Internet est sans le moindre doute un fabuleux outil de communication, mais aussi hélas le refuge d’escrocs en tout genre. D’où l’idée de vous proposer ce décryptage qui vous présente les principales escroqueries en vogue sur la toile, mais aussi de vous conseiller pour vous en protéger et faire face si vous en êtes victime.
Les principales escroqueries sur le net
L’imagination des escrocs est malheureusement sans limite, et on trouve de tout sur internet, de la fausse photo de profil sur une application de rencontre – pas bien méchant si cela se limite à cela – au faux site créé pour récupérer vos identifiants bancaires, ce qui est bien plus grave. On peut cependant distinguer quelques grandes tendances :
Le phishing
Trop fréquent, le phishing consiste à vous envoyer un message ressemblant à celui que vous pourriez recevoir d’un site reconnu et fiable (site d’e-commerce, banque, organisme gouvernemental, etc.). Le but recherché est de vous amener à communiquer vos infos confidentielles (mot de passe, numéro de carte bancaire, etc.) pour les récupérer. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter l’article que nous avons consacré à cette escroquerie.
Le faux support informatique
Très pernicieuse, cette technique vise plus particulièrement un public peu à l’aise avec l’informatique. Vous travaillez sur votre ordinateur et tout à coup s’affiche une alerte très anxiogène qui vous annonce que ce dernier est vérolé et qu’il vous faut de toute urgence composer un numéro de téléphone, souvent surtaxé. Cette alerte est parfois accompagnée d’une alarme sonore, histoire de vous inquiéter encore davantage.
La personne qui répond au téléphone travaille soi-disant au support informatique (certains se disent même mandatés par Microsoft !) et vous propose de prendre la main sur votre ordinateur pour vous aider à régler le problème. Si vous acceptez, vous risquez d’être facturé d’un montant pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines d’euros, et vos données confidentielles risquent d’être siphonnées.
Les faux profils sur les sites de rencontre et les réseaux sociaux
Il vous est certainement déjà arrivé de naviguer sur un site et de voir s’ouvrir dans un coin de l’écran une fenêtre pop-up vous proposant d’entrer en contact avec une fille superbe qui a craqué sur vous, dieu seul sait où et comment ?! On ne peut donc que vous inviter à la prudence quand un docteur en mal d’amour, une étudiante aux magnifiques yeux verts et aux formes affriolantes ou un beau militaire veuf prêt à reprendre goût à la vie vous sollicitent sur un site de rencontre ou sur les réseaux sociaux.
Non pas que cela n’arrive jamais, mais quand cela advient et que tout va très vite, surtout en ligne, ne foncez pas trop vite et prenez le temps de la réflexion. Méfiance en particulier si la personne qui est tombée raide dingue de vous en quelques échanges vous demande de l’aider financièrement. Prudence aussi si vous êtes invité à cliquer sur un lien pour découvrir un site ou à accepter une invitation non sollicitée.
L’arnaque « à la nigériane »
Ainsi appelée parce qu’elle venait à l’origine de ce pays d’Afrique de l’Ouest, elle peut aujourd’hui surgir de n’importe quel coin du globe et se déroule selon un plan bien rodé : un pseudo-prince, ministre ou autre fils de bonne famille, souvent africain, cherche à faire sortir clandestinement une très grosse somme d’argent de son pays mais ne peut le faire lui-même, pour x raisons techniques. Il compte donc sur vous et il a bien entendu besoin de vos informations bancaires pour pouvoir virer l’argent. Une variante consiste à vous solliciter pour que vous envoyiez une somme donnée pour débloquer la situation et lui donner accès au pactole, dont il vous reversera une part substantielle. Autant dire que dans le premier cas vos comptes seront vidés et que dans le deuxième vous ne reverrez jamais votre argent !
