Artiste indépendante, Olivia Ruiz fait son grand retour dans les bacs avec un album intitulé « La réplique ». On vous explique pourquoi on a adoré son nouvel opus.
La Réplique, entre amour et combat
Voilà 8 ans qu’elle n’avait pas sorti d’album. De fait, un projet musical la titillait depuis un moment, comme elle l’a exprimé dans une entrevue (Pure Charts) : « Ces derniers temps, j’avais envie de retrouver les palpitations de l’énergie qu’il peut y avoir dans un projet musical, et les tournées qui vont avec. J’ai eu les palpitations au ventre et l’envie de mouvoir mon bassin (sourire). Et je me suis retrouvée en studio ! On s’est enfermés trois-quatre jours dans une maison avec Vincha (Louane, Ben Mazué…) et Nino Vella (Yseult, Eddy de Pretto…), parfois avec d’autres ou des musiciens (comme Jonathan Quarmby ou Kaonefy). Puis on ne se voyait plus pendant plusieurs mois, et on se retrouvait ». Une méthode plutôt inhabituelle. Mais, malgré ce travail que l’on pourrait qualifier de « décousu » et cette création par intermittence, l’album possède une réelle unité et on retrouve dans La Réplique ce que l’on aime chez Olivia Ruiz.
Cette voix, reconnaissable entre toutes, sait vous happer par son sens de la narration. Comment ne pas s’intéresser à la vie de ces personnages qui peuplent cet album ? Il y est question d’amour, dans sa définition universelle. Dans Le Sel, il y a l’amour d’une mère pour son fils.
Il y a l’amour pour un grand-père (et ce qu’il a semé dans la vie des autres) dans Abuelo, un titre qu’elle partage avec son frère et son père. C’est un magnifique et très touchant hommage à son papi. Il clôt superbement l’album.
Toi parle de l’amour de l’autre dans sa différence (culture, couleur de peau, origine). De corps et de danse, il est aussi beaucoup question dans cet album. Véritable appel à la danse, il évoque l’exultation des corps, même outragés. Une manière de dépasser la violence, une résilience face à celle-ci. On l’entend notamment dans Corps ou Elle danse qui traite, entre les lignes, du féminicide.
Féministe, Olivia Ruiz ? C’est à elle de le dire mais les femmes sont au coeur de cet album. Elles en sont les personnages principaux, en tout cas.
Ecouter cet album vous fait sentir guerrier ou guerrière, ressentir de la fierté et l’envie de garder la tête haute, de bomber le torse. Et il ne s’agit pas d’écraser les autres sur son passage mais de se sentir à sa place au milieu des autres, avec les autres, de se sentir tout simplement libre d’être. Ce qu’on aime chez Olivia Ruiz, c’est son goût du partage, sa spontanéité, son amour pour la famille (au sens large du terme), son humanité, sa droiture.
Un nouvel album sous le signe de la couleur bleue
Musicalement, elle garde cette couleur hispanique qui est sa signature, toujours aussi proche de ses racines. Elle chante plusieurs fois en espagnol d’ailleurs. Cette fois-ci, malgré quelques titres minimalistes, acoustiques, les beats électro s’invitent. Ils appuient tout naturellement la forme combattive du propos.
Il y a, dans cet album, un fil conducteur et Olivia Ruiz a choisi un fil bleu. Cette couleur est symbolique d’une envie de loyauté, de spiritualité, d’un lien fort communautaire, des symbôles qui sont au coeur du disque. On la retrouve totalement dans le clip de La Réplique !
Plus que le succès, le souhait d’Olivia avec sa musique, ses chansons, c’est permettre à des personnes de se sentir moins seules. « Si je pouvais procurer ça à ne serait-ce que quelques personnes, ça suffirait à mon bonheur (…) Je suis quelqu’un qui a toujours préféré l’inconfort des chemins de traverse à celui des autoroutes. J’ai toujours eu besoin de me mettre en danger pour pouvoir me prouver à moi-même que j’étais légitime. C’est un petit peu de moi qui se cache. Quand j’ai sorti « La femme chocolat », on m’avait dit « Mais qu’est-ce que c’est cette chanson ? On n’a jamais entendu ça ». Pareil pour « Mon corps mon amour », « Je baise donc je suis »… J’ai toujours essayé de travailler beaucoup à n’être que moi afin de préserver un maximum ma liberté pendant ces années-là, dans ce milieu qui n’est pas facile à arpenter ».
Ces artistes de cette trempe et de cette droiture sont plutôt rares. C’est pourquoi pouvoir écouter de tels albums est aujourd’hui essentiel. Dans une société où l’individualisme et le nombrilisme croissent de jour en jour, les projets musicaux de ce type ne sont que du bonheur tant ils tendent à l’inverse. Cet album sort des sentiers battus. Engagé, libre, La Réplique est de ces albums qui vont tourner et tourner encore sur notre platine. Nous espérons que ce sera le cas sur la vôtre aussi !