De la rentrée littéraire, on sait finalement peu de chose, à part peut-être qu’elle revient chaque année, en septembre. Quelles sont ses origines ? Comment est-elle née ? Quelle est son lien avec les prix littéraires ? Qui est sa petite sœur, la rentrée de janvier ? Autant de questions auxquelles on essaye de répondre, pour de bon !
Histoire de la rentrée littéraire
De quand date la rentrée littéraire ? Question difficile, si ce n’est insoluble. C’est en 1936 qu’un journaliste du Figaro emploie pour la première fois l’expression de « rentrée littéraire », mais déjà Ernest Renan l’avait conceptualisée en 1880. S’il est impossible de dater précisement sa création, seulement peut-on prendre acte de l’émergence progressive d’un phénomène.
À l’origine, la rentrée littéraire s’inscrit dans un phénomène plus large, celui des diverses rentrées culturelles, après un ralentissement, voire un arrêt des diffusions pendant l’été. Stéphane Mallarmé parle en 1874 de rentrée théâtrale, mais on pense aussi à la rentrée à l’Opéra avant même de parler de rentrée scolaire.
Et vinrent les Goncourt…
En France, les prix littéraires datent du XVIème siècle, mais c’est avec les frères Goncourt qu’ils ont pris l’ampleur que l’on connaît aujourd’hui. Annoncé pour la première fois en 1903, le Prix Goncourt a peu à peu structuré la production littéraire : les nouveautés paraîssent autour du mois de septembre, et les champions des éditeurs osent briguer le précieux sésame en novembre.
Prix Femina en 1904, Prix Renaudot en 1926, Prix Médicis en 1930… Les Prix se multiplient années après années, et on en compte aujourd’hui plusieurs centaines (la liste exhaustive est disponible sur Wikipedia).
Dans La foire sur la place (Tome V de Jean-Christophe, 1926) de Romain Rolland et Vient de paraître (1927) d’Édouard Bourdet, on mesure déjà la médiatisation et l’institutionnalisation de la vie littéraire. La publicité et les journaux littéraires gagnent en influence. Le quotidien Comedia dans l’entre-deux-guerres et Les Nouvelles littéraires organisent et relayent la production éditoriale. À partir des années 1960, des émissions comme Apostrophes, puis Bouillon de culture médiatisent plus encore la rentrée littéraire et l’on assiste à un accroissement de la production. 581 romans sont parus en septembre 2017 et 567 en 2018 : un nombre stable par rapport à la production habituelle de rentrée, qui tourne autour de 600 depuis plusieurs années.
Et la rentrée de janvier ?
Moins connue que la rentrée littéraire de septembre, la rentrée d’hiver tend néanmoins à gagner en amplitude avec les années. Pour la rentrée 2018, 498 nouveautés ont paru en librairie. Réservée autrefois aux auteurs prometteurs, mais pas encore « primables », la rentrée de janvier fait désormais aussi la place aux grands noms de la littérature. Par exemple, Olivier Adam (Chanson de la ville silencieuse), Frédéric Beigbeder (Une vie sans fin) ou Elena Ferrante (L’Enfant perdue) en janvier 2018. Rien que ça !
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Aller + loin : tous les prix littéraires de la rentrée 2017
Visuels d’illustration : Patrick Tomasso / Jez Timms