Elle était une musicienne humble et immensément talentueuse, une pianiste de renom et une pédagogue appréciée. La musicienne de jazz Geri Allen s’est éteinte le 27 juin à Philadelphie à l’âge de 60 ans.
Une femme de l’ombre
Il faut parfois un vide pour nous rappeler une présence. Le « départ » de Geri Allen a suscité une forte vague d’émoi dans le milieu du jazz. Beaucoup de jeunes musiciens, comme Craig Taborn, Vijay Lyer ou Jason Moran, ont tenu à saluer la mémoire de cette femme discrète mais dont l’influence fut indéniable. Née en 1957 à Pontiac, Geri Allen a étudié la musique à Detroit. Au fil de sa carrière, elle est devenue une artiste de renom, une femme hautement respectée dans un milieu encore très masculin. Grande connaisseuse de la Great Black Music, elle laisse derrière elle une œuvre protéiforme et passionnante, toujours en mouvement.
Entre reconnaissance et collaboration
La musique de Geri Allen a traversé tout le spectre de la musique noir américaine. Depuis le clavier de son piano, elle s’est intéressée à tous les genres, sans jamais trahir son originalité. Pour beaucoup elle restera un membre du fameux collectif expérimentale M-Base. Un groupe dominé par la forte personnalité de Steve Coleman, mais dans lequel Geri Allen a su imposer sa patte, fine et audacieuse. Ses prestigieuses collaborations sont à la hauteur de son talent. Elle a ainsi joué avec le saxophoniste Charles Lloyd, le contrebassiste Charlie Haden, le percussionniste Paul Motian ou encore le légendaire Ornette Coleman. Mais sa carrière solo, moins en vue, s’est avérée tout aussi voire plus impressionnante encore. Chacun de ses disques a suscité l’admiration de ses paires qui voient en elle une musicienne hors pair. De son premier album The Printmakers en 1984 à des œuvres charnières comme Twenty One en 1994 ou Flying Towards The Sound en 2010, Geri a tracé son sillon, calmement et sereinement.
Transmettre et étudier
Véritable mémoire vivante de la musique noire américaine, Geri Allen doit son savoir à son insatiable curiosité et à son amour des études. Diplômée d’ethnomusicologie, elle a ainsi enseigné à l’université du Michigan, New York et dernièrement à Pittsburgh. Férue d’histoire, la musique n’était pas pour elle un art figé, mais une matière ô combien vivante et palpitante qui vient, malheureusement, de perdre l’une de ses plus ardentes porte-paroles. Les hommages divers montrent à quel point elle aura su marquer de son empreinte son époque et les esprits. Farewell, Geri !