Critique

La Rivière des disparues : la série policière avec Amanda Seyfried va-t-elle vous faire frissonner ?

27 mars 2025
Par Catherine Rochon
La Rivière des disparues : la série policière avec Amanda Seyfried va-t-elle vous faire frissonner ?
©Max

Présentée en compétition internationale au festival Séries Mania 2025 à Lille et diffusée depuis ce 27 mars sur Max en France, « La Rivière des disparues » nous plonge dans les quartiers pauvres de Philadelphie gangrénés par la drogue. Mais cette série policière, portée par Amanda Seyfried, peine à nous embarquer, en dépit de ses intentions louables.

Mickey (Amanda Seyfried) sillonne les rues de Kensington, la boule au ventre. Au cœur de ce quartier de Philadelphie rongé par la crise des opiacés, la jeune policière s’efforce de venir en aide à ces toxicomanes à la dérive, des âmes abandonnées par les services publics. Alors que plusieurs femmes sont retrouvées mortes, apparemment d’overdose, Mickey va se mettre en branle pour éclaircir le mystère qui entoure ces décès, qu’elle soupçonne d’être des meurtres.

« Tu as l’air de le prendre de manière personnelle« , lui assènera son partenaire. Il n’a pas tort. Car cette affaire mobilise la jeune femme d’autant plus que sa propre sœur est une junkie et a disparu depuis quelque temps. En parallèle, cette mère célibataire doit se démener pour fournir un cadre stable à son petit garçon, tout en se débattant avec ses vieux démons.  

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Adaptation du best-seller de l’autrice Liz Moore, qui est également scénariste et productrice exécutive de la série aux côtés de la showrunneuse Nikki Toscano (The Offer, Hunters), La Rivière des disparues nous plonge dans l’atmosphère quasi crépusculaire des bas-fonds de « Philly ». Sans esbrouffe, ni twist spectaculaire, cette prestige TV series au rythme lancinant se révèle d’une facture très classique. Et son scénario plutôt familier.

Au fil des épisodes, Mickey verra ainsi les frontières entre sa vie professionnelle et personnelle s’estomper progressivement. Elle se retrouvera confrontée à la corruption systémique. Et notre héroïne finira par incarner une énième émanation d’un cliché légèrement éculé : celui de la justicière qui s’efforce de réparer une institution patriarcale défaillante.

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Comme un air de déjà vu

C’est précisément là que la série montre ses faiblesses. Au-delà de sa durée excessive – huit épisodes de 50 minutes chacun – La Rivière des disparues souffre d’un manque d’originalité et peine à offrir des enjeux véritablement percutants. Si elle tente d’approfondir la psychologie de son héroïne à travers une accumulation maladroite de flashbacks et de scènes de vie domestique, ces digressions finissent par diluer l’intrigue policière et affaiblir le suspense.

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De plus, la série pâtit inévitablement de la comparaison avec des œuvres comme Mare of Easttown, l’excellente production HBO sortie en 2021, dans laquelle Kate Winslet incarnait (déjà) une détective tourmentée d’une ville de Pennsylvanie enquêtant sur le meurtre brutal d’une jeune femme.

Un rapprochement injuste selon la showrunneuse qui a réagi à ce parallèle lors de son passage au festival Séries Mania 2025 à Lille où la série était présentée en compétition : « Il n’y aurait de la place que pour une seule histoire d’une policière issue de la classe ouvrière ? Je pense que La rivière des disparues raconte avant tout l’histoire d’amour entre deux sœurs. »

L’actrice Amanda Seyfried, très impliquée dans ce projet et présente au festival lillois, s’est elle aussi agacée de cette comparaison : « C’est un raccourci, probablement dû à la paresse. Je pense qu’il y a de la place pour tout. Nous devons continuer à raconter des histoires et, si elles se déroulent au même endroit et concernent des personnages similaires, qu’il en soit ainsi. Plus on peut s’identifier aux personnages, mieux c’est ! Surtout que cette histoire est racontée du point de vue de nombreuses personnes à Kensington, qui souffrent de problèmes de dépendance et qui essaient simplement de s’en sortir »

Mais en dépit de sa quête d’authenticité, force est de constater que La Rivière des disparues ne possède pas la force dramatique et l’âpreté de son aînée. Et Amanda Seyfried, aussi talentueuse soit-elle, semble ici en décalage, tant dans ses interactions avec la communauté locale que dans la conduite de l’enquête. Si La Rivière des disparues se regarde sans déplaisir, elle ne parvient que (très) rarement à surprendre, émouvoir ou faire frissonner. Et sur huit heures, cela fait bien peu.

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