Les faux organismes de charité
Les escrocs n‘ont hélas pas de morale et n’hésitent pas à exploiter votre générosité pour vous extorquer de l’argent. On voit ainsi souvent fleurir de faux organismes ou associations après les catastrophes humanitaires. Surfant sur votre empathie et votre compassion après avoir vu des images déchirantes à la télévision ou sur les réseaux, ils touchent une corde sensible et vous proposent de participer à l’effort de reconstruction ou d’aider à acheminer des vivres et vêtements via un don. Attention donc aux faux sites et autres cagnottes bidons.
Le gain à la loterie et l’investissement miraculeux
Là, c’est sur l’appât du gain que jouent les escrocs. Vous recevez un message vous annonçant que vous êtes l’heureux gagnant d’une loterie ou d’un jeu, avec à la clé une somme d’argent conséquente, le dernier iPhone ou un bon d’achat substantiel. Si la plupart des internautes repèrent tout de suite l’arnaque -comment peut-on gagner à une loterie à laquelle on n’a jamais participé ?!!- certains se laissent tout de même prendre.
Dans un autre genre, vous recevez une proposition financière défiant toute concurrence, souvent enveloppée d’un halo de magouille. Par exemple on vous propose un super investissement, un peu borderline, avec un rendement annuel de 25%, ou encore un moyen limite légal de minorer vos impôts en faisant au passage la nique aux services fiscaux, et vous craquez. Soyez assurés que vos fonds seront alors perdus, mais par pour tout le monde…
Les abonnements cachés et produits à l’essai
Voilà un phénonème qui augmente avec l’émergence des réseaux sociaux. On vous propose de découvrir un produit, une gamme de produits ou un service. Avec un prix « découverte » souvent très alléchant. Vous vous dites que c’est une bonne affaire et un moyen économique de tester le produit ou le service. Sauf que vous vous apercevez plus tard que vous avez souscrit à un abonnement au prix fort et que votre compte bancaire est prélevé chaque mois d’une somme non négligeable.
Les « intermédiaires » administratifs
Vous vous apprêtez à faire le voyage au Canada dont vous rêviez depuis longtemps mais vous vous apercevez tardivement qu’un document, l’AVE (Autorisation de Voyage Electronique) est nécessaire pour l’entrée sur le territoire. Heureusement, vous trouvez aisément sur le net un site qui vous propose de vous le procurer pour la modique somme de 49 €. Si vous passez par lui, vous vous faites avoir. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’AVE est délivrée en ligne par le gouvernement du Canada pour la somme de …7 dollars canadiens, soit moins de 5 euros !
Ce genre d’arnaque existe également avec l’ESTA, l’autorisation d’entrée aux Etats-Unis. Un nombre croissant d’interlocuteurs peu scrupuleux jouent ainsi sur la méconnaissance de l’internaute pour tout ce qui est démarches administratives et font payer au prix fort un service qu’ils font passer pour officiel. Certains rendent même payant un service qui est totalement gratuit sur le site gouvernemental.
Comment éviter les pièges
Il existe bien d’autres méthodes pour vous tromper sur le net, et il s’en crée tous les jours de nouvelles. Impossible de toutes les recenser ici ; par contre nous pouvons vous donner quelques conseils pour vous protéger :
– N’envoyez jamais vos informations confidentielles (numéros de carte bancaire, mots de passe, etc.) en réponse à un mail. S’il s’agit de votre banque, pourquoi vous demanderait-elle des numéros de carte alors que c’est elle qui vous les a envoyés ? De même, un service client n’a jamais besoin de votre mot de passe pour accéder à votre compte, pas plus d’ailleurs qu’un organisme public. Et un mot doit tout de suite vous alerter, c’est « Urgent« . Sciemment utilisé pour vous alarmer, il doit au contraire vous inciter à vous poser et à réfléchir dès qu’il est utilisé dans un mail.
