Le 9 février 2024, Patrick Fiori sort son nouvel album, « Le chant est libre ». Connu pour son rôle dans Notre Dame de Paris, son amour pour la Corse, sa fonction de coach dans the Voice Kids, Patrick Fiori est surtout un artiste majeur de la chanson française. Retour sur son parcours.
Notre Dame de Paris : le propulseur à grande vitesse
Ce n’est pas à proprement parlé en 1998 que la France découvre ce Méditerranéen (nous y reviendrons plus tard) mais le succès incroyable de la comédie musicale Notre Dame de Paris, véritable phénomène dans lequel Patrick Fiori tient un rôle majeur, est sans conteste le premier point culminant de sa carrière. Pourtant, il l’a avoué lui-même, il n’y croit pas trop lorsqu’il passe les auditions. Alors que sa carrière stagne et qu’il peine à décoller, un ami lui conseille d’aller passer le casting d’une nouvelle comédie musicale signée Luc Plamondon et Richard Cocciante. Ce jour-là, devant les deux auteurs impassibles, il tente de faire bonne impression malgré une grippe qui ne lui permet pas d’être à 100 % et de très nombreux prétendants sur la ligne de départ. Il chante Belle et Déchiré mais, en partant, il se dit qu’il ne sera pas choisi. A tel point qu’il raccroche au nez de l’assistante qui l’appelle pour lui annoncer qu’il a le rôle, pensant à une plaisanterie.
Et pourtant ! Il le décroche, ce rôle de Phoebus. La suite, ce sont des chiffres qui vous donnent le tournis. Notre Dame de Paris a été traduit en neuf langues, joué dans une vingtaine de pays. Belle représente plus de 2 millions d’exemplaires vendus à l’époque. Et Patrick Fiori incarnera pendant plus de deux ans le rôle du jeune capitaine. Il aurait pu surfer sur ce succès, ce ne sont pas les propositions qui ont manqué. Mais non, Patrick Fiori estime « rester la voix de cette chanson Belle et de cette comédie musicale-là », raconte-t-il. On m’a proposé plein de choses après. Sauf que Notre-Dame est tellement ancré dans mon ADN que j’ai dit non« . Courageux pour l’époque. C’est que Patrick Fiori a envie de montrer autre chose, d’éclore en tant que Patrick Fiori et non plus seulement en tant que Phoebus.
Auteurs et rencontres de premier choix
Après le raz-de-marée créé par Notre Dame de Paris, Patrick Fiori trace sa route avec sincérité et talent. L’artiste est sorti de sa chrysalide et le succès n’a cessé de grandir depuis plus de 20 ans. Eh oui, 20 ans !
Les albums se suivent (11 au total) et on ne compte plus les tubes qu’il a semés depuis Que tu reviennes.
On n’explique pas un succès avec une telle longévité par un simple hasard ou un coup de chance. L’artiste a toujours su ce qu’il voulait et il a tracé son chemin à sa manière. Il a réussi à provoquer les rencontres, ces fameuses rencontres qui illuminent un chemin. Il a su susciter les rencontres et inspirer des auteurs, même s’il écrit lui aussi. Au départ, il y a eu les auteurs « à la mode » comme Lionel Florence (Que tu reviennes) ou Jacques Veneruso (Marseille), des plumes qui ont écrit pour les plus grands (Florent Pagny, Pascal Obispo…) et continuent au fil du temps d’écrire ici ou là pour lui.
