Décryptage

Tunic : comment expliquer le succès de ce mystérieux petit renard ?

08 avril 2022
Par Valentin Boulet
Tunic : comment expliquer le succès de ce mystérieux petit renard ?
©Finji

Disponible dans le GamePass et en exclusivité console Xbox depuis le 16 mars 2022, Tunic a suscité un engouement surprenant depuis son annonce, malgré son statut de petit jeu indépendant.

Vous l’avez forcément vu passer quelque part ces dernières semaines. Il faut dire qu’avec sa petite bouille, le renard, héros du jeu Tunic ne passe pas inaperçu, notamment lorsqu’on le découvre pour la première fois, à l’occasion de l’E3 2018, au milieu de monstres sacrés comme Halo Infinite ou Sekiro.

Après sept ans de développement, Tunic est enfin disponible et les retours sont tonitruants. La presse mondiale s’accorde à dire que le petit jeu indépendant s’impose comme l’une des plus belles surprises de ce début d’année, et qu’il a toute sa place dans nos ludothèques au côté des énormes blockbusters les plus récents que sont Horizon Forbidden West et Elden Ring. Une preuve que les développeurs indépendants ont encore leur place, malgré les productions de plus en plus coûteuses des géants du marché.

 Andrew Shouldice contre Goliath

Jeune développeur chez Silverback Productions, un studio qui s’est fait remarquer pour de belles productions sur mobile, Andrew Shouldice se rend compte de ce qu’il est capable d’accomplir seul, en participant à la Ludum Dare, un concours de développement de jeux vidéo qui impose un thème et une limite de temps. Il décide alors de se lancer seul et à plein temps dans le développement d’un jeu, Secret Legend, qui racontera l’histoire « d’un petit renard dans un grand monde ».

Et dès sa toute première apparition en public, à l’occasion de la PAX 2016, les quelques joueurs et joueuses qui ont eu l’occasion de mettre la main dessus semblent conquis. Problème, personne n’en retient le nom. « Machin Legend ? Secret Truc ? Le jeu avec le petit renard là ! » Voilà ce qu’entend Andrew Shouldice à propos de son jeu, qui deviendra donc Tunic, sans aucune autre explication, puisque vous le verrez, tout est une question de mystère.

Un an plus tard, Andrew Shouldice est de retour à la PAX. Et s’il est encore le seul à travailler sur le jeu, il est désormais accompagné par l’éditeur Finji, qui l’aidera à mettre son œuvre en avant. Et ça marche, puisque Tunic intègre le programme ID@Xbox, qui permet à des développeurs indépendants d’éditer leurs jeux sur l’univers Xbox, console et PC.

L’histoire est en marche, et le jeu sera dévoilé au grand public à l’occasion de l’E3 2018, le plus grand salon de jeux vidéo au monde, après plus de trois ans de travail d’une seule et unique personne. A titre de comparaison, les jeux triple A présentés à l’E3 profitent d’équipes de développement de plusieurs centaines de personnes à plein temps, réparties dans plusieurs studios partout sur la planète, le tout pendant quatre ou cinq ans de travail.

Des références et du mystère

En mars 2022, et après sept ans de travail seul ou presque, puisqu’il a été aidé sur la fin du développement notamment pour le sound design et les musiques, Andrew Shouldice peut enfin dévoiler son produit final au public. Et alors que les premières images du jeu semblaient annoncer un Zelda-like, Tunic revendique finalement une autre grosse référence, que personne n’attendait vraiment.

Oui, on retrouve dans Tunic la sensation des premiers jeux Zelda, en débarquant dans un monde qui semble immense, sans aucune indication ni tutoriel, et avec comme seul et unique objectif de comprendre ce qu’on fait là. Mais dès le premier affrontement face à un ennemi, c’est une autre franchise qui vient à l’esprit, et pas n’importe laquelle. Une barre d’endurance qui limite les mouvements du petit renard, et notamment ses capacités d’esquive, la possibilité de parer des coups à condition de trouver le bon timing, et des boss qui demanderont de nombreux essais avant d’en venir à bout… Tunic est aussi très inspiré par les jeux From Software, dont le dernier bébé, Elden Ring, est une nouvelle fois un carton monumental.

Tunic1

Enfin, au-delà de son originalité et de ses références bien choisies, Tunic a réussi à séduire grâce à son incroyable dose de mystère. D’abord grâce à sa 2D isométrique, qui permet de dissimuler de nombreux passages que l’angle de la caméra ne révèle pas aux moins curieux. Ensuite, par sa langue incompréhensible, que l’on retrouve dès le début de l’aventure, sur tous les panneaux, comme pour prévenir le joueur ou la joueuse que même ce qui semble être une indication n’offrira en réalité qu’un mystère de plus. Enfin, le manuel du jeu, dont vous vous devrez trouver chaque page au fur et à mesure de votre avancée et qui sera lui aussi, entre deux notions techniques précises, rempli de caractères indéchiffrables.

Du mystère, des références, et l’âme d’un développeur passionné, voilà de bons arguments pour expliquer le succès de Tunic, bien qu’il semble tout petit face aux autres sorties du mois de mars. En plus, Tunic est sur le Game Pass, et ses millions d’abonné.e.s, dont on espère que vous faites partie, n’ont pas d’excuse pour ne pas l’essayer.

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Article rédigé par
Valentin Boulet
Valentin Boulet
Conseiller fnac.com jeux vidéo et high tech