– Prenez le temps de vérifier le sérieux de l’organisme qui vous sollicite pour un don. Un simple passage par le net suffit souvent à obtenir de nombreuses informations. Les avis d’autres donateurs devraient vous aider à vous faire une opinion. Et à contrario, s’il s’agit d’une arnaque, il est difficile de le cacher longtemps sur la toile. Les sites de ces organismes bidons trahissent souvent un certain amateurisme, sur la forme et sur le fond. Des erreurs de syntaxe et des approximations doivent vous alerter.
– Prenez le temps de lire les conditions contractuelles. Concernant l’arnaque aux faux produits d’essai, la mention d’un abonnement est bien présente dans les conditions de vente, mais soigneusement noyée dans les informations pour que vous passiez à côté. Pour éviter cela, la DGCCRF conseille, je cite, de « vérifier que les informations obligatoires sont présentes : nom ou raison sociale, adresse de siège social ainsi qu’adresse de courrier électronique, coordonnées téléphoniques, autres informations prévues (numéro RCS, capital social, etc.), coût total du produit ou du service ainsi que d’éventuels frais supplémentaires, frais de livraison, modalités de paiement, de livraison ou d’exécution, existence ou absence d’un droit de rétractation et modalités, durée de la validité de l’offre et du prix proposés, date ou délai de livraison bien ou de réalisation de la prestation de service« .
– En cas d’infection de votre ordinateur, ne cédez surtout pas à la panique. La plupart du temps, il s’agit d’une arnaque très simple à contourner en éteignant votre ordinateur et en le relançant en mode sans échec pour le nettoyer. Si vous ne pouvez pas l’éteindre, essayez la combinaison de touches « CTRL + ALT + SUPPR » pour fermer la session. Si vous ne savez pas comment faire face, essayez d’identifier une personne de votre entourage qui pourrait vous aider, les jeunes sont en général plutôt à l’aise pour ce genre de situations sur ordinateur, pourquoi ne pas demander à votre petit-fils ou à votre nièce ? Et quoi qu’il arrive, n’acceptez jamais la prise en main à distance de votre ordinateur par un support que vous n’avez pas sollicité.
– Pour toute démarche administrative, passez par les sites officiels, jamais par des intermédiaires. Pour reprendre l’exemple de l’AVE pour l’entrée au Canada, lorsque vous faires une recherche sur le net, faites l’impasse sur les premiers résultats qui sont souvent des annonces commerciales et allez directement sur le site gouvernemental qui lui n’est pas à but lucratif. Outre l’économie que vous ferez, vous éviterez ainsi de laisser les informations personnelles qui vous seront réclamées sur un site peu fiable.
– Privilégiez autant que possible les enseignes et organismes reconnus, ayant pignon sur rue. Les sites exotiques aux conditions de ventes floues ou mal traduites sont à fuir comme la peste, même s’ils proposent des tarifs imbattables. Et il ne faut pas hésiter à consulter les avis des autres utilisateurs, souvent ils vous éviteront les mauvaises surprises. Sans compter que sur le net les nouvelles vont vite, si d’autres se sont fait avoir, vous en trouverez surement les échos en tapant « avis + nom de la société ou marque ou organisme » dans le moteur de recherche.
– N’hésitez pas, en cas de doute, à consulter le site de la répression des fraudes (DGCCRF). C’est une mine d’or, consultable gratuitement et qui recense de nombres types de fraudes et arnaques visant les particuliers mais aussi les professionnels, et vous conseille sur les moyen de les identifier. Vous y trouverez également de nombreux conseils et noms d’organismes vers lesquels vous tourner si besoin.
– Gardez votre ordinateur à jour. C’est surtout important pour ce qui concerne la suite antivirus, qui inclut d’ailleurs souvent un anti-phishing. Idem pour votre navigateur internet, ils proposent tous une fonction de protection contre les sites malveillants. Les suites les plus complètes vous protègent également contre les malwares et autres ransomwares.
