American Nightmare 4 a débarqué sur nos écrans le 4 juillet dernier, rien de tel pour célébrer la fête nationale Américaine que de se retrancher dans une salle de cinéma, qui peut être le seul moyen de survivre à cette Purge annuelle. Mais survivrez-vous à sa sortie DVD le 14 novembre prochain ? Retour sur la saga satirique.
American Nightmare ou encore appelé The Purge, est un film d’horreur sous couverture d’un vrai phénomène de société. Une façon inégalable de nous ouvrir les yeux sur la perversité et l’égoïsme de notre monde actuel. À l’heure où l’on sort son téléphone portable pour filmer l’horreur plutôt que d’alerter les secours, cette saga horrifique (de par son thème et non sa mise en scène) nous donne une bonne leçon de savoir vivre et nous interroge en nous posant les bonnes questions, comme a pu le faire le très bon Get out récemment.
Mais c’est quoi l’American Nightmare ?
C’est avant tout un sujet coup de poing et viscéral qui met le doigt sur tout un narcissisme naissant d’un monde en perdition. Une fois par an, toute activité criminelle, y compris le meurtre, est permise sans concession entre 19h et 7h du matin. Personne ne sera là pour vous aider, il n’y aura ni appel d’urgence, ni autorité, vous serez alors seul contre tous et c’est là que le cauchemar commencera. L’objectif : faire baisser le taux de criminalité en permettant à tous les citoyens de se purger et de répondre à leurs pulsions meurtrières au court d’une nuit.
Vous avez aussi le droit de ne pas agir et de vous barricader tout en reconnaissant cette journée en déposant, devant votre maison, un bouquet de fleurs bleues, symbole de neutralité et de non-engagement violent, à condition que l’on prenne votre avis en compte, ce qui n’est visiblement pas le cas de la famille Sandin dans le premier volet de scette satire politique.
Une saga politique sur fond de cadavres ambulants
American Nightmare
Le premier film s’attache au point de vue d’une famille huppée (Lena Headey, Ethan Hawk et leurs enfants) qui a les moyens nécessaires pour s’équiper d’un système de protection haute gamme, transformant alors leur maison en une forteresse a priori impénétrable dans une sorte de panic room les isolants du danger et de l’horreur gratuite du monde extérieur. Mais bien évidemment, si tout se passait comme prévu il n’y aurait pas de film.
Au-delà d’une mise en scène classique, en mode huit-clos entre Funny Game US et American Psycho, ce premier film éviscère à vif le concept effrayant de la Purge et pose, à juste titre, les questions de libre arbitre, de choix et de valeur qui peuvent s’appliquer à tous les individus, peu importe leur milieu social.
La vie d’un homme vaut-elle plus ou moins qu’une autre ? Où se trouve la frontière entre la violence et la cruauté, la bienveillance et la pitié, le bien et le mal, le droit et le choix quand on nous autorise l’action ultime ? On oublie de rationnaliser et c’est là tout le propos du film.
Cette loi qui donne ce droit d’exorciser tous ses démons, sa colère, sa jalousie, cette rage, cette violence de l’espèce humaine des uns envers les autres, donne-t-elle le droit de ne plus avoir le choix d’aider, de pardonner, et de faire ce qui semble juste ?
Cette purge change les lois de la sélection naturelle, elle en fait une sélection ciblée et discriminatoire et non rationnelle, mais heureusement, les gens sont prêts à se defendre pour cette liberté, ce libre arbitre nécessaire, trop souvent menacé au prix du hasard et excusé une fois par an par les autorités.
American Nightmare 2 : Anarchy
Ce deuxième volet est un peu moins radical et choquant que son prédécesseur, mais tout autant intéressant dans l’escalade de la violence, sans compromis. Le réalisateur change de point de vue en se consacrant aux plus démunis, des appâts de choix, plus vulnérables.
Le tout habilement embarqué dans une course poursuite dans les rues de la ville complètement désertée à l’occasion de cette purge annuelle, où l’on retrouve toujours ce droit de tuer, et ce droit au port d’arme tout court. Quelque-chose me dit que l’Amérique d’aujourd’hui doit avoir du mal à regarder ce film et se rendre compte de ses propres défauts…
American Nightmare 3 : Élections
Dans le troisième volet de cette Purge, le dilemme en cette nuit de massacre est de ne pas céder à la folie meurtrière et gratuite afin que celle-ci soit une bonne fois pour toute éradiquée du pays. Mme le sénateur, visant la présidence à venir, met un doigt sur la gachette d’honneur de ne point se soumettre à l’horreur de ses compatriotes afin de préserver son intégrité et celle de ses électeurs.
L’heure est à la survie diplomatique et plus politique que jamais et la nuit promet d’être longue pour que ses convictions tiennent jusqu’au bout et que l’électorat conservateur et affriolant du second amendement abdique.
American Nightmare 4 : Les Origines
Après avoir réalisé les trois premiers volets, le réalisateur James deMonaco s’est contenté d’écrire le script de ce quatrième opus qui revient sur les origines de la création de cette nuit macabre. Et même si le film est clairement le moins bon des quatre, il est néanmoins essentiel pour savourer encore plus, les origines d’une journée qui n’aurait jamais du voir le jour. Moins engagé politiquement que le 3e volet, il se revendique plus communautaire, donc beaucoup plus ciblé, ce qui enlève un peu le concept de la purge qui est de tuer aléatoirement sans distinction de couleur, de statut social.
Mais comme c’est la première purge, il faut bien commencer quelque part et c’est la communauté noire américaine des quartiers défavorisés qui va en faire les frais. Des situations affolantes qui ne sont pas sans rappeler quelques-unes d’aujourd’hui, où les pères fondateurs de la purge ressemblent à s’y méprendre aux suprémacistes blancs américains, qui malheureusement sont bien réels. La première affiche avec la casquette rouge rappelant un certain président Trump donnait bien le ton de cette purge. On aurait pu éviter des clichés évident, qui en 2018, n’aide pas l’histoire à évoluer, mais une chose est certaine, c’est qu’avec ce dernier volet, qui devrait en toute logique clôturer la saga, le rêve Américain prend un sacré coup.
Une série TV dérivée de la saga est également diffusée à partir du 4 septembre, signée la maison de production Blumhouse, spécialisée dans le cinéma d’horreur et qui a produit toute la franchise, ainsi que d’autres comme les Insidious, Paranormal activity, Sinister, Get out, Unfriended, Split…
Alors, d’où vient cette tradition d’une violence sans nom ? Réponse le 14 novembre 2018, en Blu-ray 4K, Blu-ray, DVD, ainsi que toute la quadrilogie en coffret Blu-ray et coffret DVD.