La musique, pour Fiori, c’est une affaire d’amitié, presque de famille. L’homme a su s’entourer et bien s’entourer. Jean-Jacques Goldman est décisif dans sa carriére. L’histoire est celle d’un mélange entre un conte de fées et une grande histoire d’amitié. Tout a commencé par une lettre envoyée à des centaines d’artistes, producteurs et autres personnalités de l’industrie musicale et médiatique quand le garçon a 19 ans. Parmi eux, il y a Jean-Jacques Goldman. C’est le seul qui lui ait répondu. Négativement malheureusement pour le petit Fiori à l’époque car l’homme était très occupé par son travail avec Céline Dion ou Khaled. Quelques années plus tard, Patrick Fiori participe à un concert des Enfoirés avec Garou et Daniel Lavoie. C’est le moment du succès de Belle. Dans les coulisses, il aborde Jean-Jacques Goldman et lui parle de cette lettre. Ce dernier ne s’en souvient pas (ou fait semblant) mais, conscient de l’envie de Fiori de vouloir sincèrement travailler avec lui, il lui glisse un papier avec son numéro de téléphone et lui dit « Si tu as envie de m’appeler, si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis dans le coin« . Il tient parole. Pas un album de Patrick Fiori sans au moins une chanson de Goldman. Toujours du cousu-main. Toujours une manière de saisir la profondeur personnelle d’une thématique, de l’emmener parfois vers des chemins que l’artiste n’aurait pas imaginés mais qui, au bout du compte, lui vont comme un gant. Sur l’album Si on chantait plus fort, il pousse même la chansonnette sur un piano. Si ce n’est pas une belle preuve d’amitié !
Des auteurs comme Serge Lama, Benabar, Marie Bastide ou Robert Goldman ont, eux aussi, à un moment ou un autre, glissé des mots sur les musiques de Fiori.
Il y a aussi celle qui vit au quotidien avec lui. Depuis La promesse, Anne Quatrefages écrit quelques titres pour lui, notamment Ma solitude, un texte qui évoque le vide après un concert lorsqu’un artiste, fatigué, rejoint sa chambre d’hôtel seul avec lui-même.
Et puis, Fiori s’est aussi adressé à la jeune génération, avec notamment Slimane (La Promesse) ou Ycare (Le chant est libre). La rencontre avec ce dernier semble tout à fait essentielle, à l’instar de la collaboration avec Goldman. On y reviendra plus tard.
Patrick Fiori : le sens du partage et de l’échange
Depuis toujours, Fiori ne cesse d’inviter moults artistes à partager des chansons. On peut citer Johnny Hallyday sur Je viens te chercher, Florent Pagny sur J’y vais, Slimane sur Promesse, Soprano sur Chez nous ou Si tu tombes. Outre la voix, la force de Patrick Fiori pour faire basculer un projet, un duo vers le oui, pour que l’artiste à qui il demande de venir chanter avec lui accède à sa demande, est sûrement l’engagement de Fiori lui-même dans son métier. Sa force de conviction réside dans sa droiture, sa simplicité et le respect profond pour les artistes qu’il sollicite. L’honnêteté en dit beaucoup sur un artiste lorsque l’on est amené à partager un moment musical.
D’ailleurs, il n’est jamais le dernier à apparaître sur des projets d’albums hommage comme avec Jean Ferrat, Gérard Lenorman, Michel Fugain… Le partage dans tous les sens du terme est le crédo de Fiori. Il explique : « C’est quand on décide de s’unir qu’on devient plus fort. Que ce soit en famille, en amitié ou en amour, les liens humains sont ce qui nous constitue. Avec le temps, je m’aperçois que ma famille à moi est la même que celle des autres. On n’a rien de commun mais tout de pareil. On a tout de différent mais on est les mêmes. Il y a toujours des histoires de famille dans le coeur des gens, des sentiments, du bonheur, des amants cachés, des choses qu’on apprend sur le tard, comme des vagues qui se répercutent de génération en génération, des souvenirs qui se transmettent comme une photo qui se dépose sur la table… ». C’est cette famille que Patrick Fiori a formée au fil de sa carrière et c’est ce qui le rend si fort. Il a compris qu’on ne trace pas sa route tout seul. Il y a un proverbe qui dit « seul, on va plus vite mais ensemble on va plus loin. » C’est sans doute la clé du succès de ce Marseillais, à la fois très discret et pourtant si omniprésent dans la chanson française.
