Âgé de 73 ans, Florian Schneider s’est éteint le 6 mai 2020, des suites d’un cancer. Cofondateur, avec Ralf Hütter, du légendaire groupe Kraftwerk, il avait contribué à révolutionner la musique par l’utilisation du synthétiseur dans la pop, et influencé les inventeurs de la house, de la techno et du rap.
L’enfance d’un nouvel art
Fils de l’architecte Paul Schneider-Esleben, Florian Schneider est originaire de la région de Düsseldorf. C’est au conservatoire de cette ville qu’il rencontre Ralf Hütter, lors d’un cours d’improvisation. Le coup de foudre amical a lieu. Schneider, de son côté, a appris la flûte, écouté de la musique expérimentale avec son père, et joué dans des orchestres de jazz. Les deux étudiants fondent d’abord un quintette orienté krautrock, Organisation.
Ils enregistrent en 1970 un disque sous ce nom, mais se lassent d’une forme musicale basée sur les morceaux planants et les longues improvisations instrumentales. De retour en duo, ils forment alors Kraftwerk et bâtissent leur propre studio, avec pour idée neuve le fait que la musique puisse être pratiquée comme une science, en « laboratoire ».
Une décennie de succès
Petit à petit, Florian Schneider, avec Ralf Hütter, développe une esthétique nouvelle. L’utilisation de boucles mélodiques va devenir une marque de fabrique, présente dès leurs deux premiers opus, Kraftwerk et Kraftwerk 2. Ils vont acquérir ensuite des instruments dernier cri, en détournant leurs usages : leur son de synthétiseur ne cherche pas à imiter des timbres existants, et leurs boîtes à rythmes sont systématiquement déprogrammées.
La formule trouve son public à partir de 1974, avec le chef-d’œuvre Autobahn, disque conçu comme un road-trip électronique. Florian Schneider et Hütter sont rejoints à cette époque par deux autres musiciens, Klaus Röder (vite remplacé par Karl Bartos) et Wolfgang Flur. Leur âge d’or a lieu sous cette forme de quatuor : le single Radio-Activity, l’album Trans-Europe-Express puis The Man Machine montrent l’esthétique révolutionnaire des Allemands, qui rendent l’expérimentation électronique accessible en la transformant en pop.
Kraftwerk : une influence majeure
La suite de la vie de Florian Schneider est liée à l’évolution de Kraftwerk, qui enchaîne dans les années 1980 les disques et les concerts. Sur scène il adopte la posture robotique des membres du groupe, alignés derrière leurs machines. Il finit par quitter la formation en 2008, réapparaissant de manière très parcellaire à l’occasion de singles, tout en menant une carrière parallèle de professeur de communication à Karlsruhe.
En quatre décennies de collaboration avec Ralf Hütter, le musicien allemand aura révolutionné profondément l’usage de l’électronique dans la pop. Dans sa suite, David Bowie (qui lui dédie le morceau V-2 Schneider) durant sa période berlinoise, New Order (notamment sur le tube Blue Monday), les premiers producteurs de hip-hop, de house et de techno (Afrika Bambaataa, Frankie Knuckles, Juan Atkins, Derrick May) sauront reprendre les éléments de la recette Kraftwerk pour révolutionner à leur tour la musique mondiale.