La chanteuse et actrice Juliette Gréco vient de nous quitter ce mercredi 23 septembre, à l’âge de 93 ans. Celle qui a côtoyé les plus grands artistes de son temps qui ont écrit et composé pour elle, n’aura eu de cesse de fasciner son public de son effronterie teintée de pudeur. Une « Jolie môme », jusqu’à ses récentes dernières scènes.
Une chanteuse à la carrière internationale
Après avoir étudié la danse à l’Opéra Garnier, Juliette Gréco subit de plein fouet la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à être arrêtée par la Gestapo et se retrouver ensuite sans la moindre ressource. Elle s’habille des vêtements qu’on veut bien lui donner et s’invente un style qui étonnera tout Saint-Germain-des-Prés. Juliette Gréco était ainsi une icône avant même d’avoir commencé à chanter. Elle suit des cours d’art dramatique et rencontre des grands noms tels que Jean-Paul Sartre, Miles Davis, Joseph Kosma, Albert Camus qui tous, l’aident à faire naître l’artiste qui est en elle.
Elle interprète des textes écrits pour elle par Sartre et Boris Vian, commence à se faire remarquer en France et à l’international, notamment au Brésil et à New York et devient une star de la chanson française dans les années 1960, avec des titres signés Jacques Brel, Guy Béart, Serge Gainsbourg et Léo Ferré.
Des chansons intemporelles
Parmi ses chansons les plus célèbres, Si tu t’imagines, sur un poème de Raymond Queneau, Les Feuilles mortes, écrite par Jacques Prévert, Jolie Môme de Léo Ferré, La Javanaise de Gainsbourg et Déshabillez-moi, issue de l’album La Femme. Chanson la plus reprise de son répertoire, elle ne tolérera que la version de Mylène Farmer dans l’album Ainsi soit je, au point d’adouber cette dernière comme l’une de ses successeures.
Le monde de la musique ne l’oublie pas au fur et à mesure des décennies. Elle sort en 1993 l’album Vivre dans l’avenir (rubans rouges et toiles noires) sur des musiques de Julien Clerc. En 1998, c’est au tour de l’opus Un jour d’été et quelques nuits, suivi en 2003 du surprenant Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez, composé par Miossec et Benjamin Biolay. En 2009, elle sort l’album Je me souviens de tout avec la collaboration de Brigitte Fontaine et Abd al Malik et en 2012, Amélie Nothomb, Philippe Sollers, Marc Lavoine, Guillaume Gallienne et François Morel collaborent ensemble avec elle pour l’album Ça se traverse et c’est beau… Des titres à découvrir dans l’anthologie L’Essentielle, parue en 2015 et dans ses dernières scènes.
Une actrice qui a tourné pour les plus grands
Si on connaît bien Juliette Gréco la chanteuse, il ne faut pas oublier l’actrice de plus de 35 films. Elle a ainsi tourné sur les plateaux de cinéma entre 1948 et 2002. Elle débute chez Julien Duvivier pour le film Au royaume des cieux, suivi d’Orphée de Jean Cocteau et Elena et les Hommes de Jean Renoir. On la retrouve en 1953 chez Jean-Pierre Melville en premier rôle féminin pour Quand tu liras cette lettre, en apparition en tant qu’elle-même dans Bonjour Tristesse d’Otto Preminger. Elle s’épanouira également dans des drames bouleversants tels que Maléfices de Henri Decoin, La Nuit des généraux d’Anatole Litvak ou Drame dans un miroir de Richard Fleischer, aux côtés d’Orson Welles.
Mais le rôle qui lui collera le plus à la peau sera celui de Laurence Borel dans la série de quatre épisodes Belphégor ou le Fantôme du Louvre, un record historique d’audience télévisée à l’époque, puisque chaque épisode était suivi par dix millions de spectateurs. Elle fera d’ailleurs une apparition dans le film adapté de la série, Belphégor, le fantôme du Louvre, aux côtés de Sophie Marceau. Désormais, c’est à Juliette Gréco de nous hanter et pour longtemps, de sa robe noire et sa voix suave et inoubliable.