Un homme sans barrière
Patrick Fiori ne s’impose aucune barrière. Ainsi, passionné de cinéma, il consacre un album au 7e art. On le sait, musique et cinéma sont intimement liés, en témoignent le génie de Ennio Morricone, Michel Legrand, Hans Zimmer, Vladimir Cosma… Nous sommes en 2008, 10 ans après Notre Dame de Paris, et Fiori se paye le luxe d’enregistrer avec l’orchestre philharmonique de Budapest. Les choses de la vie, titre de l’album, est composé de reprises de bandes originales de films (Le Parrain, Les Parapluies de Cherbourg ou encore Borsalino). Là où il pousse le concept dans une direction novatrice, c’est que des textes inédits sont écrits sur des musiques de film telles que Liberta, Jeux interdits et Les Montagnes d’Arménie (Mayrig). Il s’offre aussi 2 duos : Out Here on My Own avec Tina Arena et La chanson d’Hélène avec Micheline Presle. Pour clore l’album, Goldman signe une chanson, Merci. Preuve de la qualité et sans doute de la sincérité de ce projet, l’auteur des Parapluies de Cherbourg, Michel Legrand himself, l’invite à fêter ses 50 ans de carrière à la Salle Pleyel en février 2009. Excusez du peu.
L’homme aime repousser les limites. Il y a toujours une solution. C’est ce qu’il s’est dit quand les artistes, suite à la crise du Covid, ne pouvaient pas reprendre les concerts. Pas question pour l’homme de scène de rester en cage. Pas question non plus de laisser à la traîne ces intermittents avec qui il partage les tournées et qui se retrouvent au chômage. Aidé par la technologie d’aujourd’hui, il imagine alors un concept pour que les artistes et le public puissent à nouveau se rencontrer sans les contraintes liées aux règles sanitaires : un concert virtuel. Ce dernier s’est déroulé au Théâtre de l’Apollo le 14 novembre 2020. L’idée ? Installer de nombreuses caméras pour diffuser en live et en streaming le concert. Vous achetez vos places et vous pouvez y assister, assis dans votre canapé. Ce n’était pas une première mondiale puisque des Anglo-Saxons s’y étaient déjà essayés (par exemple Kylie Minogue) mais il a été le premier Français à s’y aventurer.
L’aventure The Voice kids
Quand je vous dit que l’homme est un homme de partage, ce n’est pas de l’esbrouffe. Pas étonnant qu’il se soit lancé dans l’aventure The Voice en tant que coach. Et en plus The Voice Kids.
« La chance d’être auprès des enfants est considérable, inoxydable. Ils ont cette faculté de vous remettre toujours à zéro dans votre vie, votre compteur et votre parcours d’artiste. C’est assez incroyable d’assister à leurs premières fois. Les auditions à l’aveugle c’est toujours un moment exceptionnel. Ils nous gorgent de plaisir et d’amour, et ils ont surtout ce courage, cette audace, de venir se présenter devant nous. J’ai un profond respect pour leur présence et leur implication. J’adore « The Voice Kids » et j’adore en faire partie. Pour l’instant, ils ne m’ont pas changé : c’est que ça doit aller ! Que ça dure longtemps. Je serai là« , disait-il. Je crois que ce n’est pas la peine d’en ajouter, non ?
La Corse dans le cœur : de l’Eurovision à Corsu Mezu Mezu
Lorsqu’il arrive sous les feux des projecteurs en 1998 avec Notre Dame de Paris, Patrick Fiori n’est pas totalement un inconnu ni un petit nouveau. Il a déjà remporté quelques petits concours.
En 1993, il est repéré par François Valéry et Marie-France Brière, alors directrice des variétés et divertissements de France 2, qui lui proposent tout deux de représenter la France au Concours Eurovision de la chanson avec la chanson Mama Corsica, un véritable hymne à la Corse. Anecdote : il a révélé dans l’émission C à vous avoir été quelque peu agressé par un candidat jaloux qui l’a plaqué au mur, lui ordonnant de ne pas être à la hauteur. Pas question de répondre à ces menaces. Il chante et se classe 4e sur les 25 pays participants. Pour lui, c’était une fierté de représenter les couleurs de la France mais « Mama Corsica, c’est comme un petit minot qui chante la chanson pour sa mère, en fait. Je n’avais aucune pression en fait. Quand je chante à ce moment-là avec cette chemise affreuse et ces cheveux longs de footballeur, je pense vraiment à la mama, quoi ! C’est sincère ! Je chante pour elle« , a-t-il confié à l’équipe de C à vous.
