Inoubliable compositeur de musique de film, Ennio Morricone nous a quittés ce 6 juillet. Il laisse, pour l’éternité, quelques-uns des plus grands thèmes de l’histoire du cinéma, en particulier, les bandes originales d’Il était une fois dans l’Ouest, de Le Bon, la Brute et le Truand, The Mission ou Cinema Paradiso.
Ennio Morricone, pour une poignée de notes
Fils d’un trompettiste de jazz, Ennio Morricone a été initié dès sa plus tendre enfance à la musique. Son père le pousse à embrasser une vocation d’interprète et l’inscrit à l’académie Sainte-Cécile, à Rome. Il y est l’élève de Goffredo Petrassi, professeur de composition, et en sort diplômé en 1955, à 27 ans, dans cette discipline. Nourrissant des ambitions dans la musique savante, il se tourne rapidement vers l’audiovisuel, notamment la radio et la télévision, plus à même de le faire vivre.
Le tournant de sa carrière a lieu en 1961 : après avoir été un arrangeur recherché, il débute comme compositeur au cinéma, avec le film Il Federale. Trois ans plus tard, son travail avec le réalisateur Sergio Leone lui permet de connaître une notoriété internationale. Ses thèmes, entendus dans Pour une poignée de dollars, …Et pour quelques dollars de plus, puis Le Bon, la Brute et le Truand, marquent leur époque.
Utilisant les cordes, un siffleur, un hurleur, des bruits de nature, des guitares barytons avec beaucoup de reverb, des percussions martelées, Ennio Morricone innove à chaque incursion du côté du western spaghetti, dont il devient le compositeur emblématique. Il était une fois dans l’Ouest, Navajo Joe, Le Grand Silence, Mon nom est Personne, dans ce domaine, ainsi que quelques giallo (films d’horreur), comme L’Oiseau au plumage de cristal, le voient continuer ses participations aux films de genre italiens des années 1960-1970.
Une carrière à Hollywood, à Paris et à Rome
Dans les années 1970, les collaborations entre les cinématographies françaises et italiennes se multiplient, grâce aux coproductions. Par ce mécanisme, et l’universalité de son langage, Ennio Morricone devient la coqueluche du cinéma d’action français. Le Clan des Siciliens, Peur sur la ville, Le Professionnel, Le Marginal sont autant d’exemples de la variété du style du compositeur, entre ambiance classique et instrumentation pop.
En parallèle, en Italie, Morricone se partage, avec Nino Rota, la couronne du musicien le plus demandé par les grands auteurs et les cinéastes baroques. Très prolifique, il livre aussi bien des B.O. pour Pasolini (Théorème, Salo), Bertolucci (1900) que Mario Bava (Danger : Diabolik).
Hollywood fait appel à ses talents à la fin des années 1970 : le maestro reçoit sa première nomination aux Oscars pour la partition des Moissons du ciel, avant d’être choisi par John Carpenter pour The Thing. Au milieu des années 1980, il compose ses plus grands chefs d’œuvre musicaux, entre Hollywood et l’Italie, au service des films The Mission, Les Incorruptibles, Frantic et le magnifique Cinema Paradiso, sans oublier Il était une fois en Amérique, à nouveau avec Leone.
L’homme-orchestre
Il aura fallu attendre 2016 et Les Huit Salopards pour qu’Ennio Morricone, 88 ans, décroche son premier Oscar. Le film de Tarantino, hommage aux westerns spaghettis, ne semble qu’une goutte d’eau dans la carrière d’un homme qui a composé pour près de 500 œuvres au cinéma. Depuis les années 2000, il avait délaissé le septième art pour jouer ses thèmes les plus célèbres lors de tournées mondiales. Vingt années qui auront permis à ses fans de voir sur scène l’un des plus grands compositeurs de l’histoire du cinéma… et de la musique tout court !