Sur plus d’une décennie, Jeffrey Dahmer a massacré 17 adolescents et jeunes hommes avant son arrestation. Comment a t-il pu échapper aux forces de l’ordre ? Pourquoi a t-il agi ainsi ? La terrible série Netflix tente de répondre à ces questions.
En dix épisodes, nous découvrons l’enfance malheureuse et le parcours qui mènent aux meurtres et massacres et finalement à son arrestation. En plus de sa vie, la série montre les multiples erreurs policières qui auraient pu empêcher nombre de ces tueries. Un phénomène Netflix qui subjugue et passionne.
Monstre : L’Histoire de Jeffrey Dahmer : belle distribution
Une série dérangeante dont on sort assez mal. Souvent gore, elle ne laisse personne indifférent. Son succès tient également au choix et à la qualité des acteurs. Le public retrouve Evan Peters, révélé dans la série American Horror Story. La ressemblance physique avec l’original est troublante. Le réalisateur Ryan Murphy (Mange, prie, aime / American Horror Story) tente d’élargir un peu sur le psychologique et le profil des victimes. 14 des 17 victimes étaient des noirs ou asiatiques. Toutes étaient homosexuelles. Il dénonce aussi cette époque dans laquelle racisme et xénophobie dans la police américaine, structurels ou individuels, ont permis à Dahmer ces meurtres en série sur une aussi longue période.
Niecy Nash (Selma / Monk / Amy) incarne la voisine terrorisée qui tentera à plusieurs reprises de prévenir les autorités. La scène de sa rencontre avec le révérend noir Jesse Jackson -dont la ressemblance avec l’original est également criante de vérité- est très émouvante. Une autre façon de s’attaquer à cette société américaine des années 1980. Celle de Ronald Reagan et de sa politique hyper conservatrice envers les minorités ethniques de son pays qui mènera aux émeutes du début des années 1990.
Chercher des explications à cette énigme
Le contexte familial de Dahmer est au centre du sujet. Les médicaments pris par la mère pendant la grossesse et sa personnalité dépressive, l’abandon d’un petit garçon par sa mère, le caractère dur d’un père étranger au concept d’empathie (superbe performance de l’acteur Richard Jenkins), la solitude dès le plus jeune âge, ces facteurs peuvent-ils être des explications à la folie de Dahmer ? Le réalisateur tente de trouver des explications à des actes ignobles qui n’en ont pas. Car Dahmer ne correspond à aucun profil de « serial killer ». Là est le côté le plus fascinant de ce monstre cannibale à côté duquel Hannibal Lecter est un enfant.
Enfin, cette série est impressionnante par la reconstitution des différentes époques. Décors, costumes, musiques, ambiances, maquillage, toutes les restitutions sont proches d’un documentaire. Il en va de même pour la sobriété de la mise en scène ainsi que pour la qualité de la photo.
Dahmer : la polémique
Forcément, traiter d’un tel sujet soulève de nombreuses polémiques. C’est le cas. Il n’en reste pas moins que la remarquable qualité de la série permet à un public très large (le succès de la série est immense) de découvrir l’existence de ce personnage. Elle pose aussi des questions importantes à commencer par le rôle de la psychiatrie et des traitements médicamenteux dans les années 1960 et 1970. Quel rôle exact ont-ils eu sur le cerveau de Dahmer ?
Troublante, déstabilisante, émouvante et révoltante, la série Dahmer est fascinante, et unique. Un régal !
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