L’un a mis la lumière sur Sevran, l’autre la distingue à travers les trous de sa fameuse cagoule… Kaaris et Kalash Criminel, les deux gloires du rap sevranais, se réunissent le 28 janvier sur un album commun, SVR. L’occasion de revenir sur l’histoire du rap dans cette ville du 9-3, d’où ont aussi émergé Maes, 13 Block ou DA Uzi.
Kaaris, la lumière sur Sevran
Les débuts ont été un peu laborieux, et pourtant Kaaris, à force d’abnégation, a fini par entrer au panthéon du rap français. Arrivé à Sevran, dans le quartier de Rougemont, à l’âge de huit ans, le futur MC a vécu entre Afrique et Seine Saint-Denis à son adolescence, avant de commencer à kicker dans les années 2000. La ville est alors isolée sur le plan du rap : K2A se rend régulièrement à Paris pour côtoyer des rappeurs de toute l’Île-de-France. Après quelques featurings et une mixtape, il est finalement repéré par Booba : son sens de la formule, son adaptation au nouveau son américain (la trap et la drill) plaisent au Duc de Boulogne. Kaaris participe à la mixtape Autopsie Vol.4 puis se fait remarquer avec la mythique Kalach, un duo présent sur l’album Futur.
La carrière de Kaaris s’envole : son premier album Or Noir figure parmi les sommets de la drill à la française. Le rappeur sevranais s’y distingue par sa bestialité, la violence de ses punchlines et son goût de l’egotrip. En passant, le MC a popularisé le gimmick « 2-7-0 » dans le paysage musical. Trois chiffres pour faire référence au code postal de sa ville, qui devient soudainement le nouveau vivier du rap français !
De Kaaris à Kalash Criminel et Maes : Sevran sur la carte du rap français
En 2016, Kaaris enregistre son troisième album (Okou Gnakouri) quand sort un titre dans lequel il apparaît en featuring : Arrêt du cœur. Le titre révèle un autre MC de Sevran, Kalash Criminel, qui se présente comme « l’albinos né pour briller ». Toujours affublé d’une cagoule, ce jeune MC (il a quinze ans de moins que Kaaris) se distingue par certaines de ses fulgurances comme ce « choqué de la brutalité » devenu viral après la parution de Sale sonorité. Son premier album R.A.S. l’installe en tant que nouvelle star du rap français.
Un an auparavant, Kaaris avait invité un quatuor de MC originaire d’un autre quartier de Sevran (les Beaudottes) à poser en featuring sur Vie sauvage, extrait de son deuxième album Le Bruit de mon âme. Stavo, Zed, Zefor et OldPee, aka les 13 Block, devaient ensuite monter en puissance dans le rap français au cours de la période 2016-2018. Hardcore, avec un discours anti-policier particulièrement aiguisé, le groupe a représenté la relève du son sevranais. Et ils ont renvoyé l’ascenseur à leur ville : on leur doit l’exposition de Maes, qu’ils ont accueilli en première partie d’un de leur concert parisien en 2017.
Une occasion unique qu’a saisie pleinement le jeune rappeur, lui aussi originaire des Beaudottes. Dès 2018, le il signait en major, collaborait avec Booba et sortait son premier album Pure. Incarnant la version mélodieuse du rap français, avec autotune et rythmique club, Maes a su mélanger le son street cher à Sevran avec les aspirations pop du public, devenant l’un des poids lourds du hip-hop hexagonal, comme le montre son dernier album, Réelle vie 3.0.
La sortie, cette fin de mois, de SVR, premier album collaboratif entre Kaaris et Kalash Criminel vient remettre encore un peu plus de lumière sur deux artistes fondateurs du rap dans la ville de Seine Saint-Denis. Grâce à un réseau solidaire entre différents groupes, crews et quartiers, et une vraie envie de valoriser leurs proches, les MC locaux ont réussi à s’imposer et à faire de leur cité un vivier à nouveau talents.
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