– Attention aux « bons plans » gratuits. Les sites de téléchargement -ou de streaming- illégaux sont par exemple connus pour être de véritables nids à infections. C’est notamment la porte d’entrée privilégiée des arnaques au faux support téléphonique. Attention aussi aux logiciels gratuits et « crackés » proposés sur certaines plateformes. Le coût de la gratuité peut alors devenir exorbitant.
– Enfin, et on ne le répétera jamais assez, tout ce qui brille n’est pas de l’or ! Quand quelque chose est trop beau pour être vrai, c’est souvent parce que ça ne l’est pas. Une offre trop avantageuse doit immédiatement vous inciter à la prudence, en particulier s’il vous est demandé de verser d’abord de l’argent pour en recevoir. De même, lorsqu’un site vous demande de verser de l’argent pour accéder à un emploi rémunérateur, aucun doute, c’est une arnaque.
Vous avez été escroqué, que faire ?
Abonnement caché
La DGCCRF conseille de demander à la société concernée la résiliation immédiate de l’abonnement et par ailleurs de faire opposition aux prélèvements auprès de votre banque. Si vous avez payé par carte bancaire, vérifiez que vous ne bénéficiez pas d’une couverture incluse pour ce genre de mésaventures. C’est notamment le cas avec certaines cartes Visa et MasterCard, cette procédure s’appelle le « chargeback ». Pour faire simple, sous certaines conditions, vous pouvez obtenir le re-crédit des frais déjà engagés en cas de fraude ou de non-respect avéré des clauses.
Arnaque « à la nigériane »
Malheureusement, dans un certain nombre de situations, il n’y a pas grand-chose à faire. Si vous avez été victimes d’une arnaque à la nigériane, vous pouvez porter plainte mais les auteurs se trouvant à l’étranger et hors communauté européenne, les chances de récupérer ne serait-ce qu’une partie de vos pertes sont pour ainsi dire nulles. Les escrocs, qui ont oublié d’être bêtes, vous ponctionnent en général de sommes suffisamment importantes pour que l’affaire soit rentable mais pas trop, pour vous inciter à laisser tomber.
Phishing
Contactez de toute urgence votre banque pour vous opposer à toute utilisation frauduleuse de votre carte. Si vous avez divulgué d’autres informations comme des mots de passe notamment, changez-les aussi. Et faites-le aussi vite que possible, car dans cette situation le temps est un facteur déterminant pour limiter la casse. Vous pouvez aussi participer à la lutte contre le phishing en signalant le site frauduleux.
Faux profils, organismes, loteries et investissements
Ici, votre seule ressource sera de signaler l’abus au site concerné quand c’est possible et de porter plainte en cas d’escroquerie. Les chances de récupérer les sommes perdues restent faibles et dépendront du site. Certains réseaux sont parfois démantelés, mais pour ce qui est du recouvrement des fonds, c’est une toute autre histoire. Mais quoiqu’il arrive et même si l’espoir est faible et que vous considérez cela comme une perte de temps, le seul moyen d’être indemnisé c’est d’être reconnu comme victime, et cela passe par le dépôt de plainte.
Le faux support informatique
Savoir que des escrocs ont pu avoir accès à toutes les informations contenues dans votre ordinateur n’a rien de rassurant, mais vous n’êtes pas totalement démunis. Il faut commencer par le plus urgent, prévenir votre banque et changer les mots de passe les plus urgents (comptes bancaires, messageries personnelles et professionnelles, principaux sites marchands utilisés, administrations, etc.). Ensuite, vous faire aider pour nettoyer votre ordinateur. Si vous ne voyez aucune personne de votre entourage pour le faire, vous pouvez opter pour un service à domicile. Et n’oubliez pas de vous rapprocher de votre commissariat ou de la gendarmerie pour signaler l’escroquerie, cela pourra servir dans le cas d’une éventuelle usurpation d’identité.
Il est difficile d’être totalement complet sur un tel sujet, mais si cet article a pu aider ne serait-ce qu’une personne, alors son objectif aura été atteint. Et pour conclure, restez vigilant, c’est le meilleur moyen de se protéger.