Depuis dix ans qu’il vient sur la Croisette, Xavier Dolan a exploré tous les genres. C’est avec ce qui semble être une œuvre de jeunesse qu’il y revient, comme un retour aux sources après les déboires de Ma vie avec John F. Donovan.
Le retour du fils prodigue
Découvert il y a dix ans pile à la Quinzaine des réalisateurs, avec J’ai tué ma mère, Xavier Dolan est revenu à Cannes avec une précision de métronome. Prix du jury pour Mommy et Grand Prix pour Juste la fin du monde, celui qui se considère comme un enfant de Cannes peut dire que le Festival s’est montré plutôt généreux envers lui. Absent l’an dernier pour Ma vie avec John F. Donovan, réservé pour Toronto dans l’optique de pénétrer le marché américain, Xavier Dolan a connu toutes les difficultés. Comme une consolation, il revient à la maison présenter un film plus léger, plus intime aussi.
Œuvre de jeunesse
Matthias et Maxime, c’est l’histoire d’une bande de potes, à l’aube de la vie adulte. Les parents ne sont jamais loin – les mères, surtout, comme toujours chez Dolan – et les départs vers la vraie vie se préparent. En l’occurrence, Maxime, joué par le réalisateur lui-même avec sensibilité, part pour l’Australie. Les derniers instants passés avec ses amis d’enfance se révèlent plus tortueux qu’anticipés, lorsque, lors d’une soirée, il embrasse son meilleur ami pour les besoins d’un court-métrage. Un baiser innocent et pourtant troublant. Sans oublier ses thèmes et ses talents de metteur en scène, Xavier Dolan s’éloigne des artifices, des cris, de l’intensité qui avaient fait son cinéma, et revient à une expression plus simple qui sonne d’autant plus sincère et juste. Comme l’œuvre de jeunesse qu’il n’avait pas encore faite, la crise d’adolescence tardive d’un réalisateur devenu trop grand trop vite.
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Photo : © Shayne Laverdiere