Belle Green d’Alexandra Lapierre : mentir pour réussir

Des livres plutôt que des films

Si elle n’avait pas choisi l’écriture, Alexandra Lapierre se serait sans doute lancée dans une carrière de cinéaste. Étudiante en cinéma aux Etats-Unis après avoir fait des études de lettre à la Sorbonne, elle se fait remarquer par la qualité de ses réalisations. Pourtant, quand elle revient en France, c’est vers la littérature qu’elle se tourne à nouveau. Talentueuse dans tout ce qu’elle entreprend, elle décroche son premier prix littéraire dès son premier roman publié en 1984. Depuis, son parcours d’écrivaine est jalonné de récompenses prestigieuses. Inspirée par les personnages réels, le plus souvent des femmes au destin exceptionnel, elle est aujourd’hui considérée comme une des plus grandes autrices de biographies romancées.

Belle Greene et JP Morgan

Pour son nouveau roman, Alexandra Lapierre reste fidèle à son mode opératoire. Après trois années d’enquête minutieuse, elle reconstitue la vie tumultueuse de celle qui fut la bibliothécaire personnelle de JP Morgan avant de diriger la prestigieuse bibliothèque Pierpont Morgan à la mort du célèbre magnat américain de la finance en 1913. De son vrai nom Belle Marion Greener, Belle Greene était la fille métisse du premier homme noir diplômé de Harvard et doyen d’université. Au divorce de ses parents, elle suit sa mère qui s’empresse de changer son nom en Da Costa pour justifier la teinte foncée de sa peau. Car dans l’Amérique ségrégationniste du début du XX^e siècle, une femme de couleur n’a aucune chance de pouvoir s’élever socialement ou intellectuellement, encore moins le droit d’évoluer dans la haute société. C’est à cette femme remarquablement brillante, intelligente, courageuse et passionnée que rend hommage Alexandra Lapierre avec Belle Greene. Une femme contrainte de mentir sur son nom et ses origines afro-américaines pour pouvoir être respectée et vivre de sa passion.

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Paru le 20 janvier 2021 – 544 pages