Philip Kerr, décédé en 2018 à l’âge de 62 ans, était bien connu pour les aventures de son héros, Bernie Gunther, policier berlinois ou détective privé selon les époques. Le tome 14, Metropolis, en est le dernier opus. Nous sommes en 1928. Bernie Gunther, jeune policier récemment promu à la police des mœurs de Berlin, doit enquêter sur les meurtres de quatre prostituées. Une dernière aventure qui laisse ses lecteurs orphelins.
Les enquêtes de Bernie Gunther
Toujours très ancrées dans l’histoire européenne du XXe siècle, les aventures de Bernie Gunther, personnage un peu cynique et désabusé mais bon flic, débutent par La Trilogie berlinoise. Trois romans dont le premier volet, L’été de cristal publié en 1989, se déroule en plein Jeux Olympiques de 1936. Les deux autres entraînent le lecteur de 1938 (La Pâle Figure), aux années d’après-guerre, quand les responsables nazis vaincus tentent, souvent avec succès, de s’échapper d’Europe pour couler des jours paisibles en Amérique du Sud (Un Requiem allemand).
D’autres épisodes suivront, toujours très documentés au niveau historique, faisant intervenir des personnages réels dans des situations plausibles ou ayant vraiment eu lieu. Bernie sera confronté à de sombres affaires avant, pendant ou après la Seconde Guerre mondiale. Suivant les enquêtes, il sera policier tentant de faire son métier en pleine guerre, ou détective dans un grand hôtel berlinois. On plonge dans les bas-fonds ou dans la haute société. On rencontre des individus corrompus, dépravés ou violents, généralement les trois à la fois. Et les nazis y sont souvent de mèche avec des individus plus que louches.
Metropolis
1928. Bernie Gunther est un jeune flic, encore plein d’illusions, vétéran médaillé de la Grande Guerre, qui travaille à la brigade des mœurs dans le Berlin des années folles. Il est bientôt invité à faire partie de la KIA, brigade des homicides, pour enquêter sur les meurtres de quatre prostituées. Des meurtres sans importance de filles sans importance pour les collègues nazis de Bernie, d’autant plus qu’une des victimes est juive. À quoi bon se donner tant de mal ? Mais il est comme ça Bernie : un meurtre est un meurtre. Et de toute façon, tout au long de ses aventures, il ne comprendra jamais ce que les nazis reprochent aux juifs… Tout change quand la fille d’un magnat de la pègre est, elle aussi, assassinée. S’ensuivent une série de meurtres de vétérans invalides de guerre, comme si quelqu’un cherchait à se débarrasser de témoins gênants. Témoins de quoi ?
On peut compter sur Bernie pour le découvrir. Même au début de sa carrière, il est déjà très curieux, têtu et plutôt doué. Cela lui vaudra autant d’avantages que de désavantages durant sa vie d’enquêteur, car il a le don de débusquer les affaires pas claires comme une collusion entre la police et la mafia de Berlin, ce qui semble être le cas dans Metropolis.
L’humour à froid de Bernie Gunther, son entêtement, sa curiosité, sa légendaire faculté à encaisser les coups, son charme auprès des dames et sa malchance en amour vont sacrément nous manquer…
—
Parution le 5 novemvre 2020 – 400 pages
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Jean Esch
Metropolis, Philip Kerr (Seuil) sur Fnac.com
Copyright de la photograpie : Achim Scholty de Pixabay