Ironie du sort et du titre, alors que Toots venait tout juste de publier « Got To Be Tough » un tout nouvel album studio où sa voix n’a rien perdu de sa superbe, cette légende du reggae s’est éteinte ce début septembre à Kingston. La maladie aura eu raison de cet incroyable showman et chanteur, véritable porte étendard depuis 40 ans de l’histoire de la musique populaire jamaïcaine.
Not tough enough ! Ironie du sort, le titre de son dernier album tombe aujourd’hui à côté de la plaque. Alors que Toots Hibbert, le leader fondateur des Maytals venait tout juste de publier Got To Be Tough, un tout nouvel album studio où sa voix n’a rien perdu de sa superbe, cette légende du reggae s’est éteinte ce début septembre à Kingston.
La maladie aura eu raison de cet incroyable chanteur à la voix soul, imprégné de musiques afro américaines (blues, rhythm & blues, soul, funk, disco…) et qui possédait ce tempérament rock’n’roll faisant de lui un spectaculaire showman pour celles et ceux qui ont eu la chance de le voir sur scène.
Porte-drapeaux sans dreadlocks
Il était actif musicalement depuis le début des années 60, passant les modes et les différents courants musicaux que l’ile a connu (ska, blue beat, rocksteady, early reggae, reggae, roots) aussi facilement qu’un coureur de fond en début de marathon. En cela on peut dire qu’il fut un véritable porte étendard depuis 40 ans des musiques jamaïcaines sans jamais tomber dans un truc caricatural ou attendu. Toots avec ou sans The Maytals aura été fidèle à lui-même et à ses aspirations tout au long de sa carrière.
Vous l’aurez peut être lu ou entendu un peu partout, il fut le tout premier à utiliser le mot « reggae » dans un titre de sa composition (Do The Reggay), chanson fondatrice du genre musical qui préexistait probablement déjà tel que la planète le connait aujourd’hui, mais qui avant ce tube de 1968 ne se nommait pas ainsi.
Ainsi démarra l’aventure du reggae en cette fin des années soixante, une époque pleine de bouillonnements sociaux. Et en Jamaïque encore plus qu’ailleurs, la période était dure et violente (émeutes, conflits politiques, milices, nettoyage éthniques, chasse aux rastas…).
Embauché par Clement Coxsone (Studio One), Prince Buster, copain avec Marley mais aussi avec la crème du quartier de Trench Town (partie ouest de la ville dont sont issus pas mal de ces artistes considérés aujourd’hui comme les grandes figures du reggae), Toots Hibbert, biberonné au gospel dès son jeune âge a construit sa carrière ainsi, formant The Maytals sur le modèle de ces trio vocaux alors très populaire auprès du public.
Reggae Got Soul & Funky Kingston
Deux albums majeurs dans sa discographie, si vous ne les connaissez pas, on vous invite à remedier a ce manque rapidement. C’est enfoncer une porte ouverte que de dire que la Jamaïque, depuis les années 50, avait les oreilles tournées vers les USA, les musiques et la société afro-américaine. Pas de ska sans rythm & blues, pas de rocksteady sans soul music, pas de reggae sans la monté en puissance du Black Power et des théories afro centristes qui allaient de pairs.
En cela, Toots est l’illustration parfaite de l’évolution des musiques jamaïcaines et de leurs évidentes influences. Si Toots Hibbert n’a pas eu la carrière, ni la portée politique, ni la renommée d’un Bob Marley, il a véritablement contribué à l’édifice Reggae. Sa popularité en Jamaïque était immense, sur plusieurs générations et pas sûr d’avoir besoin de vous rappeller que le ska revival anglais des années 80 lui doit beaucoup (Specials, Madness, Selecter, The Beat…)
Beaucoup de littérature sur le sujet et à ce titre vous pourrez relire quelques ouvrages très bien documentés qui souligne le poids du bonhomme (Les origines du reggae, Bass Culture – Quand le reggae était roi). Nous on va se contenter d’un give me five, quelques succulents titres du monsieur, d’hier… et d’aujourd’hui !
RIP Toots.