Quarante ans après le premier film, « Tron : Ares » signe le retour d’un univers mythique à l’ère de l’intelligence artificielle. Entre vertige technologique, action spectaculaire et hommage, ce nouveau volet – en salle ce 8 octobre 2025 – introduit également de nouvelles héroïnes puissantes. Les actrices Greta Lee et Jodie Turner-Smith nous racontent leur aventure au cœur d’une saga culte.
Se lancer dans un troisième volet de Tron – 43 ans après le film originel (1982) et 15 ans après Tron : L’héritage (2010) ? Un pari audacieux. Le long-métrage culte des années 80 aura marqué une véritable révolution dans la science-fiction, imprégnant durablement la pop-culture, notamment avec son esthétique futuriste inédite : fonds noirs, lignes fluo et géométries lumineuses. Et si le film de Steven Lisberger aura été l’un des premiers à utiliser les effets spéciaux, il aura également proposé une mythologie du cyberespace d’une modernité saisissante.
Revoir ce premier Tron aujourd’hui, c’est se plonger avec délectation dans un grand bain rétro-futuriste, à la croisée de la technologie, du mysticisme et du design minimaliste. Et prolonger cet univers en 2025 s’impose finalement comme une évidence. La fiction d’hier a rejoint la réalité d’aujourd’hui, alors que l’intelligence artificielle s’invite dans nos espaces de travail comme dans nos sphères les plus intimes. Ce nouveau chapitre, Tron : Ares signé Joachim Rønning (Maléfique), propose une nouvelle plongée dans la matrice, brouillant toujours davantage les frontières entre IA et humanité. Ici, Jared Leto incarne Ares, un programme doté d’intelligence artificielle envoyé dans le monde réel par la redoutable corporation Dillinger pour remplir une mission. Mais si soudain, les motivations de cette « machine » déviaient ?
Epique et ludique, ce Tron 3 parvient à réinventer la mythologie tout en lui rendant un hommage appuyé – le tout pulsé par la BO organique de Nine Inch Nails. L’une des meilleures idées de ce nouveau volet ? Avoir placé des héroïnes féminines au coeur du récit. On retrouve ainsi l’entrepreneuse idéaliste Eve Kim (Greta Lee), à la tête du géant informatique ENCOM, se bat pour utiliser l’IA à bon escient, tandis qu’Ares se voit secondé dans sa mission par la terrifiante Athena (Jodie Turner-Smith).
Nous avons rencontré les deux actrices Greta Lee et Jodie Turner-Smith pour parler de leurs personnages badass, de leurs inspirations sci-fi et des… courses de Tom Cruise.
Pourriez-vous décrire vos personnages en trois mots ?
Greta Lee : Analytique, vulnérable, innovante.
Jodie Turner-Smith : Folle, déterminée… et destructrice.
Vous incarnez des femmes puissantes dans un univers technologique majoritairement dominé par les hommes. Ce Tron est-il un film féministe ?
Greta Lee : Oui, absolument. Regardez-nous ! Et il faut aussi mentionner Elizabeth Dillinger, incarnée par l’incroyable Gillian Anderson. Nous sommes vraiment une distribution féminine forte, et je suis très fière de partager l’écran avec ces femmes que j’admire depuis si longtemps.
Jodie Turner-Smith : Si on est dedans, c’est féministe ! (rires) Plus sérieusement, je pense que la rage féminine est profondément féministe. Dans ce rôle, j’ai pu exprimer cette colère, et le film m’a permis de le faire avec une énorme machine de guerre que j’imprime moi-même à l’écran. C’était libérateur. Laissez les femmes être en colère !
Greta Lee : Et puis, imaginez les jouets qu’ils vont créer à partir de nos personnages… L’Athena en figurine ! J’aurais adoré avoir ce genre de jouet quand j’étais petite.
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est autant source de fascination que de crainte. Quelle position prend Tron sur ce sujet ?
Greta Lee : Le film montre beaucoup de facettes différentes de la technologie : du logiciel militaire ultra-puissant jusqu’au programme qui fabrique de la nourriture. Comme dans la réalité, il y a du bon et du mauvais. C’est une question complexe, et le film reflète cette dualité.
Jodie Turner-Smith : Oui, Tron pose surtout des questions. On ne prétend pas apporter de réponses définitives, mais plutôt lancer une conversation. Imaginez si l’on pouvait utiliser l’IA pour éradiquer certaines maladies, mettre fin aux déserts alimentaires, ou réparer notre planète. Le potentiel est immense… mais entre de mauvaises mains, cela peut devenir destructeur. Le film nous place vraiment au cœur de ce dilemme.
Si vous pouviez passer une journée dans n’importe quel univers de science-fiction, lequel choisiriez-vous ?
Greta Lee : Il y a tellement de choix ! Bien sûr, les univers Tron, qui sont visuellement fascinants. Mais aussi Blade Runner, que j’adore.
Jodie Turner-Smith : Moi aussi, je trouve que la mode dans Blade Runner est incroyable. J’y serais uniquement pour les costumes (rires). Mais l’univers est assez sombre, les personnages ne semblent pas très heureux. Alors peut-être plutôt Le Seigneur des Anneaux ou Game of Thrones. Je me vois bien en Mère des Dragons – d’ailleurs j’aime mes bains très, très chauds, comme Daenerys !

Le visuel de Tron est devenu iconique. Comment vous êtes-vous immergées dans cet univers numérique, très différent d’un cinéma plus indépendant ?
Greta Lee : C’était une expérience totalement nouvelle pour moi. Je n’avais jamais fait de science-fiction, ni d’action. Je venais d’un petit film indépendant, Past Lives, et je me suis retrouvée à courir, à faire des cascades, à être accrochée à des câbles et à sauter du haut de bâtiments ! J’ai même regardé des vidéos de Tom Cruise en train de courir pour m’entraîner (rires). Six semaines de tournage de nuit, du travail avec des câbles, des chutes réelles… C’était un véritable bootcamp, Tron. Et le plus difficile a été d’apprendre à garder mon sérieux, parce qu’au début je finissais chaque cascade en criant ou en éclatant de rire.
Jodie Turner-Smith : À un moment, elle me percute avec une light cycle. Heureusement, je n’ai pas eu à faire cette cascade moi-même !