Décryptage

Wonder Woman : tout savoir sur la super-héroïne adaptée au cinéma par Patty Jenkins

26 mars 2021
Par Steven
Wonder Woman : tout savoir sur la super-héroïne adaptée au cinéma par Patty Jenkins

Après The Dark Night et Man of Steel, Wonder Woman aura finalement elle aussi droit à sa propre trilogie. Cette fois-ci, le héros est une héroïne ! En 2017, apparaissait le premier long-métrage et quatre années plus tard, le second, à retrouver en DVD et Blu-ray le 7 avril. Wonder Woman est-elle parvenue à déjouer les représentations archétypales autour de la figure du super-héros ?

Aux origines de Wonder Woman

 

Mythologie et Wonder Woman

L’univers cinématographique de Wonder Woman tire son inspiration des comics : Diana Prince est la princesse des Amazones, un peuple de femmes qui s’est exilé sur l’île paradisiaque de Themyscira pour fuir au dieu Hercules. Tandis que ce dernier voulait les réduire en esclavage, Hippolyte, reine des Amazones, pactise avec la déesse Aphrodite afin de sauver son peuple. En échange de leur liberté, elles ne devront plus jamais s’approcher des hommes. Elles apprennent à vivre seules, sans eux. L’enjeu est de pouvoir subvenir à leurs besoins sans l’aide de leurs homologues masculins en s’entraînant à devenir toujours plus fortes : elles développent des aptitudes impressionnantes pour la force et l’endurance à travers la pratique de la chasse, du tir à l’arc ou encore de l’escrime. En somme, nous avons affaire à un peuple de guerrières. Mais cette promesse de fuir les hommes est rompue lorsque le pilote Steve crash sur l’île et tombe amoureux de Diana. Le choix de Wonder Woman est subversif : elle choisit l’amour en dépit des lois imposées par les dieux.

Wonder Woman et Wonder Woman 1984

Bientôt un siècle depuis que le personnage de Wonder Woman a été créé par William Moulton Marston. Les lecteurs du magazine All Comics Books découvrait alors l’un des premiers héros féminins de l’histoire des comics. Aux côtés de Batman et de Superman, elle a su trouver sa place dans un univers très masculin et est devenu l’une des super-héroïne les plus populaires : apparition dans plus de 6000 comics, une série télévisée dans les années 1970 et maintenant 2 long-métrages. Peu de personnages, les deux genres confondus, peuvent se vanter de durer dans le temps. Même si Wonder Woman s’est imposée pour se faire sa place parmi les grands, l’héroïne a eu le droit a moins de films que ses équivalents masculins.

Wonder Woman affiche 1    Wonder Woman affiche 2

Alors que Batman ou Superman ont déjà eu droit à plusieurs remakes et reboots, Wonder Woman n’a pas eu beaucoup de films. Il aura fallu attendre Patty Jenkins pour que Wonder Woman, le premier film ne sorte en 2017. Le récit revient sur le background mythologique du personnage, incarné par Gal Gadot, puis la découverte du monde des hommes dans le contexte de la Première Guerre mondiale. Le second volet, Wonder Woman 1984 se passe bien des années plus tard : nous retrouvons Diana qui travaille pour un musée dans lequel est conservé un artefact magique capable d’exaucer tous les souhaits…

Quel message derrière la Wonder Woman de Patty Jenkins ?

Des valeurs universelles et égalitaires 

Wonder Woman est un personnage ambivalent, ni trop féminin ni trop masculin. Elle incarne les valeurs de la féminité (émotions, protection ou entraide …) en même temps que celles de la masculinité (combativité, puissance ou autonomie). Un jeu d’équilibriste entre le féminin et le masculin pas toujours évident à tenir qui a cependant le mérite de mettre en évidence certains stéréotypes pour les reformuler façon Wonder Woman. Pour simplifier la tâche, il faut donc faire un choix : l’accent a été mis sur la force et les talents de Wonder Woman au combat puisque les scènes de bataille restent les plus spectaculaires et les plus divertissantes. Et, dans le même temps, il s’agit de l’usage d’une force mesurée : Wonder Woman utilise une force qu’elle tire de sa féminité ; par conséquent, pas de force brute, mais une force intelligente et utile pour protéger ses amis ou des personnes en situation de danger. Puisque Wonder Woman n’est pas réduite à être femme – son identité est plus complexe – il n’y a pas besoin d’être soi-même une femme pour s’identifier au personnage de Wonder Woman qui véhicule des valeurs universelles que nous partageons toutes et tous.

Identité, choix et militarisme 

Outre les interrogations liées au genre, les deux long-métrages de Patty Jenkins proposent une réflexion plus vaste sur qui nous sommes, en tant qu’humain. La démarche peut paraître niaise, mais a le mérite d’expliciter nos contradictions et de comprendre pourquoi nos vies peuvent être si compliquées. Ce thème de l’ambiguïté transparaît à travers le parcours de Diana qui est tiraillée par plusieurs questionnements : est-elle une Amazone ou une mortelle ? Doit-elle quitter l’île pour rejoindre le monde des hommes ? Steve ou la famille ?

Et le film parle aussi militarisation. Féminisme et militarisme semblent aller de pair, à l’instar du premier film qui surfe sur les discours féministes pour distiller un message lissé de l’interventionnisme américain et de sa toute puissance militaire. Si la personne qui porte un tel message guerrier est une femme, alors la pilule est plus facile à avaler. En effet, Wonder Woman revêt le visage angélique de l’impérialisme : elle met une raclée aux méchants en faisant attention à ne pas leur faire trop de mal. Etonnant : ils ne saignent pas. Personne ne meurt et elle sauve le monde sans tuer personne. Une rhétorique pacifiée de la violence s’y déploie, justifiant en filigrane un usage légitime de la violence du point de vue américain.

Zack-Snyder-s-Justice-League-Steelbook-Blu-ray-4K-Ultra-HDAu-delà de tous ces enjeux de représentation, les deux Wonder Woman restent très divertissants : nous attendons avec impatience le l’ultime film de Patty Jenkins qui devrait sortir pour 2023 ou 2024 pour clore la trilogie. En attendant, on peut dores et déjà retrouver Wonder Woman aux côtés de Batman, Aquaman, Cyborg et Flash dans Justice League de Zack Synder, qui sort en DVD et Blu-ray dans une version Director’s Cut de 4 heures !

Article rédigé par
Steven
Steven
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