À l’occasion de la sortie du deuxième long-métrage comme réalisateur de Nicolas Bedos, La Belle Époque, intéressons-nous au genre de la comédie romantique. Mais à la française. En existe-t-il une typologie bien précise ? Ou ressemble-t-il à ce qui se fait outre-Atlantique ?
L’amour est le sentiment universel par excellence. Et l’humour en est un de ses vecteurs, permettant de faire passer ses émois en même temps qu’un éclat de rire. Le cinéma l’a bien compris en mêlant les deux et en en faisant un genre à part entière. Mais si l’on est capable de citer des noms de comédies romantiques britanniques et américaines (de Pretty Woman à 4 mariages et un enterrement, en passant par Love Actually ou les films de Woody Allen), le genre de la comédie romantique typiquement française, peine à être défini. Il faut dire qu’il en existe plusieurs catégories.
Grivoiseries gauloises
Parfois, nul besoin de s’encombrer d’une rencontre de hasard, de chabadabadas et de papillons dans le ventre. On peut aller directement droit au but et penser à faire rire avant toute chose. Et les Français en raffolent. En témoigne Le Quart d’heure américain de Philippe Galland avec Anémone et Gérard Jugnot, Viens chez moi j’habite chez une copine de Patrice Leconte avec Michel Blanc et Bernard Giraudeau ou encore Gazon maudit de et avec Josiane Balasko. Amour d’accord, mais on peut ne pas y mettre les formes !
Haro sur le physique
Si les comédies romantiques américaines sont souvent peuplées de personnages au physique parfait dont on s’étonne qu’ils puissent être célibataires, au Royaume-Uni et encore plus en France, les contraires s’attirent. Le beau et le laid s’amalgament, se confondent, s’annulent. C’est Gérard Depardieu qui craque sur Josiane Balasko, alors qu’il est marié à Carole Bouquet dans Trop belle pour toi de Bertrand Blier. Ou François Damiens qui s’amourache d’Audrey Tautou dans La Délicatesse de Stéphane et David Foenkinos.
Un cinéma de situation
On raffole aussi, en France, d’imposer une situation complexe dès le départ, avec des personnages qui intellectualisent tout ou au contraire, se jouent des codes, pour mieux les détourner. Aux côtés des comédies verbales d’Emmanuel Mouret comme Un baiser s’il vous plaît ou en folie douce façon François Truffaut, les contraires volent en éclats et font des étincelles. C’est Alain Chabat qui fait croire à sa famille qu’il est fiancé à Charlotte Gainsbourg dans Prête-moi ta main d’Éric Lartigau, Franck Dubosc qui feint le handicap pour séduire Alexandra Lamy dans Tout le monde debout. C’est aussi Pierre Niney qui embrasse fougueusement Virginie Efira dans 20 ans d’écart de David Moreau ou Yves Montand qui enlève Catherine Deneuve dans Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau.
Comédie française… à l’américaine
Ou alors, on peut décider de suivre le schéma américain, à la lettre près : deux personnages célibataires et attrayants, qui se détestent de prime abord, se rapprochent, s’aiment, se séparent et se retrouvent, pendant un final flamboyant et peu crédible dans la vraie vie. Le menteur Romain Duris parvient ainsi à séduire sa victime, Vanessa Paradis, dans L’Arnacoeur de Pascal Chaumeil, Sophie Marceau finit par craquer sur Gad Elmaleh dans Un bonheur n’arrive jamais seul de James Huth, le mythomane Jean Dujardin et la clairvoyante Mélanie Laurent finissent par s’aimer dans Le Retour du héros de Laurent Tirard…
À quelle catégorie appartiendra La Belle Époque de Nicolas Bedos ? Réponse le 11 mars, lors de la sortie du film en DVD…