Après Death Note et Bakuman, le mystérieux scénariste Tsugumi Ohba et le dessinateur Takeshi Obata continuent d’investir le terrain du thriller fantastique avec le manga Platinum End. Ils y narrent le parcours de Mirai, adolescent aux pensées suicidaires qui se voit soudainement doté des pouvoirs d’un ange.
Le saut de l’ange
Platinum End de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata raconte l’histoire d’un lycéen, Mirai Kakehashi, dont la vie pour lui n’a jamais été un long fleuve tranquille. Ses parents et son frère sont morts quand il était encore enfant, il a été élevé par sa tante et son oncle acariâtre, battu par ses cousins, obligé de travailler dès le collège pour ne rien coûter à sa « famille » d’adoption. Un beau jour, il craque, monte au vingt-troisième étage de son immeuble et saute dans le vide, en criant : « Je veux être heureux ». S’attendant à ce que le contact de l’asphalte lui ôte la vie, Mirai se réveille en lévitation, au-dessus de la rue : un ange féminin, Nasse, l’a sauvé. Elle lui propose un choix pour sa « renaissance » : soit pouvoir voler, au moyen d’un collier, soit pouvoir rendre les gens instantanément amoureux de lui, via un bracelet. Sans beaucoup insister ni trop croire à cette soudaine incursion du surnaturel dans son existence qu’il pensait terminée, le jeune homme impose à sa gardienne d’avoir les deux. Nasse accompagne son nouveau protégé à son domicile : elle lui explique qu’elle connaît tout de sa vie, dont les vraies circonstances de la mort de ses parents, piégés par son oncle et sa tante qui voulaient s’accaparer leur héritage…
Des pouvoirs et un Dieu
À la suite de ces révélations, les événements s’enchaînent pour Mirai : sa tante meurt, son oncle est emprisonné et Nasse lui explique que ses pouvoirs de déplacement et son don de Cupidon ne dureront qu’un temps : le lycéen se retrouve en effet impliqué dans une compétition de 999 jours un peu particulière. Treize anges ont été envoyés doter treize humains de capacités surnaturelles. Parmi ce collège, un seul sera désigné comme Dieu. Dès lors, l’histoire de Platinum End va s’arc-bouter sur cette quête. D’un côté, Mirai ne souhaite pas utiliser ses nouveaux dons à mauvais escient : il a à cœur de travailler de ses propres mains, de continuer le lycée, d’être aimé sans tricher de son amie d’enfance… Mais pendant ce temps, d’autres veulent tout faire pour profiter au maximum de l’amour et de l’ubiquité que leur permet leur « situation » et un redoutable candidat émerge : Metropoliman, bien décidé à éliminer tous les autres prétendants au poste de Dieu… L’intrigue du manga va ainsi présenter les alliances entre certains duos anges/protégés, en revenant sur le passé, en proposant par ailleurs la lutte acharnée des « bons » contre Metropoliman. À la façon d’un Death Note, Tsugumi Ohba trace dans Platinum End un récit aux enjeux majeurs, mêlant le thriller et la religiosité avec un talent sûr.