Déclinaison d’une discothèque idéale qui se doit d’être plurielle (pour tous les goûts, pour toutes les platines, pour toutes les générations), la Fnac propose une sélection d’albums communément classés sous l’appellation « musiques du monde ». Grooves mondialisés ou vibrations traditionnelles, reggae jamaïcain ou cumbia colombienne, bossa nova ou fado do Lisboa, le temps est venu de connecter votre platine à la sono mondiale !
La World Music, c’est quoi ?
Musiques du monde, World Music, sono mondiale… Compliqué de trouver une terminologie appropriée concernant des musiques qui n’ont finalement pas grand-chose à voir entre elles. Si le terme World Music s’est imposé, ce genre musical est apparu dans les magasins, les magazines, les maisons de disques et plus largement dans le public au début des années 80 pour catégoriser les musiques extra-occidentales. Le terme n’en est pas moins discutable, étant d’ailleurs sujet régulier à remarques chez les professionnels du secteur (musicologues, journalistes, chroniqueurs, producteurs) et même vous, chers clients qui parfois reprenez à juste titre certaines catégorisations. Quoi, Alan Stivell n’est pas en musique française !
Si vous interrogez des vieux disquaires, ils se rappelleront qu’avant cette appellation un peu fourre-tout, on parlait volontiers de musiques traditionnelles, régionales, de musiques folkloriques (d’où l’origine du terme folk d’ailleurs).
Une forme de réalité puisque ces musiques sont directement liées aux patrimoines culturels de leurs pays et régions d’origines. Mais bien trop réducteur à l’heure d’une mondialisation toujours plus exponentielle et des échanges intercontinentaux qui l’accompagnent comme du nécessaire besoin de promotion et donc de marketing autour de ce nouveau marché.
Ou quand la mondialisation a du bon
Si quelques grands sous-genres que l’on retrouve aujourd’hui dans la catégorisation World Music ont depuis longtemps réussi à entrer dans l’inconscient collectif (le Reggae en est un exemple criant), à l’heure d’internet et des échanges mondiaux, la culture et plus particulièrement la musique ont opéré des diagonales et des rapprochements qu’on aurait eu du mal à imaginer il y a encore quelques décennies.
Au XXIe siècle, le hip hop ou l’électro par exemple se sont infiltrés presque partout. Peut-on encore parler de world music parce qu’un MC nous balance son flow en wolof (langue commune du Sénégal), en arabe ou en créole réunionnais ? Grande question.
Un groupe comme Tinariwen par exemple (la tête de proue de ce blues rock touareg qui plaît tant) partage aujourd’hui l’affiche et la scène avec les plus grands groupes de rock anglo-saxons.
Les disques du Buena Vista Social Club, de Bob Marley, de Cesaria Evora, de Fela Kuti ou d’Antonio Carlos Jobim sont aujourd’hui considérés comme partie intégrante du patrimoine musical mondial au même titre que Dylan, Miles Davis, Edith Piaf ou Michael Jackson.
Sans oublier ceux qui arrivent, et qui à leur manière, avec leurs outils et modes de diffusion actuels propres à la génération internet, s’amusent à déconstruire les codes d’hier pour mieux les réinventer.
Si les frontières ont beau être l’enjeu majeur de nos hommes politiques, en matière de musique, elles semblent s’être effacées depuis déjà pas mal de temps sans pour autant que les musiques qui nous arrivent perdent en caractère et en originalité.
Une histoire de point de vue…
Si vous vous rendez dans un magasin de disques aux USA, vous serez surpris de retrouver Edith Piaf ou Serge Gainsbourg rangés dans la section World Music / France. A l’occasion de sa récente réédition, on présentait l’album Pata Pata de l’immense et indispensable Miriam Makeba comme l’un des premiers succès mondiaux de la world music (en 1965). Chez les disquaires de Johannesburg ou du Cap, pas sûr qu’ils aient vu la chose comme ça.
Et ce qui fonctionne dans un sens, pourrait fonctionner aussi dans l’autre. Pourquoi ne pas ranger les premiers enregistrements d’un groupe comme Vampire Weekend en musique africaine puisqu’ils sont clairement inspirés par des styles propres à l’Afrique centrale et australe, héritages légués par les grands noms du genre (Zaiko Langa Langa, Franco, Papa Wemba, Simon « Mahlathini » Nkabinde…).
Ces petites réalités sont là pour vous rappeler qu’en matière de musique, et même dans les « genres populaires » comme le rock, le classique ou le jazz, il existe bien évidement de multiples sous-catégories. Pour les musiques du monde, rien ne vous empêche donc de fonctionner ainsi et de vous constituer au fil des continents et du plaisir ressenti à l’écoute de tel ou tel artiste/groupe, le meilleur de votre discothèque idéale.