Décryptage

Les 50 ans de Dark Side of The Moon : quand Pink Floyd dominait le monde

20 mars 2023
Par Mathieu M.
Les 50 ans de Dark Side of The Moon : quand Pink Floyd dominait le monde

Classé parmi les disques les mieux vendus de tous les temps, le célèbre Dark Side of The Moon de Pink Floyd n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Pour ses 50 ans, il s’offre même une nouvelle édition collector, aussi précieuse pour les fans que pour les profanes. Retour sur l’histoire de ce disque conceptuel et avant-gardiste.

Événement Fnac : Pop-up et bulle acoustique

Pour permettre aux fans de (re)découvrir le travail de Pink Floyd effectué sur le 8ème album studio du groupe, la Fnac Forum des Halles ouvre notamment sa bulle acoustique pour une écoute dans des conditions exceptionnelles, en partenariat avec Qobuz, plateforme française de streaming et de téléchargement Haute-qualité.

Pink Floyd, roi des concepts arty

Pink Floyd - 1

Depuis leurs débuts, au milieu des années 1960, les musiciens de Pink Floyd sont connus pour leur art du concept. Leurs concerts à Londres, à l’époque où le guitariste et chanteur Syd Barrett apparaît comme le leader de la formation, brillent de mille feux : les projections psychédéliques sur scène attirent leurs premiers fans au même titre que leur musique, barrée et encore improvisée. Malgré le renvoi de Barrett – l’abus de LSD a eu raison de sa santé mentale – la formation continue pendant des années à proposer du neuf. Sur leur deuxième album, A Saucerful of Secrets, ils utilisent la durée, pourtant limitée à l’époque sur 33 tours, afin de plonger l’auditeur dans une transe lysergique, et cela aboutit au morceau éponyme. Ensuite, ils inventent le concept du disque solo en groupe, puisqu’Ummagumma contient, à la suite, des titres signés et interprétés par Richard Wright (clavier), Roger Waters (basse), David Gilmour (guitare), Nick Mason (batterie), chacun des membres ayant rempli une demi-face d’un vinyle.

En 1970, les Pink Floyd embarquent le rock vers la musique contemporaine, avec Atom Heart Mother, suite orchestrale qui donne son titre à leur cinquième album, avant de mettre en chantier Meddle, où se multiplient les concepts… D’abord, Echoes, un morceau de 23 minutes, explose encore une fois les canons de durée. Sur Fearless, ils samplent un chant de supporter de Liverpool, puis avec Seamus, ils intègrent un chien à leur groupe : les hurlements du canidé servent de colonne vertébrale au titre… Un an plus tard, ils inventent le concert sans public, en filmant le légendaire Live At Pompeii.

Dark Side of The Moon, l’entrée dans une nouvelle époque

Pink Floyd - 1

Malgré leurs pratiques inspirées par l’art contemporain (il faut dire que Waters, Mason et Wright se sont rencontrés en école d’architecture), Pink Floyd connaît un succès retentissant, leur musique étant davantage accessible que purement conceptuelle. En 1972, au moment de mettre en chantier leur nouvel album, les musiciens ont tous accès à un certain confort matériel, et à une vie de famille relativement stable. Une situation qui les confronte à un certain vide créatif. Aussi, lors d’une réunion de préparation, ils décident de « brainstormer », en décrivant toutes les contraintes qu’ils subissent dans leur vie personnelle. Le temps qui passe, l’argent à gérer, la santé mentale, l’altérité, les voyages au long cours… Tous les tracas cités deviendront des chansons, respectivement Time, Money, Brain Damage, Us & Them et On The Run. C’est à travers les mots de Roger Waters, parolier unique du disque, et la musique de Pink Floyd, que ces différents thèmes construisent The Dark Side of The Moon, un disque de lutte contre la négativité.

Un enregistrement particulier devenu unique

En entrant en studio à l’été 1972, Pink Floyd dispose d’une série de maquettes prêtes à être enregistrées dans des versions plus formelles. Pour autant, tout au long du processus, les musiciens se livrent à certaines expérimentations. L’une consiste à interviewer des passants et des personnes qui travaillent dans le studio, puis à insérer les extraits tout au long de l’album. Ainsi, la célèbre conclusion « There is no Dark Side of the Moon Really. Matter of Fact it’s All Dark » (« il n’y a pas de côté sombre de la Lune, en vérité, elle est entièrement sombre »), à écouter sur le morceau Eclipse, est le propos de Gerry O’Driscoll, portier d’Abbey Road, où le groupe passe six mois.

Du côté musical, Pink Floyd peaufine un grand album pop avec l’appui des plus grandes technologies. Comme les Beatles ou les Beach Boys ère Brian Wilson dans la décennie précédente, ils font du studio un instrument à part entière. Le synthétiseur, notamment, trouve une place de choix sur le disque, à l’exemple d’On the Run, qui anticipe le travail de Tangerine Dream ou de Kraftwerk, et d’Any Colour You Like, autre instrumental construit à partir d’arrangements électroniques. Sous la houlette d’Alan Parsons, ingénieur du son geek le mixage et le mastering de l’œuvre aboutissent à l’un des premiers grands disques hi-fi de l’histoire. Bourré d’effets sonores ingénieux, spatialisé afin d’offre un vrai relief, le disque restera longtemps LE disque à apporter en magasin au moment de s’offrir un ampli et des enceintes !

Musicalement parlant, l’œuvre capte rapidement l’attention du grand public par son mélange majestueux de style. L’ouverture, Speak To Me, constitue une sorte de bande-annonce, avec des extraits de Money et de The Great Gig in The Sky, puis Breathe, dans un style rock planant, nous amènent vers le cœur du disque : Time et The Great Gig in The Sky sont construits au piano sur des enchaînements d’accords issus du jazz, Money n’est pas en reste avec sa mesure impaire et son solo de saxophone, quand Us and Them semble synthétiser tous ces ingrédients en un morceau.

Une leçon et un héritage : Dark Side of The Moon à travers les époques

Pink Floyd - 1

Alors qu’on fête son cinquantième anniversaire ce mois-ci avec une édition collector de Dark Side of The Moon, le célèbre disque au « prisme décomposant la lumière » (une pochette signée Storm Thorgerson du studio Hipgnosis) n’a cessé de fasciner depuis sa sortie. L’important succès commercial du disque a ouvert un âge d’or pour Pink Floyd, qui répliqua l’idée du concept album avec les trois chefs-d’œuvre Wish You Were Here (autour du thème de l’absence), Animals (adaptation rock planant de La Ferme des animaux d’Orwell) et The Wall (opéra rock autour de l’aliénation et de la coupure entre musicien et grand public).

Pour la musique des années 1970, le succès d’un pareil disque changeait aussi la perspective musicale. Bientôt, le rock progressif virtuose des Yes et Genesis céderait la place à des formations plus « pop », comme Supertramp ou Alan Parsons Project (la formation créée par l’ingénieur du son de Dark Side). L’idée de réfléchir aux albums comme œuvre à part entière, initiée dans les années 1960, survivrait même au punk : on peut voir dans de grands disques à concept des années 1990, comme Mellon Collie & the Infinite Sadness des Smashing Pumpkins, ou Ok Computer de Radiohead, les lointains descendants du disque étalon sorti en mars 1973.

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Article rédigé par
Mathieu M.
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