Début de la saison 7 de la nouvelle Star, une jeune demoiselle de 16 ans se présente au casting à Marseille. Elle livre une interprétation de What a wonderful world de Louis Armstrong qui laisse sans voix le jury. Eliminée à la grande surprise de tout le monde en demi-finale, Camélia Jordana, c’est son nom, n’en a pourtant pas fini de nous éblouir. Retour sur une artiste à part qui sera à nouveau dans les bacs le 29 janvier 2021, avec un quatrième album.
Un premier album qui annonce déjà une personnalité forte
Son 1er album Camélia Jordana sorti au printemps 2010 révèle au grand public le potentiel d’une artiste. Alors que les tubes ultra formatés, sans personnalité artistique, pouvaient l’assaillir après sa signature chez Sony, c’est tout le contraire qui s’est passé. Elle choisit des artistes, à part, comme Babx pour élaborer son premier projet. Cet album allie maturité et exigence musicales et tonalité populaire. Elle se trouve propulsée dans la lumière, à nouveau. Camélia est une des révélations, si ce n’est la révélation, de cette année 2010. Elle est nominée deux fois aux Victoires de la musique (artiste révélation scène et artiste révélation public).
Dans la peau : un engagement et un parti pris artistique de plus en plus affirmés
En 2014, sort le deuxième album de la demoiselle. Dans la peau, enfonce le clou. Je disais ceci à l’époque de la sortie de l’album « Parfois léger, souvent intense, prenant, envoûtant, Dans la peau offre une musique à la hauteur de l’exigence des mots. Entre chanson française, pop, imprégné d’ailleurs, cet album est traversé par le spleen, la sensualité et la pudeur« . Déjà Camélia laissait s’exprimer ce qui l’anime, ses engagements, ses opinions comme dans Ma Gueule ou Illégale.
Lost, le projet très personnel de Camélia
Dès le début, Camélia a fait preuve de beaucoup d’indépendance, de soif de liberté d’expression. Camélia est la voix, une des voix de la jeunesse d’aujourd’hui (celle à qui on ne donne pas la parole ou qui est alourdie par les préjugés) et la voix des générations antérieures qui se sont tues.
Lost, projet élaboré avec Laurent Bardainne, affirme, pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore compris que Camélia sait là où elle veut aller et ne pas aller. La demoiselle a du caractère et une envie brûlante de s’exprimer, de s’engager publiquement. « Je ne peux pas faire des chansons pour raconter mes vacances ou mes histoires d’amour, même si j’adore ça« . Cela lui vient peut-être de ses grands-pères algériens qui ont fait partie du FLN (Front de libération national). Dans cet album chanté en anglais, français et arabe, Camélia y évoque la mémoire de Freddie Gray, afro-américain, mort des suites de violences policières à Baltimore. Elle évoque aussi dans Dhaouw, ces algériens de Paris et sa banlieue, qui décident de manifester le 17 octobre 1961 contre une réforme qui leur impose un couvre-feu de 20h30 à 5h30. Cette nuit-là, certains seront jetés dans la Seine, d’autres seront enfermés, voire torturés pendant plusieurs jours au Palais des Sports.
Camélia sur disque ou dans la vie ne mâche pas ses mots. C’est elle dans sa vérité qui l’anime viscéralement. Elle fait preuve depuis ses débuts d’une sincérité artistique et prend des risques.
De la chanson au cinéma, il n’y a qu’un pas
Le cinéma est rentré dans la vie de Camélia d’abord avec des petits rôles (Stratégie de la poussette, Bird people, la série Panthers/Last panthers sur Canal plus). Cest à partir de 2015 avec les comédies Nous trois ou rien, Je suis à vous tout de suite, Cherchez la femme, qu’elle prend du galon dans le 7ème art.
Mais c’est son rôle dans Le brio, face à Daniel Auteuil qui l’installe réellement comme actrice. Elle reçoit d’ailleurs le César du Meilleur espoir féminin.
D’abord abonnée aux comédies (à caractère social quand même), Camélia a endossé, ces derniers temps des rôles plus dramatiques, plus matures comme dans Soeurs d’armes, La nuit venue ou Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait. Elle fait preuve comme en chanson, d’une large palette de jeu. Le cinéma qu’elle choisit est à son image de chanteuse : amoureuse, engagée et entière.
Facile/fragile, son nouvel album
« Elle a tout. Elle a un grain de voix, très personnel, très à elle. Elle a la technique. Elle a la personnalité. Je suis hyper impressionnée. » C’est ce que disait Imany interviewée avant un duo qu’elle a fait avec Camélia, son invitée pour un concert Alcaline sur France 2.
En ce début janvier 2021, Camélia revient pour un quatrième album. Il s’agit d’un double album de 20 titres, entre pop et titres acoustiques. Il inclut des duos, notamment avec Dadju ou Soolking. Celui-ci se veut être le résultat d’un questionnement sur les relations hommes-femmes et comment ces dernières essayent de se libérer des premiers. Cet album s’annonce donc dans la lignée du précédent, c’est à dire très personnel et engagé, à la différence près, qu’il est, selon les propos de Camélia aux Inrocks, il y a quelques mois, plus accessible, taillé pour être plus populaire, passer à la radio, télé, … Les deux singles, déjà très plébiscités, Facile et Silence, produit par le hit maker Renaud Robillaud semble porter Camélia vers la voie du succès.
Verdict à partir du 29 janvier 2021.