un voyage musical auquel je vous invite, à l’occasion de la fête de la Saint Jean-Baptiste, fête nationale au Québec, qui se tient tous les 24 juin. Attache ta tuque, voici mes 15 artistes incontournables pour qui souhaiterait commencer à découvrir ou redécouvrir la musique québécoise francophone.
1. Gilles Vigneault
Quand je pense à la chanson québécoise, le nom de Gilles Vigneault apparaît immédiatement sur mes lèvres. Merveilleux conteur, poète, Gilles Vigneault a su associer la culture orale de ses origines et son amour de la poésie française. Il est un des premiers, avec Félix Leclerc, à avoir donné un coup de jeune au folklore québécois. Né à Natashquan, un village de marins-pêcheurs, chasseur-cueilleurs, qui n’a eu d’accès routier qu’en 1966, Gilles Vigneault parle comme personne de ses terres et des gens de son pays, ces gens débrouillards, simples et travailleurs. « Les gens de mon pays » est devenu un des hymnes du Québec, à juste titre. Un roc, une légende, un pilier.
« Les gens de mon pays » que vous pourrez retrouver sur « Mon pays«
2. Robert Charlebois
Alain Bashung a dit de lui qu’il fut un des premiers à introduire l’ironie dans la chanson québécoise, sur des airs de rock, de blues et de country. Surnommé « Super frog » du rock et de la chanson au Québec, Charlebois a exprimé dans les années 60, 70, … le renouveau musical et l’anticonformisme. Son audace et son humour provocateur ont créé une onde de choc qui en a surpris plus d’un. Influencé par l’Amérique et sa contre-culture, il a su créer un univers novateur pour l’époque, mélange de rock, de folk, de country et de jazz. A 75 ans, Robert Charlebois est un géant dont le répertoire est rempli de chansons intemporelles et souvent terriblement actuelles, en faisant, bien sûr, une des références musicales au Québec.
« Ordinaire » que vous pourrez retrouver sur « Tout écartillé«
3. Diane Dufresne
Elle a réveillé le Québec dans les années 70. Moderne, directe, cette femme, sans aucun tabou, a insufflé un vent de liberté. Son extravagance, son sens de la provocation (elle pose seins nus sur une pochette de disque, peinturlurée du drapeau québécois en 1973), sa personnalité rock’n’roll et sa signature vocale immédiatement reconnaissable en ont fait une icône vivante. Amoureuse de poésie, de théâtre, peintre à ses heures, Diane Dufresne a, tout au long de sa carrière, fusionné les arts pour créer des spectacles ambitieux, à l’image de sa personnalité forte. Moins rock aujourd’hui, elle n’en est pas devenue sage pour autant. Si Diane Dufresne n’existait pas, il faudrait l’inventer.
« Tiens toé ben, j’arrive » que vous pourrez retrouver sur « Les grands succès«
4. Diane Tell
A la fin des années 70, elle a été l’une des premières auteures, compositrices et interprètes. Grande amatrice de jazz dont elle a coloré son répertoire, Diane Tell n’a eu de cesse de nous parler d’amour, nous emmenant là où tout palpite, où tout se brise, de sa voix délicate et sensuelle. Pas étonnant qu’elle ait écrit, à mon sens, l’un des plus belles chansons d’amour adressée à un homme, « Si j’étais un homme ». Qu’elle soit pop, jazzy, folk, Diane Tell parcourt son chemin, à sa manière, avec une indépendance farouche qui a pu l’éloigner parfois de la lumière médiatique des débuts mais jamais des studios et de la scène.
« Souvent, longtemps, énormément » que vous pourrez retrouver sur « Une«
5. Isabelle Boulay
Après Diane Tell, c’est Isabelle Boulay qui m’a fait entrer en amour avec la musique québécoise. Avec le titre « Quelques pleurs« , j’ai rencontré une voix, une voix qu’on associe à la puissance sonore mais une voix, d’une douceur souvent enveloppante, maternelle. Car Isabelle Boulay, c’est ça, ce sont des bras qui vous enlassent chaleureusement. Elle a chanté avec les plus grands, des deux côtés de l’Atlantique. Interprète avec un grand I, elle porte un amour inconditionnel aux mots et aux chansons. A mi-chemin entre chanson et country, Isabelle Boulay représente ce pont entre le continent américain et la France.
« C’est quoi, c’est l’habitude » que vous pourrez retrouver sur « Le volume du vent«
6. Lynda Lemay
Quand on aime les textes, on ne peut qu’être séduite par Lynda. Nous faisant passer allègrement du rire aux larmes, Lynda Lemay sait croquer la vie, le quotidien. On aime sa joie de vivre alliée à une mélancolie, qui ne va jamais dans le pathos. Avec sa guitare, elle parle de nous, de nos bonheurs et de nos malheurs. Les mots simples mais d’une justesse, d’une intelligence, d’une subtilité savent poétiquement toucher l’auditeur. Auteur, compositrice et interprète, elle est l’une des québécoises préférées des français, à raison.
