Décryptage

L’insaisissable Erik Truffaz

28 mars 2023
Par Christophe Augros
L'insaisissable Erik Truffaz

Le discret trompettiste suisse revient avec Rollin’, 25 ans après sa sortie du rêve. Retour sur le parcours d’un musicien génial constamment à la recherche de nouvelles expériences musicales.

Les débuts d’Erik Truffaz

Erik Truffaz - Photo by Vincent Guignet (2022)

©Vincent Guignet

C’est au début des années 1990 que l’histoire commence pour le trompettiste. Les membres du groupe Silent Majority, originaires de Lausanne, font connaissance avec lui. Nous sommes en 1993. Le trompettiste ainsi que le saxophoniste Cyril Bugnon sont invités sur leur E.P. Curfew. De cette aventure, Truffaz gardera Pierre Audetat (piano), Nya (rap), Cyril Bugnon (saxophone) et le fidèle Marcello Giuliani (bass) pour l’enregistrement de Out Of A Dream, son premier album. Première pierre d’une carrière qui va s’étendre sur trois décennies.

Blue Note

Des premiers enregistrements sur Unik Records, Erik Truffaz signe sur le prestigieux label Blue Note grâce à Michel Mouster. Désormais, la maison fondée par Alfred Lion et Max Margulis devra compter avec lui. Son arrivée est un choc ! Le trompettiste remet au goût du jour l’esprit des Headhunters. Un jazz terriblement funky. Truffaz capte l’air de son temps, se nourrit des différents courants musicaux contemporains et offre des titres qui sont désormais des classiques de son répertoire. Citons Sweet Mercy, Siegfried ou Yuri’s Choice. Et quel groupe !

Insaisissable

Pas question de se reposer sur ses lauriers. Le succès commercial est au rendez-vous, l’impact sur le public très puissant. Mais il s’agit d’aller de l’avant. Le musicien semble avide d’expériences musicales. Après une revisite de ses compositions par l’élite de l’électronique d’alors, il offre Mantis. Nouveau quartet, nouvelle direction musicale. Un an plus tard, réunion du quartet d’origine pour Walk Of The Giant Turtle. Du groove, toujours, avec davantage de rock. Deux ans plus tard, sonorités orientales et fusion pour Saloua. Nya se joint à l’autre quartet. Mélange des genres, mélange de formations et l’artiste n’est jamais là où son public l’attend. Effet de surprise indéniable, meilleure façon d’éviter routine et ennui. Puis viendra l’heure d’incorporer du chant. Sublime Snake Charmer Man, émouvante voix de Ed Harcourt pour un magnifique Arkhangelsk. Nous sommes en 2007, déjà ! Voix masculine ici, voix féminines là. Sophie Hunger et Anna Aaron apportent sensualité et touche pop sur In Between et El Tiempo De La Revolucion tandis que Rokia Traore ouvre les portes de l’Afrique sur Doni Doni. Départ du batteur Marc Erbetta…Une grande partie de son public vient des milieux urbains. Truffaz le sait et confirme plus que jamais. Remarquable Complement Du Verbe avec Oxmo Puccino.

Depuis 2012

erik truffaz

Le rythme s’est ralenti, doucement mais sûrement. Une page semble s’être tournée, comme un changement d’époque. Les projets semblent plus personnels, toujours à la recherche de nouvelles voies. Un sculpteur de l’électronique (le mexicain Murcof), un maitre français des effets visuels (Enki Bilal), 15’ pour Warhol et un Human Being Human aussi fascinant qu’une Lune Rouge. Les projets semblent réfléchis comme des œuvres d’art. L’important est l’originalité, la qualité, quitte à être moins prolifique. Et voici déjà le Cri Du Caire…2023, trente ans depuis Silent Majority. Le temps file à une vitesse, comme une bobine de cinéma : Rollin’ !

Le nouvel album Rollin’ sera disponible le 7 avril prochain. 

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Article rédigé par
Christophe Augros
Christophe Augros
Disquaire à Fnac Chambéry
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