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Les blessures de l’enfance peintes par Rebecca Lighieri

02 novembre 2020
Par Le Cercle Littéraire
Les blessures de l'enfance peintes par Rebecca Lighieri
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LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Françoise C. (Courbevoie). Quartier Nord de Marseille, cité Artaud, cité défavorisée où vit la famille Claeys.

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Il est des hommes qui se perdront toujours

Le coup de cœur de Françoise C. (Courbevoie)

Quartier Nord de Marseille, cité Artaud, cité défavorisée où vit la famille Claeys.

Il-est-des-hommes-qui-se-perdront-toujours-Rebecca LighieriPortrait d’une famille dysfonctionnelle

La famille repose avant tout sur le bon vouloir, la domination sadique, perverse de Karl le père, un psychopathe qui terrorise femme et enfants, drogué à ses heures, alcoolique, petit trafiquant. Et puis il y a Loubia la mère, une beauté abimée par la misère voire la drogue, sous influence, incapable de se protéger et de protéger ses enfants de la tyrannie du père. Sa « rédemption », l’amour inconditionnel qu’elle voue à Mohand lors de ses crises douloureuses, son dévouement pour le soulager, lui, le benjamin, déficient, multi handicapé, souffre-douleur du père. L’ainé, c’est Karel, suivi d’Hendricka. Les deux enfants sont dotés d’une grande beauté héritée de leur mère. Une enfance meurtrie, martyrisée pour les trois enfants Clayes « Trois à avoir été décapités dès l’enfance, trois à qui on a refusé tout épanouissement et toute floraison, trois à n’être rien ni personne. »

Une enfance malgré tout

C’est Karel l’ainé, celui qui a toujours aimé les livres le narrateur de leur histoire, récit sordide, monstrueux qui s’étale des années 1980 aux années 2000. Avec des moments de liberté et une fraternité qu’ils trouvent Passage 50 où vit une communauté gitane sédentarisée, où les enfants Clayes ont leurs repères, leurs amis, leurs premiers émois…

Certes on se trouve dans une cité défavorisée, où l’on vit en vase clos, où tout est codifié, où la spontanéité, les sentiments sont refoulés voire inexistants, « où les yeux servent de langue » et la musique, les paroles des chansons, de porte-parole d’états, de sentiments, idéalisés. Le récit égrène, sur vingt ans, la vie au jour le jour des trois enfants Clayes, interdits, oubliés d’enfance, privés d’amour, qui grandiront avec un serment écrit et planqué : JVTMP. Leur seule force, une fraternité indestructible.

La résilience est impossible quand on a autant subi

C’est là, la force du roman de Rebecca Lighieri, placé certes, dans le contexte le plus propice aux dérapages, à la violence, celui d’une cité défavorisée… mais c’est bien les traumatismes de l’enfance qui engendreront le pire. Les trois enfants devenus jeunes adultes s’en sortent plutôt pas mal, un aide-soignant, futur infirmier, une star internationale, un DJ, chamane à ses heures. Mais la culpabilité, l’idée que l’on a hérité des gènes d’un tortionnaire affleure aux moment des pires exactions et comportements des trois protagonistes de la fratrie.

« Vous  n’empêcherez pas qu’il y ait des âmes destinées au poison. »

C’est en ça que le roman de Rebecca Ligihieri rejoint l’universel.

Roman puissant qui plonge le lecteur au cœur d’un enfer tellement fort et réaliste que l’on a envie de mieux connaître l’œuvre de cette auteure.

Parution le 5 mars 2020 – 384 pages

Il est des hommes qui se perdront toujours, Rebecca Lighieri (P.O.L) sur Fnac.com

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