Royal Blood, Typhoons un troisième opus dans lequel le duo britannique continue sur sa lancée ultra-efficace. Avec seulement une basse et une batterie, le groupe retrouve l’énergie primale du rock’n’roll. Alors, est-ce qu’être deux, seulement, pour faire de la musique ensemble, constitue le secret d’une réussite dans le rock ? Réponse avec les meilleurs duos du rock, des White Stripes à The Kills, en passant par les Black Keys, qui font également leur retour ce printemps.
Le 30 avril sort le nouvel album de Royal Blood, Typhoons un troisième opus dans lequel le duo britannique continue sur sa lancée ultra-efficace. Avec seulement une basse et une batterie, le groupe retrouve l’énergie primale du rock’n’roll. Alors, est-ce qu’être deux, seulement, pour faire de la musique ensemble, constitue le secret d’une réussite dans le rock ? Réponse avec les meilleurs duos du rock, des White Stripes à The Kills, en passant par les Black Keys, qui font également leur retour ce printemps.
Les « duettistes », un classique de la pop music
Avant l’existence des duos de rock pur, la musique pop américaine a longtemps admiré des artistes réunis par paire, qu’ils soient frères et/ou sœurs, amant(e)s ou simplement ami(e)s. Notamment, lorsqu’ils s’agissaient de chanteurs, l’association de deux interprètes était le seul « groupe » véritablement identifié, les autres musiciens éventuels étant relégué au second plan.
Ainsi, lorsqu’on parle des Everly Brothers, on mentionne deux frères qui ont révolutionné le rock balbutiant des années 1950, et non ceux qui les accompagnent. Ce duo fraternel aura apporté une contribution majeure grâce à des harmonies vocales très reconnaissables, qui inspireront en particulier les Beatles ou les Beach Boys.
Dans les sixties, la formule du « duo » tête d’affiche a cartonné. Ike & Tina Turner ou Otis Redding & Irma Thomas côté soul, Simon & Garfunkel dans le domaine du folk, sans oublier Nancy Sinatra & Lee Hazlewood en matière de pop représentent les plus beaux exemples de ces paires gagnantes, qui n’hésitaient pas à s’étoffer un peu sur scène, et en studio.
D’autres formations à deux ont émergé, alliant deux personnalités fortes : Steely Dan est ainsi né de la volonté de Donald Fagen et Walter Becker de fusionner leurs talents d’auteur-compositeur autour d’un projet commun. En studio en tout cas, leur musique s’est créée autour d’un échange à deux, avec pour seul intermédiaire leur producteur.
Ce modèle, les Black Keys sauront s’en souvenir : Dan Auerbach et son batteur Pat Carney ont formé un duo de scène devenu aussi une référence en termes d’autonomie en studio. A eux deux, ils assurent l’enregistrement de la totalité des instruments. Depuis le début des années 2000, la formule a fonctionné : entre Brothers, El Camino ou Attack & Release, en attendant leur nouvel album Delta Kream en mai ce duo de blues rock moderne a défini un son, et entraîné dans son sillage un autre duo percutant, et un peu plus psychédélique, Radio Moscow.
Faire un groupe en duo, pour mieux performer sur scène
Au cours des années 1970-1980, si la formule du duo bien accompagné s’est maintenue avec The Carpenters, le fait de réussir à faire de la scène avec deux musiciens seulement constituait un challenge plutôt qu’un chemin assuré vers le succès. Le groupe culte de l’after-punk, Suicide, s’est brillamment illustré durant sa courte existence, grâce à l’alchimie entre Alan Vega au chant et Martin Rev derrière les synthés. Leur musique minimaliste, mais ô combien percutante, en particulier en concert, a laissé son empreinte toute l’electro-pop en duo, avec des formations volontairement cantonnées à deux membres qui s’en sont inspirés, comme Soft Cell.
Faire beaucoup de bruits en étant seulement deux a ensuite fait germer l’idée d’un rock puissant, mais facile à mettre en œuvre chez de nombreux artistes, comme The White Stripes. Groupe de stade le plus célèbre de la planète depuis la sortie de Seven Nation Army, la fausse fratrie constituée de Meg & Jack White s’est imposé grâce à la complicité teintée de puissance qu’ils ont montrée pendant leurs vingt ans d’existence autour d’albums comme Elephant ou du surpuissant live Under Great White Northern Lights.
C’est dans cette même ligne que l’on peut retrouver The Kills, phénomène anglo-américain qui voyait Alisson Mosshart (VV) et Jamie Hince (Hotel) gratter leur guitare saturée et chanter sans avoir besoin de plus (sinon de boîtes à rythmes) pour mettre le feu dans les grands festivals d’Europe.
En réécrivant l’instrumentation du duo rock, Royal Blood a fait à la basse une place centrale, inédite jusqu’alors dans le genre. Dès leur premier album homonyme, les garçons anglais défrayaient la chronique tant le ratio patate envoyée/personnel employé imposait. Sans connaître le line-up, difficile d’imaginer que cette rage pure n’appartenait qu’à deux hommes seulement. Avec leur troisième disque, Typhoons, porté par le single Trouble’s Coming, le plus énervé des duos indie rock anglais confirme que leur positionnement dans le cœur de nombreux fans en Europe n’a rien d’usurpé.
Venus eux aussi d’Angleterre, les membres de Band of Skulls ont d’abord formé un trio avant de se retrouver sans batteur. L’énergie aidant, les « survivants » ont continué l’aventure sans jamais lâcher, comme en atteste d’excellents disques comme Sweet Sour ou Love Is All You Love.
Alors que le duo le plus célèbre de l’electro, Daft Punk, vient de se séparer, et que leurs confrères en genre et en nombre Chemical Brothers attendent la réouverture des salles, le rock à deux se porte décidément au mieux, signe de sa pertinence et des possibilités ouvertes par cette formule choisie par de nombreuses autres formations, de Death From Above à Slaves !