Sean Penn, le bad boy de Hollywood des années 1980 a laissé place à un acteur et réalisateur respectable et respecté. À tel point que ses films en tant que cinéaste, sont régulièrement sélectionnés dans de grands festivals internationaux. C’est le cas de son petit dernier, Flag Day, en salles le 29 septembre. Retour sur la filmographie exigeante d’un réalisateur doué pour dépeindre les outsiders d’Amérique.
Acteur tourmenté et réalisateur apaisé
Enfant du sérail, Sean Penn se dirige tout naturellement vers une carrière dans le cinéma. Il joue souvent des mauvais garçons, des fiancés violents, des hommes qui ne rêvent que de vengeance et de reconnaissance. On le voit dans Crackers de Louis Malle, Le Jeu du faucon de John Schlesinger ou encore Outrages de Brian de Palma. Connu pour ses frasques, notamment amoureuses avec sa première épouse Madonna, Sean Penn s’assagit au contact de sa seconde femme, Robin Wright, et il se lance dans la réalisation.
Si la violence demeure en toile de fond, il parle cette fois de pardon, de rédemption. The Indian Runner en 1991, qui révèle Viggo Mortensen, raconte une Amérique divisée, entre valeurs pacifistes et appel à la guerre (en l’occurrence celle du Vietnam). Sean Penn n’aura dès lors de cesse de poursuivre sur cette voie et de mettre en avant des hommes voués à la perdition parce qu’ils suivent un chemin différent de celui qu’on voudrait tout tracé pour eux. De grands acteurs habitués à jouer les trouble-fêtes se pressent pour faire partie de la distribution de ses films, à l’image de Jack Nicholson en père ivre de vengeance dans Crossing Guard ou en policier à la retraite aidant une mère à retrouver le meurtrier de sa fille dans The Pledge.
Un cinéma grand spectacle, intimiste et militant
En 2007, il signe Into the Wild, l’histoire vraie de Christopher McCandless qui avait choisi une vie hors de tout système, en plein cœur de la nature, avant de succomber à un empoisonnement accidentel. Nouveau film présentant un homme qui s’extrait de lui-même de la société, nouvelle critique d’une Amérique broyant les plus faibles, Into the Wild obtient plusieurs prix et nominations internationaux. Sean Penn, l’acteur tourmenté devenu assagi, aux choix de films audacieux ou engagés (L’Impasse, La Dernière Marche militant contre la peine de mort, Mystic River, Harvey Milk, The Tree of Life) est également un réalisateur militant. Ses films sont des fresques questionnant l’intime, révélant les fêlures de ses anti-héros, comme s’ils incarnaient à sa place celui qu’il était et continue d’être, caché derrière sa carapace d’acteur oscarisé.
Et quand il s’éloigne de ce cinéma vérité et bouillonnant, de ces personnages fragilisés de vivre dans un monde trop grand pour eux ou en quête de pardon, il se perd en chemin. Le film The Last Face, romance sous fond d’humanitaire au Liberia avec Charlize Theron et Javier Bardem, se fait étriller par la critique lors du Festival de Cannes 2016 et connaîtra un échec commercial retentissant. Cinq ans plus tard, il est de retour avec ce qu’il sait faire de mieux. Flag Day, également sélectionné à Cannes, est une nouvelle histoire vraie d’un outsider, celle du faussaire et braqueur de banque John Vogel, alors que sa fille journaliste mène l’enquête sur l’un de ses méfaits. Et pour mieux brouiller les pistes, Sean Penn et sa fille Dylan Penn incarnent ce père et sa fille au destin hors norme. Comme son cinéma.