A presque 60 ans de carrière, Sheila semble au meilleur de sa forme puisque se profile un nouvel album, le 27e. Retour sur une artiste hors norme et lumière sur cet album plein de promesses, Venue d’ailleurs, à découvrir le 2 avril 2021.
Des yéyé à aujourd’hui, une artiste majeure de la chanson française
Elle aurait pu devenir circassienne, danseuse à l’Opéra mais c’est finalement la chanson qui la projette sur le devant de la scène. Et le succès est quasi immédiat, dès le deuxième 45 tours. Avec Claude Carrère à ses côtés, Sheila devient cette jolie jeune fille sage (chemisier blanc, jupe écossaise et couettes avec des petits nœuds) qui va toucher les adolescent.es de son âge. Elle devient à, à peine, 17 ans une icône des yéyé. Le succès aurait pu s’arrêter très vite car dans la fureur de ce début de carrière, elle connaît épuisement, anémie et est surtout victime de rumeur (Sheila est-elle un homme ?). C’est sans compter sur son talent et sa volonté.
Une icône aux multiples talents
Dès le début de sa carrière, on peut parler de phénomène Sheila. Les jeunes adolescentes veulent ressembler à leurs idoles yéyé et Sheila fait partie de l’une de ces icônes. Outre les tubes qui s’enchaînent les uns après les autres, le phénomène Sheila s’exprime aussi dans la création de boutiques de vêtements Sheila, de produits de beauté Sheila (Sheiladermine) et une poupée mannequin à son effigie pour ne citer que quelques-uns des produits marketing.
Depuis 1963, les succès se succèdent et pas seulement dans la période yéyé. Toujours dans la lumière des médias, notamment lors de son union avec une autre star de l’époque, Ringo, Sheila fait partie de ces artistes qui savent évoluer avec leur époque.
Disco queen
Non seulement, elle est une des images emblématiques des yéyé mais elle est aussi devenue l’une des références de l’époque disco en France. Il faut rappeler qu’elle est la première à aller aux Etats-Unis pour imprégner sa musique des sons disco et à travailler avec le célèbre musicien Nile Rodgers du groupe Chic et Keith Olsen (Pat Benatar, Fleetwood Mac, …), deux artistes américains majeurs de l’époque, propulsant sa carrière au niveau international. A la fin des années 70, elle apparaît en tenue à paillettes avec 3 danseurs noirs, les B Devotion. Si se produire avec 3 danseurs noirs aujourd’hui est quelque chose de « normal », à l’époque, cela est vécu comme une révolution.
Les années 80 voient Sheila prendre un virage artistique se séparant de son producteur, Claude Carrère et décidant d’avoir à son répertoire des chansons écrites pour elle et en adéquation avec elle-même. Elle s’entoure alors d’Yves Martin.
Entre s’adonner à la peinture, la sculpture, l’écriture, la présentation d’émission de télévision et bien sûr la chanson, Sheila n’a jamais cessé de rester dans le cœur des français. Ceux qu’elle a conquis dans les années 60 puis tout au long de son immense carrière. S’appuyant sur un public très fidèle, Sheila a mené sa barque parfois avec des périodes tempétueuses mais toujours avec une passion jamais altérée.
Venue d’ailleurs, un album à l’image de Sheila et particulièrement personnel
Pas vraiment nostalgique et passéiste, Sheila prouve encore aujourd’hui toute l’énergie qu’elle a encore à s’adonner à son art, en sortant son prochain album le 2 avril 2021. Retardé par la pandémie, il est bien là ce 27ème album, Venue d’ailleurs, un album qui se dit être une autobiographie en musique. Entre disco, pop, rock, titres acoustiques piano-voix, Sheila semble avoir pris du plaisir à enregistrer cet album qui signe son grand retour après presque dix ans d’absence, Solide étant sorti en 2012. Elle a retrouvé ses amis Nile Rodgers et Keith Olsen, des amis de 40 ans, et toute l’énergie et l’envie des années disco.
Le premier single Tous yéyé fait la part belle à la nostalgie sans être passéiste. C’est l’occasion pour Sheila de rappeler combien la période yéyé décriée par les parents a insufflé beaucoup d’énergie dans la chanson française et mis à jour de nombreux artistes majeurs (Hallyday, Vartan, Hardy, Mitchell pour ne citer qu’eux).
Le titre La rumeur met bien exergue toute la pression qu’elle a subie depuis le début de sa carrière, un titre qui fait écho à son vécu, mais aussi à l’évolution de nos sociétés, où divulguer n’importe quelle information (vraie ou fausse), colporter des ragots sont devenus avec les réseaux sociaux et la puissance des médias people, des armes qui peuvent briser des vies.
Le titre 7eme continent met en lumière la sensibilité écologiste de l’artiste ; une chanson piano-voix particulièrement réussi. Et puis on ne peut pas passer sous silence, cette magnifique chanson en hommage à son fils décédé, Cheval d’amble, qui se passe de tout commentaire.
Bref, vous l’aurez compris, Sheila est bien là, prête à défendre son art, sa passion encore et encore. Pourquoi bouder une telle envie et un tel talent ? Aucune raison. Rendez-vous le 2 avril donc.
