Le Game Pass, c’est aussi l’occasion de se pencher sur ces jeux qui retiennent souvent notre attention à l’occasion de leur présentation, et dont la sortie est ensuite invisibilisée par l’enchainement des blockbusters. Mais ce catalogue regorge de pépites, à condition de l’explorer un peu. Ce mois-ci, on s’intéresse à Jusant.
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L’année 2023 n’est définitivement pas la plus évidente pour se faire une place. Et pourtant, emprisonnée entre les sorties Marvel’s Spider-Man 2, de Super Mario Bros. Wonder et de Call of Duty Modern Warfare 3, Jusant, la dernière production Don’t Nod, est parvenue à se faire remarquer. La réputation du studio y est bien sûr pour quelque chose, puisque le studio français a déjà marqué les esprits grâce à sa science dans la construction des aventures narratives comme Life is Strange ou Tell me Why. De quoi donner nous donner envie de faire comme tout bon parisien qui se respecte, et de se lancer dans l’escalade, grâce au Game Pass.
Car oui, si le studio parisien est avant tout connu pour ses productions narratives, Jusant est d’abord un jeu d’escalade, et donc de plateforme. C’est par ses mécaniques de gameplay que l’aventure vous accroche dans un premier temps, avant de vous faire comprendre que sa narration est avant tout environnementale. On utilise la gâchette droite pour s’agripper de la main droite, et la gâchette gauche pour s’agripper de la main gauche. De quoi offrir des sensations de jeu aussi intuitives que tangibles, complétées par d’autres mécaniques du même effet, consistant à placer des pitons pour assurer sa ligne, à se balancer sur une accroche pour en atteindre une autre, ou encore à gérer son endurance.
Face à cette immense montagne, notre héroïne, ou notre héros d’ailleurs, puisque son genre n’est pas précisé, a l’intention de grimper, et ce sera à nous, joueuses et joueurs, de comprendre vers où on grimpe, et surtout, pourquoi on grimpe. Pour nous accompagner dans cette énigme, la narration se divise en deux aspects bien distincts. La narration environnementale d’abord, qui par la beauté et l’attention portée aux environnements nous encourage à observer pour mieux comprendre.
Cette montagne, aussi immense que déserte, garde encore toutes les traces de la civilisation qu’elle abritait, avant qu’un phénomène mystérieux ne vienne transformer les lieux en un décor postapocalyptique à la fois verdoyant et triste. Rapidement, au regard des épaves qui jonchent le sol que l’on quittera bien vite, mais qui sera toujours visible d’en haut, grâce à la bonne idée du studio de nous laisser une distance de vue très large, on comprend que l’eau s’est retirée du lieu avant ses habitants.
Une thématique absolument dans l’air du temps donc, qui se dévoilera plus en détails par une autre forme de narration, au travers des différents écrits que l’on pourra trouver sur notre route. Des échanges de lettres et de petits mots entre les anciens habitants, d’abord, qui nous laisse découvrir les angoisses des uns, le renoncement des autres, et tout ce que le changement de paradigme environnemental peut entraîner sur les esprits de tous.
Les fragments d’un journal de bord ensuite, tenu par une expédition précédente, qui nous donne de précieuses indications sur ce qui aurait pu échapper à nos observations. Et pour mettre la main sur ces différents fragments de récits, il ne faut pas hésiter à s’écarter, autant que possible, de la route principale. Une très bonne mécanique qui nous encourage vraiment à prendre le temps de l’exploration, et forcément de la contemplation. Mieux, une adorable petite créature bleue rencontrée dans les premiers pas de l’ascension peut nous indiquer la présence d’un élément à lire, ou d’un mécanisme naturel à activer pour continuer à avancer.
D’autant qu’au fur et à mesure de nos efforts de grimpettes, l’environnement change pour nous laisser découvrir des biomes bien distincts, qui parviennent tous à nous donner, par leur direction artistique, d’autres indices sur les évènements qui ont bouleversé la vie sur cette montagne.
Jusant est un modèle de narration environnementale, mais le jeu de Don’t Nod parvient aussi à lier à cette expérience de récit un gameplay particulièrement satisfaisant et relaxant, pour une aventure mélancolique qui réussit à rester dans la justesse d’un bout à l’autre. Le jeu n’est jamais difficile, pour garantir une progression qui avance au même rythme que notre réflexion sur les mystères qui entourent les lieux, le tout pour une aventure ni trop longue, ni trop courte, puisqu’il faudra environ 5 heures pour en voir le bout. Un jeu relaxant, intrigant et beau sur lequel il serait dommage de ne pas faire un tour quand on est abonné.e au Game Pass.