La Corse, il l’a dans le sang. Pas étonnant donc que, quelques années après, cette île revienne au cœur de sa carrière d’artiste et qu’il la mette en valeur avec le projet Corsu Mezu Mezu. En 2015, il réunit 30 artistes pour 16 duos en langue corse.
Dès sa sortie, l’album caracole en tête des ventes. C’est un véritable phénomène qui naît. C’est ce pont, cette véritable union entre l’île et le continent, cette sincère déclaration d’admiration à la Corse qui rend ce projet si parlant. Patrick Fiori a voulu faire découvrir la diversité de la culture corse, les différents artistes qui la composent à différentes époques. Le Corsu Mezu Mezu 2 remportera le même succès.
Patrick Fiori ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin puisqu’il se dit qu’un 3e volet devrait voir le jour cette année. Je dis çà, je ne dis rien. C’est ce que laissait entendre le chanteur : « Trois minutes avant de monter sur scène, j’étais au téléphone avec le directeur du Stade Vélodrome à Marseille et je lui dis : Est-ce que je peux l’annoncer ce soir ? » Il y a un blanc, je me dit qu’il va me dire non. Il m’a dit oui. Je me suis monté sur scène gonflé comme un boeuf. Donc : « Oui il y aura le stade Vélodrome en 2026 !« . Après Paris, il se pourrait donc que la Corse débarque à Marseille avec un Corsu Mezu Mezu 3.
Patrick Fiori et l’album Le chant est libre
L’année 2024 va bien commencer pour Patrick Fiori puisque, le 9 février, son nouvel album sera dans les bacs. Il a déjà donné un aperçu avec le titre Le chant est libre, écrite en collaboration avec Ycare, son complice de création. Ce dernier avait déjà écrit Ta belle histoire pour l’album Promesse en 2017, une chanson chère à Fiori puisqu’elle parlait de l’Arménie et de sa propre histoire familiale.
« J’ai trouvé l’expérience tellement jolie et l’homme tellement intéressant et rempli de soleil. C’est un mec extraordinaire avec qui travailler, et humainement… Être auprès de lui, c’est un beau cadeau de la vie« . Jean-Jacques Goldman ne signe, cette fois-ci, aucune chanson. » Je lui ai posé la question, je lui ai fait écouter les chansons, et il m’a dit « Là, tu n’as pas besoin de moi« .
Mais revenons à cette nouvelle chanson. Que dit-elle ? Ne jamais renoncer à ces rêves, à ce qui vous anime à l’intérieur, au plus profond. La vie, la responsabilité de l’âge adulte vous font prendre des chemins différents que ceux imaginés dans l’enfance et vous font abandonner certaines envies. Le message est que, quoique la vie vous réserve, vous ne devez jamais emprisonner vos désirs. Vous aimez chanter ? Chantez ! Vous aimez peindre ? Peignez ! Si vos rêves ne deviennent pas votre métier, laissez-les quand même s’exprimer dans votre quotidien, à vos heures perdues, mais ne les enfouissez pas. « Oublier ce que l’on a envie de faire, que ce soit de la musique, de la peinture ou autre chose, c’est s’oublier un peu soi-même… Ça ne rend pas heureux de se mettre de côté« .
Il y a déjà des infos qui circulent sur ce projet. On le sait, Patrick Fiori est un homme de partage. Il y aura un duo avec Amel Bent et surtout un titre, Qu’est-ce qu’on était beaux, qu’il partagera avec Slimane, Claudio Capéo, Ycare et Michel Drucker. On a la chance d’avoir Michel Drucker qui clôt le débat à la fin et qui a ce regard sur cette nouvelle génération ».
La suite, le 9 février 2024 ! Soyez au rendez-vous, Patrick Fiori vous attend !