Après plus de 700 chansons et une quarantaine de films à son actif, sans compter les comédies musicales et séries télévisées en tête d’affiche, l’inoubliable Annie Cordy nous a quittés ce vendredi 4 septembre, à l’âge de 92 ans. Retour sur une carrière aussi vive qu’un (tata) yoyo.
Une chanteuse et meneuse de revue à la fête
Ce qui caractérise Annie Cordy, c’est avant tout une nature. Positive, optimiste, dynamique. Elle le doit à une enfance bercée par la danse et le chant qui la fait vite remarquer. En 1950, âgée de 22 ans, elle est déjà meneuse de revue au Lido. Elle épouse son futur imprésario dans la foulée, François-Henri Bruneau. Il lui permettra de démultiplier son talent à la fois dans la chanson, l’opérette et les comédies musicales.
Elle propose ainsi son premier spectacle en tête d’affiche en 1965, sur la scène de Bobino. Un triomphe qui la rend célèbre dans le monde entier, après une grande tournée internationale qui la mènera de New York à Moscou.
Après la comédie musicale Hello, Dolly ! en 1972, elle est une chanteuse infatigable (plus de 10 000 galas et 700 chansons enregistrées) et on lui doit des tubes entêtants réjouissant toujours les générations actuelles. Des tubes que l’on retrouve dans ses albums La Bonne du curé, Tata Yoyo, Envoyez la musique, Cho ka ka o… Annie Cordy enregistrera d’ailleurs jusqu’en 2014. Parmi ses derniers albums, Annie Cordy chante Broadway en 1998, Ça me plaît en 2012 et Annie Cordy chante Noël en 2014.
Une actrice sérieuse et malicieuse
C’est en 1954 qu’Annie Cordy s’essaie en parallèle aux plateaux de tournage. Elle commence sous la direction de Sacha Guitry dans Si Versailles m’était conté et de Gilles Grangier dans Poisson d’avril avec Bourvil. Elle donne de la voix aux côtés de Luis Mariano dans Le Chanteur de Mexico en 1956, se fait plus grave dans Le Passager de la pluie de René Clément ou La Rupture de Claude Chabrol, étonne dans Le Chat de Pierre Granier-Deferre en 1971.
Mais c’est dans la comédie qu’elle s’épanouit, que ce soit sous la direction de Pierre Tchernia (Les Gaspards), Guy Lux (Drôles de zèbres), Jean-Pierre Darras (Le Braconnier de Dieu) ou encore Nadine Monfils (Madame Édouard). Ces quinze dernières années, on a pu l’admirer dans des seconds rôles à sa démesure et au ton parfois dramatique, sous la direction de Richard Bohringer (C’est beau une ville la nuit), Fabien Onteniente (Disco), Pascal Thomas (Le Crime est notre affaire) ou encore Alain Resnais (Les Herbes folles). Jean-Paul Rouve lui confie l’un de ses derniers grands personnages dans Les Souvenirs, road-movie touchant entre une grand-mère et un petit-fils. Sa dernière participation cinématographique date de 2018, dans Tamara, volume 2 d’Alexandre Castagnetti.
Annie Cordy n’en a pas délaissé pour autant le petit écran, jouant avec plaisir dans une vingtaine de téléfilms et de séries télévisées, avec ce petit grain de folie reconnaissable entre mille et cette faculté à changer de registre en un claquement de doigt. L’apanage des grands. Après 70 ans de carrière, Tata Yoyo a bien mérité d’ôter son chapeau et de prendre un peu de repos…