« Une mère » que vous pourrez retrouver sur « Blessée«
7. Les Cowboys Fringants
Comme Gilles Vigneault à son époque, les Cowboys Fringants ont dépoussiéré le folklore québécois, mélangeant, eux, rock et folk. Incontournable et surnommé « le groupe du peuple », les Cowboys Fringants dressent le portrait d’hommes et de femmes décalés, parfois loosers ou paumés, qui ont en commun d’être malmenés par une société qui a perdu ses valeurs humaines. Festive, chaleureuse, la musique est à l’image de ces québécois, des artistes animés par le goût du partage et de la fraternité. Engagés dans leurs chansons, les Cowboys le sont aussi dans la vie avec leur Fondation.
« Droit devant » que vous pourrez retrouver sur « L’expédition«
8. Catherine Durand
Découverte par hasard en première partie d’un concert de Marie-Annick Lépine (violoniste des Cowboys Fringants), la musique folk de Catherine Durand m’a immédiatement touché, par sa douceur, sa profondeur, sa simplicité. Mais étrangement, j’étais déjà tombée en amour de sa musique car une de mes chansons préférées d’Isabelle Boulay, « J’irais jusqu’au bout », a tout simplement été écrite par elle. La rencontre était donc inévitable. C’est au Québec, l’une des emblématiques ambassadrices du folk, prouvant avec force, que ce genre musical s’accorde avec harmonie à la langue de chez nous. Injustement pour notre hexagone, c’est l’un des trésors les mieux cachés de cette Belle Province.
« Coeurs migratoires » que vous pourrez retrouver sur « Coeurs migratoires«
9. Ariane Moffatt
Avec son goût de l’expérimentation, des mélanges et des contrastes musicaux, Ariane propose une musique qui décloisonne les styles, parfait mélange de pop, de chanson et d’électro. Captant de manière introspective et universelle, les sentiments humains, notamment le sentiment amoureux, sa spontanéité s’allie toujours avec un travail très soigné. Tête de file de cette nouvelle scène québécoise décomplexée, Ariane Moffatt s’abandonne sans limite à son art.
« Se perdre » que vous pourrez retrouver sur « Le coeur dans la tête«
10. Pierre Lapointe
Pierre Lapointe est un des artistes les plus doués de sa génération. Son originalité : sa conception de la musique. Ouvert à tous les arts (arts plastiques, architecture, danse ou théâtre), il ne construit pas une chanson en alignant de simples mots et de simples notes. Sa musique est imprégnée de sa culture artistique immense. Poète, presque avant-gardiste, Pierre Lapointe a l’art de nous toucher, comme ça, en plein cœur, parfois juste avec quelques notes de piano et une poésie qui sent bon la mélancolie.
« La science du coeur » que vous pourrez retrouver sur « La science du coeur«
11. Caracol
J’ai découvert Caracol avec son précédent groupe, Dobacaracol, un groupe de world-fusion. Grande voyageuse, ex-championne de snowboard, Carole Facal (de son vrai nom) a le don de ne pas s’enfermer dans un style. Passant allégrement du folk, à la chanson ou l’indie pop, Caracol ne se laisse pas étiqueter et c’est tant mieux. Chantant en anglais ou en français, son authenticité traverse de bout en bout son répertoire avec une harmonie sans faille.
« Certitudes » que vous pourrez retrouver sur « Blanc mercredi«
12. Catherine Major
Si vous cherchez une héritière de Barbara, de Véronique Sanson, une femme qui s’abandonne, qui laisse éclater sans limite sa personnalité à fleur de peau : écoutez Catherine Major. C’est un volcan émotionnel qui ne cesse de bouillonner. Armée de son piano avec qui elle ne fait qu’un, Catherine Major est de ces femmes intenses dans la vie comme sur scène. Une grande claque par une très grande dame de la chanson francophone.
« La voix humaine » que vous pourrez retrouver sur « Rose sang«
13. Karkwa
Le Québec a produit selon moi, l’un des meilleurs groupes de rock de ce nouveau millénaire. Ces 5 garçons ont su allier l’énergie impulsive, directe du rock avec l’élégance mélodique de la pop. Le rock de Karkwa est à la fois électrique, hypnotique, planant et s’allie, en plus, à une écriture extrêmement recherchée et raffinée. Désormais séparés ou en tout cas tournés vers des carrières solos, Karkwa est un groupe qui sort vraiment du lot.
« Le compteur » que vous pourrez retrouver sur « Le volume du vent«
14. Alfa Rococo
Alfa Rococo, c’est la pop par excellence, une pop accrocheuse où se dégagent une belle énergie contagieuse et un groove électrisant. Se juxtaposent des textes souvent sombres qui posent un regard sur l’être humain et la société d’aujourd’hui. Les voix sont chaleureuses et l’atmosphère toujours lumineuse. Et oui, il n’y a pas que les anglo-saxons qui savent faire de la pop. La preuve !
« Plus rien à faire » que vous pourrez retrouver sur « Lever l’ancre«
15. Salomé Leclerc
Ce nom est éminemment connu au Québec grâce à un certain Félix. Salomé Leclerc ne fait cependant pas partie de la descendance de cette légende du folk québécois. Mais elle n’a rien à envier à ce grand bonhomme. En l’espace de 3 albums, elle s’est imposée comme l’une des références de la musique actuelle au Québec. Son folk racé s’allie à une écriture qui l’est tout autant. Sa voix rauque nous embarque dans un univers habité où les mélodies entêtantes vous scotchent dès la première écoute. Dès le début, elle a imposé une maturité assez déconcertante, et ça continue.
« Partir ensemble » que vous pourrez retrouver sur « Sous les arbres«
