L’auteur et académicien Jean-Marie Rouart n’a jamais caché son goût pour l’Histoire. Il triture la discipline en inventant un nouveau destin au Général de Gaulle dans Ils voyagèrent vers des pays perdus, son étonnant dernier roman, récit d’aventure teinté de conte philosophique.
Ils voyagèrent vers des pays perdus postule un changement par rapport à l’Histoire que l’on connaît : le passage, en 1942, du Maréchal Pétain dans le camp des Alliés. Une distorsion qui amène, dans le roman, le Général de Gaulle au bord du gouffre. Le grand Charles se décide alors à mener une toute nouvelle vie : il part, avec ses fidèles, quelques espions et un ramassis de porte-flingues, pour l’aventure et se retrouve bien vite à voguer sur un mystérieux navire avant d’arpenter les terres de Russie et d’Asie centrale… En cours de route, la petite cour du wannabe libérateur génère bien des intrigues.
Ces péripétie dessinent le récit d’un roman où foisonne l’idée que la bascule entre trahison et loyauté peut être plus rapide que l’on ne croit. Interrogeant avec malice l’Histoire telle qu’on la connaît, pour mieux en offrir un reflet déformé et assez délirant, Jean-Marie Rouart se livre autant à un exercice de style autour de l’uchronie qu’à une expérimentation littéraire sur la capacité de la fiction à nous montrer d’autres voies.
Un roman d’Histoire pas comme les autres, par un passionné du genre
Les hasards de la destinée, il les avait explorés dans Ne pars pas avant moi. La figure du grand homme, analysée avec Napoléon (ou la destinée)…
Les thèmes récurrents de Jean-Marie Rouart, écrivain de la fatalité et des mythes du passé, transpirent encore dans Ils voyagèrent vers des pays perdus. L’académicien et auteur montre à nouveau qu’il sait mieux que quiconque partir dans les méandres du passé pour nous donner une leçon d’apprentissage sur la vie, à l’échelle individuelle ou collective. En écornant un brin le Général de Gaulle, sans lui ôter sa carrure, il réalise ainsi avec Ils voyagèrent vers des pays perdus une jolie synthèse de son œuvre tout en explorant le genre singulier de l’uchronie.
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Parution le 6 janvier 2021 – 336 pages